Chapitre un

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 Il pleuvait.

J'adorais la pluie, d'ordinaire. Mais, pas aujourd'hui. Il y avait quelque chose d'étrange dans l'air, comme un sentiment de solitude. Tout semblait si sombre que cela m'inquiétais presque.

Oh, et il faisait terriblement froid.

Je serrais les pans de ma veste contre moi, les yeux fixés sur le triste spectacle qui me faisait face. J'avais l'impression que la terre avait cessé de tourner depuis quelques secondes, et que le temps était suspendu à ce qu'il se passait ici.

J'étais policière depuis cinq longues années. Et j'étais excellente à mon travail, spécialisée dans les meurtres. Deux ans plus tôt, j'avais même reçu la promotion que j'attendais tant. Au service pour les affaires surnaturelles. Après l'accident, on m'avait proposé de résigner. J'avais refusé. 

Pourquoi voulais-je tant travailler là ? Sur papier, par soucis de justice et parce que quelqu'un devait le faire. En réalité ? Parce que je n'avais jamais oubli ce qu'il s'était passé le soir de l'incendie. 

À cette pensée, l'air parut devenir encore plus froid. Je frottais mes bras, et malgré le tissus qui les recouvrait, j'étais parfaitement capable de sentir les cicatrices qui lézardaient ma peau. Rappel constant de ce qui m'était arrivée. 

J'avais consulté de nombreux thérapeutes, jusqu'à essayé l'hypnose. On m'avait dit que j'hallucinais, que les vapeurs de fumées causaient cela. Alors, éventuellement j'avais cessé de parler de ce qui s'était réellement passé.

Quelqu'un m'avait sauvé la vie. Quelque chose

— Inspectrice Slyrander ? entendis-je.

La voix qui venait de s'adresser à moi me sorti de mes pensées. Je fus projetée de retour ici. Dans ce petit appartement. 

Nous nous trouvions dans l'un des quartiers à risque de New York. Dans un immeuble délabré. La moisissure recouvrait les murs, sans toutefois cacher les fissures qui les lézardaient. Une odeur horrible empestait le couloir.

Mais, je savais très bien d'où elle provenait.

— Park, saluais-je mon collègue.

Les joues de ce dernier prirent une couleur rosée tandis qu'il m'encouragea à entrer dans un petit appartement. 

Sans surprise, l'odeur s'intensifia. 

— Je te préviens, me dit-il. C'est... Graphique.

J'hochais la tête pour lui signaler que j'avais compris.

Je connaissais Thomas depuis des années. Nous nous étions rencontré à l'école, et éventuellement nous nous étions retrouvés à travailler pour la même division.

Il était d'origine coréenne. Ses parents avaient immigré ici quelques mois avant sa naissance, et avait tout fait pour s'intégrer. Je savais qu'il portait son héritage avec beaucoup de fierté. Park n'était pas très grand, il faisait tout juste ma taille. Ses cheveux autrefois longs étaient désormais rasés courts, j'ignorais pourquoi.

— À ce point là ? demandais-je.

Il me regarda tristement.

Il y avait beaucoup de monde. D'ordinaire, une scène de crime grouillait déjà. Mais celle-ci était si particulière, qu'elle avait attiré l'attention de toutes nos équipes. 

J'enfilais les gants qu'une collègue me tendit, tout en protégeant mes chaussures et mes vêtements pour des raisons stériles.

— Est-ce qu'ils sont sûrs ? me demanda-t-il.

— Pardon ? 

— Que ce sont des...

Il y eut un silence.

— Mages, terminais-je pour lui. Presque sûrs, oui. C'est pour ça qu'ils m'ont mis à la tête de cette enquête. Tu sais comment ils sont, ils essayent de régler ce genre d'histoire discrètement et rapidement.

— Bon courage pour garder celle-ci sous silence.

Nous arrivons finalement dans la chambre, scène de crime. L'appartement était exigu, mais toute la lumière semblait attirait par l'horreur qui avait lieu sur le lit.

Je retins difficilement un haut le coeur. Tout autour de moi sembla devenir soudainement... Silencieux, vide. Le pire dans les meurtres étaient toujours l'odeur putride du corps. Mais, il y avait encore pire aujourd'hui.

Quelque chose que je n'arrivais pas à déterminer.

La victime était un homme. Environs la quarantaine, en tout cas, c'est ce que j'imaginais au vu du corps. Car, la tête était introuvable. Son corps gisait là, coupé nettement. Comme par magie.

— D'accord, soupirais-je.

Je fermai les yeux une seconde, pour reprendre mes esprits. New York était une ville où la violence faisait rage, et j'avais vu des choses horribles. Mais ce qui me faisait face... C'était l'un des pires de ma carrière.

— Encore sûre que tu veux l'affaire ? me demanda Park.

— Malheureusement, oui.

D'autant plus que j'avais une idée de ce qu'il se passait ici.

Moi et mon équipe commencions à reconnaitre un motif dans les derniers crimes de la sphère de l'ombre. Comme si quelqu'un cherchait à réaliser une sorte de... Rituel morbide. Pour quoi ? Je n'en n'avais aucune idée.

La police se refusait profondément à embaucher des mages, les jugeant instables et indignes de confiance. Cependant, certains d'entre eux acceptaient de travailler avec nous. Et aujourd'hui, plus que jamais, j'avais besoin de l'aide de l'un d'entre eux.

Quelques jours auparavant mon patron m'avait parlé d'une possible mission sous couverture, pour chercher des indices sur la série de meurtre qui se déroulait sous nos yeux. Au début, j'avais refusé l'idée. Mais aujourd'hui, nous n'avions plus le choix.

Il était évident que quelque chose de plus grand que nous se déroulait. Et quoi que ce soit, je devais le découvrir avant qu'il ne soit trop tard.

— Envoyez moi tout les résultats de laboratoire, toutes les informations. Je veux tout, dis-je à Park.

— Bien sûr, Jade.

Puis je relançai un regard désespéré au corps, ou du moins ce qu'il en restait. Une étrange réalisation naquit au fond de moi. Pour résoudre ces affaires, j'allais devoir entrer en terre ennemie. Traiter avec les mages était dangereux, et je savais que mon supérieur ne voudrait envoyer personne d'autre que moi.

Un espoir me submergea également. Celui de pouvoir enfin comprendre ce qu'il m'était arrivé. Car je ne pouvais me débarrasser de l'impression que...

D'une façon ou une autre, tout était lié. 

Déchéance [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant