Chapitre 5

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Je suis dos à cette porte. Je ne veux pas savoir qui de mes parents a osé entrer pour venir me déranger.

Je sens qu'on m'observe. Des pas s'approchent dans mon dos. Une main se pose sur mon épaule et j'entends un souffle contre mon oreille.

- Ça va Clémence. Ce n'est que moi.

Je ne reconnais pas directement la voix. Je suis donc obligée de tourner mon siège. Dans l'entre-bâillement de la porte, il y a Léa et sa famille ainsi que ma mère.

- Nous sommes venus te dire au revoir, me dit Léa.

- Ah... Au revoir.

- On se voit lundi.

- Euh... Oui.

- Cool a lundi - et elle sort.

Ses parents la suivent. Les miens entrent dans mon espace privé. Mon père s'assied sur mon lit alors que ma mère prend place à mon bureau. Je n'aime pas du tout ce genre de réunion de famille et le silence qui précède me donne froid dans le dos.

- Clémence, il faut qu'on parle. On ne comprend plus tes réactions. Avant, tu aurais été contente de voir des gens. Aujourd'hui tu cherches à t'isoler par tous les moyens. Tu te tiens même à l'écart de nous. Avant on était si proches. Ça nous fait mal à nous aussi tu sais ce qui t'arrive. Tu es notre seule fille et voilà que tu ne pourras pas réaliser tes rêves. Tu ne l'as peut-être jamais remarqué mais nous étions tout le temps là à t'encourager. Dans chaque moment important de ta vie, nous étions là parmi les autres à te regarder et prier pour que tu réussisses, me dit mon père la larme à l'oeil.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai du mal à y croire. S'ils avaient été là ils seraient venus après me voir non? Pourquoi être restés cachés?

- Pourquoi n'êtes-vous jamais venus après une compétition me féliciter?

- Nous n'osions pas. Nous avions peur que tu ne nous remballes.

- Voilà bien la preuve que vous ne me connaissez pas. Je me suis toujours sentie à l'écart lorsque les parents de mes amies venaient les féliciter. Pour moi, il n'y avait jamais personne pour me dire qu'ils était fier de moi. C'était toujours ma coach. Jamais personne ne m'a encouragée. Je ne vous ai jamais vu avec les autres parents dans les gradins.

- Pourtant nous étions là. Tiens, me dit ma mère en me montrant son téléphone.

Je le prends et regarde la photo. Il s'agit de moi et Ibiscus. Nous étions sur le parking pour aller au paddock avant la finale par équipe. J'étais heureuse de mon premier parcours. Nous avions survolé les difficultés comme le reste de l'équipe et étions à ce moment-là en tête. Le deuxième tour c'était tout aussi bien passé pour nous. On finissait même premières devant l'Allemagne et l'Angleterre. C'était notre première si belle victoire à ce niveau.

- Tous les parents sont venus nous féliciter et fêter avec nous le soir. Ils étaient tous là sauf les miens. Les filles étaient avec leurs parents et les professeurs entre eux. Je me suis retrouvée seule toute la soirée. C'est pour ça que maintenant je m'isole. Au moins, je suis sûre de ne plus être déçue par les gens.

- Mais enfin Clémence, les gens ne sont pas tous comme ça. Si nous avions su, nous serions aussi venus.

- C'est ça.

J'en ai assez de parler avec eux. J'ai l'impression de parler à deux murs. Ils ont leur idée et c'est tout. Ils ne s'occupent pas de ce que je pourrais ressentir. Ils voudraient que je sois une gentille fille qui les écoute et qui fait ce qu'ils veulent. Mais moi, je ne suis plus comme ça. Ils n'ont jamais été là quand j'avais besoin d'eux. Comment peuvent-ils ne fusse que espérer que je les écoute alors qu'ils ont toujours été contre mes idées?

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