Chapitre 3

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Ces cours sont toujours autant soignés : son écriture, les couleurs, tout est parfait ! Elle a toujours été meilleure que moi en cours ; j'étais dans la moyenne de la classe, mais je préférais la musique à l'école. La seule place vide dans cette salle est la mienne : je ne remettrais plus jamais les pieds ici ! J'ai toujours rêvé de quitter le lycée pour vivre mon rêve et là, je l'ai quitté, mais je ne ressens que de la tristesse en regardant ce siège vide à côté de Camille.

- Nickie ! Tu viens, il faut que l'on y aille. J'aime pas trop cet endroit !

Je suis mon cousin à l'extérieur de la salle de classe en traversant la porte comme si c'était tout à fait normal.

- Tu sais, je crois que je m'y ferais jamais complètement à cette vie, j'avoue à mon cousin. Je crois que j'aurai aimé directement passer de l'autre côté.
- Ne jamais être devenue un fantôme ? C'est ça que tu veux dire ? demande mon cousin en roulant sur son skate.
- Ouais ! Il y a des côtés sympas et cools mais, j'ai l'impression que ça nous fait plus mal qu'autre chose.
- Je dirais que ça dépend du point de vue.
- Du point de vue ? je suis assez perplexe par ce qu'il va encore me sortir.
- Oui. Ce que je veux dire, c'est que là tu vois que le côté négatif du fait d'être un fantôme. Tu t'es disputée avec ta copine, enfin ex-copine. T'as pas pu avoir une discussion avec elle et ça te fait souffrir parce que tu pourrais en avoir une mais t'es un fantôme et elle te voit pas. Sauf que tu pourrais faire quelque chose pour arranger ça !
- Et ça serait quoi ? je demande un peu sur la réserve n'ayant pas du tout confiance en l'idée de mon cousin.

***

La salle de musique du lycée de Julie ! Whaou ! Si seulement j'avais eu ça dans mon lycée ! Pour eux, ça ne servait à rien d'avoir une option musique. Ben oui, ils ont l'option street art ; ce qui est cool en soit ! Je me rappelle qu'avec Willie on adorait y aller et, dès la sortie des cours, on allait dans notre endroit secret pour réaliser nos créations en chantant et en dansant. C'était notre moment rien qu'à nous deux : on pouvait juste s'asseoir aussi ! Je me rappelle même que l'on y a déjà passé plusieurs nuits ! C'est notre chez nous ! Je fais le tour de la pièce en frôlant chaque objet, chaque instrument que je vois.

- C'est ça que tu cherches ?

Je me retourne vers mon cousin et il tient l'instrument qui m'a fait aimer la musique il y a déjà quelques années : un violon ! Je le prends de ses mains et le pose sur le piano. J'ouvre la sacoche doucement pour enfin voir l'instrument accompagné de l'archet. Il est intact ! J'ose à peine le toucher, ça fait tellement longtemps que je n'y ai pas joué.

- Il faut que t'y joue Merry, ça va te libérer.
- Je sais même pas si j'en suis capable, ça fait...
- Depuis ma mort, je sais.

Je ne fait qu'effleurer l'instrument ; je n'arrive pas à le toucher mais, je ressens le besoin d'exprimer mes émotions comme une vague qui se brise sur le sable. Je prends le violon entre mes doigts ainsi que l'archet, je cale l'instrument dans ma nuque et me prépare à jouer. Je ferme les yeux et sens un bien-être inexplicable m'envahir. Les notes viennent toutes seules et se suivent pour former une mélodie. J'ai toujours adoré les musiques de Lindsey Stirling : ses musiques, ses mouvements, le fait qu'elle arrive à faire ressentir une émotion et une histoire sans avoir besoin de mettre de mots ! Juste jouer du violon. Je ne ressens pratiquement rien, j'oublie tout : il n'y a que de la tristesse et de la colère pour ce que j'ai vécu et ce que je vais vivre. Je ne sais plus à qui j'en veux ! À moi ? À Camille ? À Willie ? À Julie ? Au fantômes ? Tellement de personnes !
Les dernières notes terminent de résonner dans la pièce et je me permets d'ouvrir les yeux. Je repose délicatement le violon dans la sacoche et lève les yeux vers mon cousin : il a pleuré comme moi ! Je crois que l'on est tous les deux autant perdus l'un que l'autre ; je le crois pas, j'en suis sûre !

How I became a PhantomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant