Chapitre 2

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Cette semaine d'hôpital fut horriblement longue. Tous les jours, je n'avais le droit de sortir que pendant dix minutes en chaise roulante accompagnée d'une infirmière. Tout le monde était aux petits soins avec moi et essayait de me faire sourire. Bref vraiment tout ce que je déteste.

Le pire jour fut le jeudi lorsque je regardais mes mails. J'en avais reçu un du staff équestre. J'étais sélectionnée pour participer au stage d'été. Je n'ai pas osé leur répondre que je ne pouvais plus monter. J'espère toujours que les médecins se trompent même si, en soi, je serai peut-être encore en fauteuil lors du stage.

Ce matin, je me suis levée de bonne humeur pour la première fois depuis longtemps. Cela doit faire plaisir aux infirmières.

Aujourd'hui, je leur souris et parle. Elles m'aident à faire mon sac qu'elles placent sous ma chaise. Ensuite, je me soulève et me déplace dans ma chaise.

C'est le grand jour. Je peux enfin partir. Hélas, cela signifie également que ce sont mes derniers moments avec mes amies. Demain matin, mes parents viennent me chercher avec mon cheval et, dans une semaine, je reprends les cours.

Je ne sais pas trop comment mais les filles de l'école sont arrivées et m'ont sortie de la chambre. J'arrive en bas et il y a le bus ainsi qu'une voiture. Ma coach s'approche et m'ouvre la portière de sa voiture. Elle veut m'aider mais je refuse. Je veux me prouver que je suis autonome. Je parviens tant bien que mal à me hisser à l'intérieur. Ma coach plie la chaise et la place dans le coffre avec mon sac.

On prend la route et nous suivons le bus. Au début, je suis plutôt silencieuse. Mais le silence se brise assez facilement lorsque nous parlons de sport.

— Et alors ma Clem' tu retrouves un peu le moral?

— Pas du tout. Je suis contente d'être sortie mais me dire que demain je pars du pensionnat ça me fait mal. Je n'ai pas envie de quitter et tout abandonner.

— On se verra souvent. Ne t'inquiète pas. Tu sais à quel lycée tu vas?

— Lycée Maria Assumpta. J'ai fait des recherches et les photos ne me font pas envie.

— C'est sur Laeken non?

— Oui.

— Je connais quelques professeurs là-bas. D'après eux, c'est bien. Tu ne vas pas être dépaysée au niveau de l'exigence.

— Ah...

— Tu as déjà ton horaire?

— Je l'ai eu par mail.

— Tu me le montres tantôt? Comme ça je vois si je connais tes professeurs.

— D'ac'.

Nous arrivons au pensionnat. Je veux descendre directement et marcher mais je me souviens que je ne peux pas et m'arrête juste à temps.

Je patiente jusqu'à ce que la coach arrive avec ma chaise. Je me soulève et me laisse tomber dedans.

Cela fait à peine une semaine et déjà ce fauteuil m'énerve. Je ne peux vraiment rien faire. Je n'ai aucune indépendance. Je suis libre de rien et en prime je ne passe même pas partout.

Toutes les filles arrivent en même temps avec mes anciens professeurs. Elles parlent toutes simultanément mais je ne les écoute pas et me dirige vers les écuries. Je veux aller voir mon cheval, Ibiscus. Il est aussi heureux de me revoir que moi de le retrouver. Il m'avait manqué.

J'entre dans son box et suis vite rejointe par les autres cavalières qui vont se préparer pour leur cours. Je n'ai qu'une envie: les suivre. Hélas, je n'ai pas le droit. Je reste donc cachée dans le box et attends qu'elles soient sorties pour pouvoir pleurer en paix. Je suis vraiment de plus en plus émotive.

Ibiscus vient mettre sa tête contre moi et reste ainsi jusqu'à ce que je retrouve mon calme. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi mais lorsque je sors, il fait nuit noire.

Je roule vers le bâtiment et pousse la porte pour entrer. Il n'y a pas un bruit. J'essaye d'être silencieuse, mais, avec ce fauteuil, c'est peine perdue. Je passe devant la salle des fêtes, mais fais demi-tour après l'avoir dépassée ayant entendu du bruit à l'intérieur.

Je toque. La porte s'ouvre. Il fait noir dans la pièce. Je m'avance un peu. La porte se referme et la lumière s'allume en un coup. Tout le monde est dans la pièce. Ils ont des cadeaux et des banderoles. La salle est encore mieux décorée que pour notre bal de l'an passé. Je suis très touchée par l'attention.

— À toi Clémence qui va trop nous manquer!, crièrent toutes les filles en même temps.

Je ne trouve pas les mots. Je suis émue. Je ne m'attendais absolument pas à ça. Mes yeux me piquent. J'avance pour aller les rejoindre. Elles viennent toutes autour de moi pour faire une photo souvenir. Il n'y a que ma monitrice qui vient avec nous au niveau des professeurs.

Pour le reste de la soirée, la musique est à fond et on s'amuse toutes. Ma dernière soirée ici aura vraiment été inoubliable. Je chante et rigole avec tout le monde. Je ne me sens pas différente avec mon fauteuil et les filles ne me le font pas non plus ressentir. Il n'y a aucune d'entre elles qui va danser préférant rester à papoter. C'est vraiment ça que j'apprécie chez elles. Elles sont toujours là pour moi. Nous restons soudées même dans les moments les plus durs.

Minuit sonne. Nous éteignons la musique et rangeons un peu la salle avant de monter dans nos chambres respectives. Je partage la mienne avec Soleine. C'est ma dernière nuit ici. Je compte bien en profiter pour parler de tout et de rien avec elle. Personnellement, je sais qu'elle récupère le rôle de capitaine de l'équipe.

— Ça fait bizarre de se dire que c'est la dernière fois qu'on est ensemble. Se dire qu'après ton départ de demain je devrai partager ma chambre avec une autre fille. Ce ne sera jamais la même chose.

— C'est horrible j'avoue. Mais dis toi que tu seras encore avec le reste des filles. Moi je vais dans un autre lycée où je ne connais personne. En plus, je débarque en chaise roulante pour le premier jour de cours de janvier. Je n'ai pas suivi le premier semestre. Comment veux-tu que je me fasse accepter? Je serai à part ne pouvant pratiquer de sport.

— Relax va. Te connaissant ça se passera super bien. Tu te fais un sang d'encre pour rien. Tu as toujours créé des liens difficilement mais dès que c'était fait tu ne les as jamais perdus.

— C'est vrai.

— Nous on va devoir trouver une nouvelle capitaine en plus.

Qu'est ce que je fais? Je lui annonce la bonne nouvelle ou pas?

— En fait, Emeline a déjà trouvé ma remplaçante.

— Quoi?!

— Bah oui. J'étais pas censée te le dire. Je l'ai aidée à choisir. J'ai l'honneur de t'annoncer que tu es ma remplaçante.

— Non!

— Si je te l'assure.

— Oh... C'est trop chouette! Merci Clem'.

Cette annonce a vraiment l'air de lui faire plaisir. Je suis heureuse pour elle.

On continue de discuter un peu puis le sommeil finit par nous gagner et on s'endort.

A 7h30, mon réveil sonne. Je le coupe vite et me mets dans ma chaise pour me diriger vers la salle de bain.

Je me prépare en quatrième vitesse puis fais mes sacs avant de descendre vider mon casier et préparer Ibiscus comme je peux.

Mes parents arrivent à 8h. Ma mère prend mes sacs tandis que mon père m'aide à charger Ibiscus. En gros, il abaisse le pont puis monte à l'avant pour l'attacher tandis que je le laisse grimper seul.

Une fois tout dans la voiture, je m'installe à l'arrière. Je n'ai pas voulu faire mes adieux ce matin. Cela aurait été beaucoup trop douloureux pour moi. La route va être longue. Je n'ai aucune envie de leur parler malgré les nombreuses tentatives de mon père.

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