Chapitre 25

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Retour à la réalité... malheureusement ça devait arriver. Voilà pourquoi je hais les réseaux sociaux...

J'ai fait la terrible erreur de me connecter a mon compte pour voir mon énorme liste de notifications. Ce n'était pas la meilleure des idées franchement.

Sur ma dernière publication, j'ai eu beaucoup de retours. Autant certains très positifs venaient de cavaliers qui attendaient mon retour avec impatience, autant d'autres étaient beaucoup moins sympa. J'ai eu droit à des messages du genre "Tu casses tout ce que tu touches", "Ne reviens jamais sur les pistes. Tu n'y as plus ta place.",... et je vous en passe des pires et des meilleurs.

Disons que ça fait mal de lire ça. Surtout que je me sens toujours responsable de cet accident même si, pour une fois, je n'y suis vraiment pour rien si un véhicule a percuté notre bus... Je fais toujours énormément de cauchemars de cet accident et suis incapable de monter dans une voiture sans paniquer... cela fait pourtant quelques mois déjà...

Je sors voir Ibiscus et reste à son box. Je ne rentre pas de la journée. Je ne sais même pas dire quand ni si Marie est partie. Je veux être seule pour oublier... oublier les mots qui blessent, oublier les événements, oublier les gens.

Dans l'après-midi, je décide de monter un peu. Je prends mon temps pour préparer mon fidel cheval. Je ne veux pas que quelqu'un me voit faire. Je veux juste passer un moment d'évasion avec mon cheval. Juste lui et moi. Je le selle, mets mes affaires et le bride. Je me mets en selle et laisse Ibiscus marcher tranquillement. Après dix minutes, je commence a chercher le contact que mon cher cheval accepte immédiatement. Nous travaillons aux trois allures en cherchant la décontraction et la confiance. Au galop, je peux le dire j'ai laissé tous mes soucis derrière moi et j'ai pris une vraie bouffée d'oxygène.

Les semaines passent avec leurs joies et leurs larmes. Le travail avec Ibiscus paye et notre lien revient complètement quand je suis en selle. J'ai repassé quelques petites barres. On va enchaîner aujourd'hui pour la première fois. On ne va pas aller trop haut. On va tourner sur 85cm environs a mon avis. C'est Marie qui vient me mettre les barres. A l'école, j'ai raté mentalement quelques cours suite aux publications et à des problèmes dans la classe. En gros, j'étais là physiquement mais le mental était à des kilomètres. Je vis une période très difficile mais heureusement Ibiscus est là.

Je tente de cacher au maximum mes sentiments. Je ne veux plus que les gens puissent m'atteindre. Je ne veux plus donner aux autres des armes pour me blesser. Je suis obligée de fonctionner ainsi si je veux espérer aller mieux. Je ne vois pas d'autre façon. Je n'en parle a personne. Même mes parents ne savent rien. Je ne veux pas le leur dire. Ils ne pourront rien y faire et me diront que c'est ma faute.

Je passe la journée en cours et attends avec impatience qu'il soit 16h20 pour partir et aller chez Ibiscus. Lui seul sait ce qui se passe dans ma petite tête. Lui seul me connaît vraiment. Lui seul sait quand ça ne va pas. Lui seul peut me remonter le moral.

La journée a été éprouvante aussi bien physiquement que mentalement. C'était un de ces jours où tous les maux reviennent et les fantômes vous hantent. A midi, j'ai perdu mes moyens et je suis sortie du bâtiment en larmes. J'ai voulu éviter tous les adultes qui m'adressaient la parole. Marie, elle-même, n'a pas pu savoir ce qu'il se passait. Elle le verra ce soir en me mettant les barres. Je ne saurai pas le cacher à ce moment-là.

A 16h20, je fuis le bâtiment et vais attendre Marie un peu plus loin. On a décidé de rentrer en vélo chez moi. Je sais donc que le trajet sera silencieux, ce qui m'arrange.

On finit par arriver chez moi et on va se changer dans ma chambre. Mes parents sont encore absents. Je ne sais pas où ils sont, mais tant mieux qu'ils ne soient pas là.

- Clem?

- Oui?

- Tu veux de l'aide pour préparer ou je vais mettre les barres?

- Va mettre les barres. J'arrive dans cinq minutes.

J'attrape Ibiscus, enlève sa couverture, passe un coup de brosse puis le selle. J'opte pour son ensemble orange Lami-Cell et sa martingale basique. Je décide de ne pas lui mettre de double muserolle vu que c'est la première fois qu'on resaute. Je veux le laisser avec un peu plus de liberté. Je mets mon gilet de protection, ma bombe, mes bottes, mes gants et ma veste antipluie. Je ne prends ni cravache ni éperons. On va y aller tranquille.

Je commence à détendre pendant que Marie règle quelques distances sur le dispositif. Ibiscus paraît bien en forme et à l'écoute. Il a l'air heureux de revoir les barres. Je pense qu'on va bien s'amuser.

Après vingt minutes de détende aux trois allures, je le laisse souffler pour commencer à sauter. On commence par une simple ligne de cavaletti pour régler la foulée et les abords. J'essaye de rester à ma place, d'attendre mes sauts et de voir ma distance. A part quelques distances qu'Ibiscus me sauve, le reste passe bien. Je n'ai pas l'air d'avoir trop perdu.

Je laisse souffler mon fidel ami. Comme il a arrêté de pleuvoir, j'enlève ma veste. En plus, je commençais à avoir fort chaud.

- On fait un parcours?

- Si tu penses que ça peut passer. Je te fais confiance Marie.

- Ok! Alors c'est parti! Tu viens sur le vertical multicolore. Tu enchaines avec le double de verticaux en une foulée longue ou deux courtes comme tu le sens. Oxer orange sur la ligne brisée. Demi-tour vertical gris. Ligne brisée l'oxer montant bleu et vert. Virage à gauche. Oxer sur bidet suivi de la ligne brisée sur le vertical vert et blanc.

- Amai! Quel parcours!

- Digne pour retourner au concours tout de suite après si tout se passe bien. Il y en a un le week-end prochain avec un bon chef de piste. J'ai déjà obtenu l'accord de tes parents.

- Ah...

Ça me met bien la pression tout ça. J'ai envie de tout faire parfaitement. Du coup, j'ai la boule au ventre. Le parcours est monté aux cotes. On est déjà sur un bon 85cm. Pour une reprise, c'est bas par rapport à ce qu'on faisait avant. Mais ça me paraît tout de même énorme.

- Marie? Tu peux filmer s'il te plaît?

- Yep!

Je lance Ibiscus au galop, demande un changement de pied en l'air puis me dirige sur le numéro un.

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