Les Contes de Styx

La Saga du Désert : Triomphe

  C'est la fête dans toute la ville. Partout, des flambeaux rougeoyants illuminent la nuit claire du désert et les rues agitées de la grande cité de Basilisk. Partout, les gens dansent, chantent, rient, et s'amusent dans un tournoiement de couleurs chatoyantes, rouges, vertes, bleus, jaunes... L'air est emplie d'odeurs alléchantes : viandes grillées, galettes de sarrasins, fromages chauds... Sur la grande place du palais, des musiciens font montre de tout leurs talents, créent des rythmes enjoués tourbillonnants avec les danseurs et danseuses, qui accompagnent la mélodie de leur voix, créant une tempête vivante de sons et de couleurs !

La cité entière est en fête, non, le désert entier est en fête ! À l'extérieur, dans toutes les villes, tous les villages, tous les campements, tous les oasis, c'est la fête ! Le désert brille de mille feux de joies, de mille étoiles rayonnantes sur le sol doré et brûlant de la terre !

Ce soir c'est la fête, car les Hommes célèbrent la paix qui les unies. Le désert et ses tribus disparates sont unifiées sous la même bannière depuis maintenant dix ans. Les seigneurs de guerre ont été vaincus, chassés des terres du nouvel empire d'Almyaba. Les routes sont sûr, le commerce florissant, les savants nombreux, et les monstres tranquilles. Le passé chaotique du peuple du désert est derrière lui. Un futur glorieux l'attends, mais à présent, seuls les réjouissances compte.

  En haut de la plus haute tour du palais royal, la femme à la tête de l'empire depuis maintenant dix années contemple l'étendu de son royaume en fête. C'est son anniversaire aujourd'hui. L'anniversaire de son empire. L'impératrice sourie. elle est heureuse d'avoir réussi cet exploit. D'avoir apporté la paix, la stabilité et la richesse à son pays, et de protéger tout cela depuis dix ans. Bientôt, elle devra parler. Elle devra descendre de cette tour, et s'adresser à son peuple. Elle n'a pas peur, non, elle a toujours été douée pour parler, mais aujourd'hui, sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi, elle ne peut s'empêcher d'être anxieuse. Une main se pose sur son épaule, rassurante. C'est l'empereur, son mari, sa moitié. Elle se retourne, il lui sourie. Elle lui sourie en retour, d'un sourire déterminé, fier. Elle est confiante comme elle ne l'a jamais été.

  Elle s'avance sur le grand balcon de marbre sculpté et polie, brillant d'or à la lumière des flambeaux de la place du palais. Les bruits de la fête cessent, la musique s'arrête, et les regards s'élèvent vers l'Unificatrice. Elle avance lentement, d'une démarche gracieuse, et calculée. Elle laisse le silence s'écouler doucement, elle le savoure. D'ici, elle peut contempler l'assemblée toute entière et chacun peut entendre sa voix, la voix de la plus puissante souveraine du monde de l'est. De l'unique souveraine de l'est. Elle a conscience de son pouvoir. D'une parole, elle pourrait plonger le monde dans les flammes et le sang. D'un geste, elle pourrait faire massacrer tout ces gens venu des quatre coins de l'empire pour la voir. Elle sait à quel point elle est dangereuse, et respectée. Et surtout, elle sait que les choses n'ont pas toujours été comme cela pour elle.

Elle se souvient, de ses origines modestes, presque insignifiantes. Elle se souvient des batailles, innombrables, destructrices. C'est par la guerre qu'elle a réussit à se hisser jusqu'ici, cette même guerre qu'elle souhaite faire disparaître de son monde.

Elle se souvient de ses ennemis, nombreux, et près à tout pour détruire ce qu'elle a construit. Elle pense à Lui, son compagnon, son frère d'arme, son rival, son meilleurs ennemi, son pire ami. Elle ne sais pas où il se cache en ce moment, ni ce qu'il prépare. Mais elle en est sûr, il n'est pas mort, pas plus qu'il n'a abandonné sa croisade contre elle. Elle regrette que cela ne se soit pas passé différemment. Mais il est trop tard pour regretter. 

Elle sent la présence bienveillante de l'empereur dans son dos, la poussant vers l'avant, lui faisant oublier le passé, et ses erreurs. Seul le présent et le futur compte.

 Elle s'avance encore, jusqu'à toucher la balustrade du balcon. Sa grande robe de soie sombre rehaussée de fils d'or étincelle et scintille à chacun de ses mouvements. Ses parures de diamants, de rubis, et d'argent tintent délicatement lorsque qu'elle écarte les bras, englobant le monde entier dans son étreinte bienveillante. Elle sourie, d'un sourire éclatant, triomphant, bienveillant et emplie de pouvoir.

Alors, d'une voix forte, puissante, assurée, et enfin honnête, l'Impératrice du nouvel Empire d'Almyaba lance son appel. Un signal d'union pour ses alliés, un défi à ses ennemis. Des mots simples, mais qui signifie beaucoup pour chacun.

  « À LA PAIX !! »

  Un sifflement emplie l'air.

Un chuintement, qui gonfle, et enfle.

Et explose.

Le balcon impérial disparaît dans une détonation fulgurante, dans une énorme boule de feu, dans un chaos de cris d'horreur, et de surprise.

  Et L'impératrice disparaît avec lui...