Chapitre 19

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- Cousine, j'ai besoin de toi. Tout de suite ! m'annonce mon cousin.
- Mais je...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, ni même ma discussion avec Alex que Willie me prend la main et m'emmène à l'extérieur du garage, voire même devant le portail de la maison de Julie.

- William Arthur Lewis, c'est quoi le truc ? je lui demande.
- Rien du tout, j'ai juste envie de faire du skate avec toi comme au beau vieux temps, il me sourit calmement comme s'il venait juste de me demander l'heure.
- J'ai même pas mon skate imb... pas le temps de finir que mon skate apparaît dans mes mains.
- Tu vois, toi aussi tu en as envie. Même fortement envie !

Il me sourit en rigolant et on part rouler sur la route. J'oublie complètement que l'on était avec le groupe il y a seulement cinq minutes ! Les cheveux au vent, le son des roues sur le gravier : tout ça m'avait un peu manqué comme sensation ! On fait que rouler et encore rouler jusqu'à la plage où l'on se pose. Willie fait encore le guignol : il allume les phares des policiers qui s'occupe de deux jeunes, éclabousse des personnes qui n'ont rien demandé,... bref il fait n'importe quoi ! On va dire que je le suis dans toutes ses bêtises aussi ! C'est le bon vieux temps tout ça : on ne pense pas aux devoirs que l'on a à faire pour le lendemain, juste à passer du bon temps. Juste à apprendre à vivre ! Est-ce que c'est ça se sentir vivant ? S'épuiser jusqu'à entendre son coeur jusqu'à ses oreilles ? S'épuiser jusqu'à en exploser ses poumons ? S'épuiser jusqu'à en avoir mal aux joues ? Si c'est ça, je ne veux surtout pas qu'il reparte ; ce bonheur de se sentir vivant !

- J'en peux plus, j'ai plus de poumons là, je soupire en m'allongeant dans le sable fin de la plage afin de regarder les nuages dans le ciel.

Mon cousin rigole et s'allonge à côté de moi en essayant de reprendre une respiration à peu près normale. Le sourire que j'ai depuis que je suis remontée sur le skate en partant de chez Julie ne m'a toujours pas quitté.

- Ce nuage là, on dirait trop un chien, me dit Willie en montrant le nuage en question du doigt.
- J'aurai plutôt dit un renard. Oh putain ! Le bateau du Capitaine Crochet, je m'exclame en voyant le nuage.
- Meuf, c'est trop ça ! Manque plus que Peter Pan et Clochette.

On continue de deviner les dessins qui se cachent derrière chaque nuage sans se soucier du temps qui passe. C'est assez drôle et ça fait passer le temps !

***

Masque sur le nez, bombe à la main : on dessine sur un grand mur gris proche de l'Orpheum. La nuit est noire et personne n'est présent dans cette rue. Ou, en tous cas, les seules personnes que l'on croise sont trop alcooliques pour comprendre quoi que ce soit ! Je me demande même comment ils font encore pour marcher, voir même être debout.

- J'ai jamais imaginé que l'Orpheum nous passerait une commande, j'avoue à mon cousin.
- S'ils savaient, heureusement que l'on a dit que l'on travaillait seulement de nuit, rigole Willie.
- C'est Flynn qui a transmit le message idiot, je souris.
- Ouais, parce qu'elle a décidé de créer une page Instagram en plus de celle du groupe.
- Elle est trop à fond cette fille. Je suis fatiguée dès que je la vois.
- Je suis sûr que t'aurais été capable de sortir avec elle si tu l'avais connu avant, me dit mon cousin.
- En soit, t'as raison ! Elle a un bon style, un caractère solaire et tout.
- Tout le contraire de Camille ?
- Euh... ouais, je dis en me rendant compte de ce détail. C'est vrai ça !

Je n'y avais jamais vraiment pensé avant : c'est vrai que si j'avais connu Flynn durant mon vivant, j'aurai peut-être tenté quelque chose avec elle. Maintenant que Willie vient de mettre le doigt sur la différence de caractère entre la blonde et le Dj de la bande, je me demande comment j'ai fait pour sortir avec Camille. Certes, elle est jolie avec de belles formes ! Cependant, je me rends compte qu'il ne faut pas sortir avec une personne juste pour son physique mais pour la personne qu'elle est à l'intérieur. C'est le plus important !

- Tu sais quoi cousin ? je lui demande.
- Hum ? dit-il pour dire que j'ai toute son attention.
- On devrait arrêter de réfléchir à savoir si oui ou non on devait sortir avec telle ou telle personne, mais foncez sans se poser de question.
- Tu vas sortir avec lui ?
- Qui te dit que je vais sortir avec Reggie ?
- J'ai jamais parlé de Reggie.

Je le regarde en me rendant compte de ma sottise, je me suis faite griller toute seule. Je sens que mes joues rougissent derrière le masque ce qui me rassure un peu en sachant que mon cousin ne peut pas voir.

- Je sais que tu rougis derrière ton masque, m'avoue Willie.
- Hein ? Mais...
- Je te connais par coeur cousine. J'ai su directement que tu pinçais pour Reggie, je pense même que je l'ai su avant même que tu ne le saches toi-même.
- Et dire que ça fait flipper certains que l'on se connaisse si bien, je dis en me rappelant de certains moments à l'école.

Willie rigole et on continue de taguer le mur en nous remémorant certaines anecdotes de notre vie d'avant. Je sais que ça ne fait que quelques semaines que je suis morte, voire même que deux ou trois mois ou peut-être plus. J'ai arrêté de compter dès la première semaine, mais j'ai l'impression que ma vie de solide remonte à des années.

***

Sur le trottoir dans face, on peut voir le gérant de l'Orpheum très content de l'oeuvre présent sur son mur. Il ne fait que sauter de partout ! Une vraie sauterelle !

- Il est un peu surexcité, tu ne trouves pas ? Il devrait faire attention de ne pas trop s'essouffler, je dis à mon cousin.
- Il montre juste sa joie, c'est tout. Tu devrais essayer un jour cousine !
- Hahaha ! Très drôle cousin ! Je retiens, je retiens.
- Dis, t'es pas occupée ce soir ? me demande Willie.
- Tu veux que je fasse quoi ? Je ne sais même pas ce que je fais dans la journée et tu veux déjà que je sache ce que je fais ce soir, je rigole.
- Hahaha ! Très drôle cousine ! Je vais prendre ça comme le fait que tu n'as rien de prévu. Du coup, ce soir au garage, d'accord ? Et tu ne rentres pas dans le jardin sans moi !

J'approuve d'un signe de tête et repose mon regard sur le trottoir dans face : de plus en plus de personnes s'arrêtent devant le nouveau dessin présent sur le mur. Ils ont l'air assez contents du résultat que même des gens se prennent en photo avec ! Les touristes ! Ils mitraillent vraiment toute la ville.

- Ça te dérange si je ne passe pas la journée avec toi ? J'ai promis à quelqu'un de la passer avec lui, m'annonce mon cousin.
- Dis plutôt que tu t'es réconcilié avec Alex et que vous allez rester que tous les deux, je déclare en souriant.
- Euh... ben... je...
- Écoutes, je suis content pour vous deux. Vous méritez d'être heureux ensemble ! C'est vraiment cool ce qui vous arrive, essayez de ne rien foirer cette fois.
- Dis plutôt que tu ne veux plus être notre intermédiaire aussi, rigole mon cousin en ébouriffant mes cheveux.
- Pas touche à mes cheveux ! Et puis au moins je pourrais arrêter de vous courir après, j'avais pas envie de faire un marathon, je sourie en remettant mes cheveux correctement.
- T'auras plus à le faire !

Willie pose son skate au sol, met son casque sur la tête et commence à partir pour rejoindre le blond mais s'arrête dans sa course à seulement quelques mètres.

- Cousine, parle avec lui ce soir. D'accord ?

Je secoue positivement la tête avec un petit sourire qu'il me rend et il s'en va dans la foule de la population. C'est vrai que ça serait bien que l'on se parle tous les deux, j'ai pu m'expliquer avec tout le monde... sauf avec lui ! Peut-être parce que j'avais trop de rancoeur envers lui ou plutôt envers moi-même. Je sens que Willie ne voudra pas que je retourne au garage de Julie donc il faudra que je m'occupe jusqu'à... jusqu'à je ne sais pas quand. Je ne sais pas ce qu'il compte faire ce soir mais je n'ai pas forcément le choix ! Même si je lui avais posé des questions, il ne m'aurait même pas répondu.

How I became a PhantomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant