Épilogue

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De tout les endroits du monde, pourquoi est ce qu'il avait choisie celui ci ? Il ne le savait pas. Il n'était même pas sûr d'avoir choisie. Ses pas l'avaient emportés sans qu'il n'y pense, et au bout du chemin, il y avait cette arbre, dans cette plaine, dans ce pays. 

À bien y réfléchir, peut-être qu'il avait choisi. Mais pourquoi ici ?

Il se creusa la tête quelque instants, cherchant une raison à sa situation. Finalement, il trouva quelque chose. Quelque chose qui avait guidé ses deux vies. La solitude. Cette solitude qui l'avait emmené jusqu'ici, devant cet arbre tordu, dans cette plaine vide, dans ce pays désolé.

Et maintenant ? Qu'écrire sur cet arbre ? Son nom ? Lequel ? Sari, Erne... Bah ! Il n'y accordait aucune importance. Après tout, il était lui, et ça lui suffisait. Et de toute façon, un nom était fait pour qu'on l'appelle. Et qui l'aurait appelé lui ? Les villageois ? Non, ils étaient morts. Et de toute façon, ils étaient de très mauvaise compagnie. Avec eux, on se sentait encore plus seul que sans eux. Le Tueur alors ? Non plus, il était partit. Il n'avait pas voulu le suivre, pourtant, ils se ressemblaient tellement. Entre héros, on se comprend non ? Plus personne ne l'appellerai. Et ici, personne ne lirait ce qu'il allait écrire. Alors pourquoi écrire ? Il chassa cette pensée. Il allait écrire. Mais quoi ? Son nom ? Son esprit tournait en rond, cherchant vainement une solution à son problème.

Et si il écrivait son histoire ? Non, trop longue. Et pas intéressante. Sinon il ne serait pas seul. Son problème alors ? Oui... Enfin une bonne idée.

Mais comment l'écrire ? Une longue tirade lyrique ? Un pamphlet rageur ? Un épitaphe accusateur ? Non, il avait trouvé mieux.

Alors il grava, avec la pointe émoussée de son vieux harpon. Un bête mot, mais qui résumait tout. Il recula, et contempla son œuvre. Si un jour quelqu'un passait par là, il ne pourrait pas le rater.

Il n'avait plus qu'à partir maintenant.

Dans un pays désolé, se dresse dans une plaine vide, un arbre tordu. Sur une de ses branches nu, un pendu. Sur son écorce sèche, une inscription. Solitude.



« Bienvenu, bienvenu à tous. Je suis ravi de vous recevoir si nombreux et nombreuse pour cette 9e cérémonie d'entrée de l'Académie Universelle de Magie ! C'est une belle journée pour vous recevoir je trouve, et quand bien même le temps ne serait pas de notre côté, la journée serait toujours belle grâce à cette petite réunion, ne pensez vous pas ? Mais je commence déjà à vous assommer avec mes grands discours inutile, alors que les présentation ne sont point faites ! Dans ma joie je manque à tous mes devoirs, réparons de suite cette oubli : Je suis le fondateur de cette école, et son actuel directeur, Magis Hamd De Valine. »

Des murmures respectueux s'élevèrent dans le grand hall de l'académie. Malgré la relative jeunesse de l'établissement, le nom de son directeur était bien connu dans le monde, de l'empire de Rhétos jusqu'au nord de L'Ordialc, et inspirait le respect aux mages, sorcières, et alchimistes qui l'entendaient. Chacun ici savait qu'il avait été jadis l'élève de l'Augure, une des plus grande autorité magique des Royaumes des Hommes, mais aussi que sa jeunesse avait été marquée par la Guerre Titanesque, où il s'était dressé aux coté du légendaire Tueur de Géants.

Mais ce n'était plus ce jeune apprentie qui leur faisait face. Quarante-cinq années avaient passées depuis lors, apportant avec elles aussi bien l'âge que la sagesse à Hamd. Il avait quitté la tour de son maître, parcourant le monde à la recherche de nouvelle connaissance, avant de finalement fonder l'académie, à la croisée de Rhétos et du nord. Il n'avait pas mit longtemps avant de faire connaître son école comme l'une des plus prestigieuses du continent, rivalisant avec les haut lieux de la connaissance et de l'ésotérisme comme Scolomandre, la cité des enchanteurs, l'École Impériale de Sorcellerie de Rhétos, la grande bibliothèque de la mystérieuse cité orientale de Basilisk, et bien sûr, la Tour des Hivers, domaine de l'Augure, et la légendaire cité blanche, perdue dans les flammes bleutées de la Guerre Titanesque, Agalloch. Ce prestige était confirmé par la présence de très nombreux noble et grand marchand venu aussi bien de l'empire, que des puissants royaumes du nord, Alba et l'Ordialc en tête.

Il contemplait donc cette assemblée de jeunes seigneurs, de fils de marchands, de filles d'érudits, tous voyant le savoir qu'il avait à leur offrir à sa juste valeur : essentielle. Mais au cœur même de cette foule hétéroclite, deux personnages se démarquaient aux yeux du directeur. Deux individu dont il sentait le potentiel. L'une semblait s'être perdu. Vêtu très simplement d'une robe de toile grossière, et raccommodée avec de large pièce de tissus rêche, elle jurait horriblement au milieu de tout ces nobliaux bien propre sur eux. Mais, une sincère excitation brillait dans ses yeux bleus marins. Hamd sentait sa passion débordante pour les arts mystique. Il avait vu l'intelligence dont elle faisait preuve. Elle semblait s'être perdu, mais était ici à sa place bien plus que n'importe quel autre étudiant.

L'autre était bien plus discret. Il se fondait parfaitement dans la foule, ses habits étaient dans les standards de l'assemblée, son physique était d'une banalité assommante, et il était si discret qu'il semblait se faire écraser par la foule qui ne l'avait pas remarqué non plus. Il était discret, pourtant, aucuns des mages officiels de l'académie présent ne l'avaient raté. De sa personne émanait un pouvoir que personne n'égalait dans la pièce, pas même le directeur.

« Les prochaine années vont être passionnante, je le sens » Pensa-t-il en se caressant la barbe.



Cela fait déjà un demi siècle que j'ai échoué. Cinquante-trois longues années hantées par mes souvenirs, par mes regrets. Le chaos des géants est resté le même durant tout ce temps. Aucuns royaumes n'a tentés de réclamer ces terres, aucun Homme n'a tenté de les habiter. Alors que l'Ordialc se reconstruisait, alors que Hamd allait de l'avant, alors que Néïv m'abandonnait, alors que le monde continuait de tourner, Le chaos est resté le même. Une étendu sans fin de marais putride, seulement peuplée par la vermine, et boisée par les ronces, elles qui se plaisent tant sur ce sol souillé.

Mais maintenant, il bouge. Les morts s'y relèvent, et reviennent chercher vengeance. C'est elle qui m'a dit cela. Elle, la magicienne, l'élève de Hamd. Elle dit qu'elle a besoin de moi pour affronter le Nécromancien, son ancien ami. Elle dit que seule, elle n'y arrivera pas. Je la crois. Je sais à quel point c'est dur d'être seul. J'ai connu quelqu'un qui le savait encore encore mieux que moi.

Je ferais face pour le nord, une nouvelle fois. J'ai échoué à protéger les habitants de Créssia une première fois. Cet homme a décidé de les priver de leur sommeil, et cette fois je n'échouerais pas à leur rendre la tranquillité à laquelle ils et elles aspiraient.


Une silhouette se relève difficilement dans la plaine. La bataille est fini, tous sont morts. Elle seule se dresse, contemplant les collines et leurs titanesques charniers.

Elle écrit quelque ligne dans son carnet. Elle écrit ses regrets, elle écrit sa peine, elle écrit son épitaphe. Le papier se mouille de ses dernière larmes. 

Les Contes de StyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant