Chapitre 13

22 3 0
                                    

Je fais des tours du champ au pas. Je le détends bien et le laisse chercher la descente d'encolure car cela a toujours été son exercice préféré.

Après quinze minutes de pas, je décide de sortir du champs pour le laisser faire un petit tour de la rue. Ce n'est vraiment pas long et je pense que je cours très peu de risque d'accident alors autant qu'il en profite.

Je le laisse tout regarder et profiter de changer de paysage avant de rentrer. Je profite beaucoup d'être à nouveau en selle. Je suis heureuse d'être là.

Je reviens cinq minutes plus tard à mon tronc et descends doucement pour ne pas me faire mal. Hélas, comme une andouille, j'oublie de détacher mon Airbag en descendant. Comme tout le monde le sait, ce n'est pas très malin. Mon gilet s'est immédiatement déclenché dans un 《 Pan! 》 et Ibiscus a eu sa réaction habituelle: foutre le camp sur quelques mètres.

Le problème c'est que cette fois-ci je me tenais encore à la selle. Je n'avais pas encore retiré mon pied de l'étrier lorsqu'il a démarré. A cause de mon accident, je n'ai pas retrouvé tous mes réflexes. Ceci m'entraine donc à réaliser une nouvelle chute.

Ibiscus se rend compte de ma chute et revient vers moi. Il s'arrête gentiment à mes côtés et pause son nez contre moi. J'essaye de m'aider de son corps pour me relever mais, j'ai tellement mal que je suis incapable de bouger pendant quelques minutes. Je réessaye un peu après et parviens à m'asseoir. Je me place sur le tronc et retire la selle et les guêtres d'Ibiscus avant de le débrider. Une chance que ce cheval a une patience d'ange.

Je le ramène tant bien que mal à son champs où je le lâche le temps de ranger mes affaires. Je place tout dans mon casier juste avant que mes parents ne rentrent. Je fourre vite fait mon Airbag dans le fond de mon casier au moment où ma mère débarque.

— Je ne m'attendais pas à te trouver dans ton casier, me dit ma mère.

— Je mettais de l'ordre. D'ailleurs il faudra changer la cartouche de mon gilet.

— Tu es sûre? On l'avait pourtant changée après ta chute.

— Ah... Pourtant il est encore gonflé.

— On la changera alors.

— Merci.

Elle me regarde d'un oeil critique. Je ne me sens vraiment pas bien à ce moment-là. Je n'ai pas encore eu le temps d'épousseter mes vêtements. Il y a donc des risques que ma mère voit des traces. Je ne sais vraiment pas quel type de réaction elle pourrait avoir.

— Tu as fait quoi de beau?

— Je l'ai fait travailler.

— Tu t'es mise en selle? Ne mens pas un voisin t'a vue.

— Bon oui ok. J'ai marché en selle.

— Tu es tombée?

— Pas vraiment. Il n'a rien à voir avec cela. C'est juste que j'ai un mauvais équilibre. Je me suis mal réceptionnée.

— Vraiment?

— Oui.

— Si tu le dis. J'aurais préféré que tu nous en parles au lieu de te mettre toute seule en selle. J'aurais apprécié que tu nous fasses confiance.

— J'ai cru que vous me diriez non.

— Ce n'est pas une raison. Tu aurais dû nous en parler.

— La prochaine fois.

— Il y a intérêt.

— Bien sûr.

— Tu rentres quand tu as fini. Ainsi on pourra passer à table.

— Bien.

Ma mère fait demi-tour et reprend le chemin de la maison.

Je suis soulagée qu'elle ne se soit pas énervée. J'avais vraiment peur de sa réaction. Elle ne m'a même pas emmenée en urgence chez le médecin. C'est un sacré soulagement.

Je prépare le seau de nourriture et de carottes ainsi qu'un petit filet à foin et vais au box d'Ibiscus. Je l'appelle juste une fois qu'il arrive déjà. Il se place à mes côtés et attend que j'ai fini de le servir avant de s'attaquer à son dîner. Je le regarde un peu, puis lui souhaite bonne nuit et rentre.

Je vais laver mes mains puis entre dans la salle à manger. Il y a un froid qui y règne. Je ne suis pas rassurée. J'ai comme un mauvais pressentiment. Je prends ma place habituelle entre mon père et ma mère. Au début, personne ne parle. Mon père finit par briser le silence tendu.

— Clémence, je suis au courant du fait que tu aies monté et je ne l'apprécie que moyennement. Nous nous sommes déjà engueulés avec ta mère sur le fait que tu commences tes séances de kiné. J'étais déjà contre cela alors que tu reprennes le sport, laisse tomber pour que je te rejoigne. Tu peux m'expliquer ce qu'il t'es passé par la tête à ce moment-là?

— Je voulais retrouver ma liberté. Je n'en peux plus de rester immobile. J'ai besoin de retrouver mes sensations. Et quoi de mieux que de me mettre en selle pour retrouver ma liberté et ma raison d'être? Dis-moi si tu as une idée. N'hésite surtout pas. Personnellement, je n'ai pas trouvé.

— Je ne sais pas moi. Tu pourrais utiliser ta cervelle pour une fois dans ta vie! Non? Réfléchis merde! On fait tout pour toi et toi après tu fais quoi? Tu ne respectes pas ta convalescence et te remets en selle. Tu prends des risques inutiles. Tu ne penses jamais aux conséquences que tes actes irréfléchis pourraient avoir.

— Je vais te contredire sur plusieurs points. D'abord, je réfléchis toujours aux conséquences de mes actes. En effet, j'avais bien pesé le pour et le contre avant de me remettre en selle. J'ai décidé de privilégier mon bien être mental. En outre, j'ai une confiance aveugle en Ibiscus et suis certaine qu'il ne cherchera jamais à me faire du mal. Ensuite, lorsque tu dis que vous ne voulez que mon bien, je ne suis pas d'accord. En effet, si vous vouliez me faire plaisir, vous m'auriez laissé le choix entre revenir ou rester au pensionnat. Or, vous avez décidé à ma place. Vous faites ce que vous voulez et ne me laissez pas vivre ma vie comme je l'entends.

— Nous voulons ton bien être.

— Je ne suis pas d'accord.

Avant même qu'il n'ait le temps de répondre, je sors en claquant la porte. Je n'ai pas trouvé mieux pour éviter que cette conversation tourne au vinaigre.

Peut-être que vous comprenez la réaction de mon père mais pas moi. Alors si vous la comprenez, n'hésitez pas à me l'expliquer.

J'avoue n'avoir jamais compris mes parents. J'ai toujours gardé mes distances. Je n'ai jamais compris pourquoi mais, voilà. C'est comme ça depuis que je suis petite. J'ai toujours préféré me tenir loin de mes parents. Ils n'ont jamais cherché à me comprendre. Ils auraient toujours préféré que je reste à la maison.

Sport TeamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant