Le conte du pécheur

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Il était une fois, un célèbre pêcheur, vivant dans une petite cabane de bois, à l'écart du port. Il était riche, et possédait toute une flotte de navires, mais pourtant, il vivait humblement, s'habillant de manière simple, et se contentant de repas chiche.

Il avait un fils, rendu arrogant par les richesses de son père. Dilapidant des montagnes d'or dans de grandes fêtes, et s'habillant de vêtements de soie cousues d'or.

La richesse de cette famille leur venait de la pêche aux monstres. À l'époque, de nombreuse créatures malveillantes hantaient les eaux, et dévoraient les marins et les marchands. Le rois, excédé, promis de rendre riche celui qui le débarrasserais de cette nuisance, et seul le pécheur réussit.

D'un coup de harpons dans l'œille, il tuas un gigantesque serpent de mer, qui vint s'échouer sur une plage non loin de là. Un baron passant vit le cadavre étendu sur le sable, et s'empressa de dire au roi, que c'était lui qui avait vaincu le monstre. Le monarque, impressionné, le récompensa justement, puis lui fit jurer de venir à son secours, si un autre monstre apparaissait un jour. Il promit, puis partit fêter sa victoire, en espérant qu'aucun monstre ne reviendrait.

Le pêcheur, qui savait que le noble venait de tromper le roi décida de lui jouer un tour. Durant les festivités, il fit boire le menteur, puis lui demandas :

« Est-ce vrai que vous avez tué un serpent de mer, d'un seul coup ?

- C'est la vérité, et j'ajouterai même que le plus grand de ces serpents ne pourrait rien face moi. D'un seul coup, je le transpercerais de part et d'autre, et j'empaillerais sa tête.

Cette parole ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, car, près de là, vivait le plus grand des serpents. Il entendit tout de la conversation, et, furieux, il sortit de sa tanière pour relever le défis de cet imprudent. Sa voix, grave et profonde, faisant trembler les roches et les arbres, retentit :

« Alors comme cela, tu pourrais me tuer ! Et d'un seul coup ! Menteur, voilà ce que tu est petit homme pathétique ! Mais si tu te crois capable de me vaincre, alors je t'attendrais demain. Si tu ne viens pas, je détruirais le port, puis je viendrai te dévorer ! » Puis, la créature partit, soulevant d'énormes vagues pendant qu'elle s'enfonçait dans les profondeurs de l'océan. Le baron s'enfuit durant la nuit, terrifier par cette rencontre.

Le roi était désespéré, il promis à celui qui sauverait la ville d'être riche pour le restant de sa vie. Seul le pêcheur accepta de se dresser contre la bête.

Elle surgit des flots au coucher du soleil. Plus grande que la plus grande des tours de la ville, au écailles scintillantes comme des flammes sous la lumière rougeoyante du jour déclinant. Face à elle, le pécheur se tenait debout sur sa petite barque de bois, ballottée par les vagues de la mer en furie. Mais malgré les secousses, et la taille de son adversaire, la pécheur armas son bras, et projetas un premier harpons sur son adversaire. Il ricocha sur ses écailles, déclenchant un rire tonitruant de la part de la bête. Loin de ce décourager, le pêcheur continua ses attaques, qui ne blessèrent pas plus le monstre, mais le mirent en colère. Il s'abattit violemment sur le frêle esquif, la gueule grande ouverte pour dévorer cet insolent. C'est ce qu'attendait le pêcheur, qui envoyas son dernier harpon droit dans la gorge du serpent, ce qui le tua sur le coup.

Le roi fut ravi, et rendit le pêcheur riche, comme il l'avait promis. Mais toute cet or rendit le pêcheur arrogant, et avide, ne reculant devant rien pour en obtenir plus. Cette obsession le conduisit à une nouvelle chasse au monstre. Sa proie avait détruit un gigantesque bateaux marchand, rempli de joyaux, et il avait été envoyé retrouver l'épave, et débarrasser le roi de cette nuisance.

Lorsque le pécheur revint sur terre, il avait changé. Il vendit sa maison, et partit vivre dans une pauvre cabane, s'habillant simplement, malgré un trésor conséquent.

Lorsque qu'il mourut, son fils finit de dilapider l'héritage de son père, en fêtes et en beaux vêtements. Ruiné, il décidât d'embarquer dans un baleinier. Cette décision fut fortunée, car il possédait le même talent que son père pour la pêche. Chaque harpon qu'il lançait touchait invariablement sa cible, si bien, qu'il fut vite de nouveaux couvert d'or. Mais sa ruine ne lui avait pas servie de leçon. Il était toujours aussi arrogant, ce vantant même d'être capable de tuer n'importe quel monstre d'un seul coup.

Un jour, il fut appelé par le roi pour retrouver une grande cargaison de pierres précieuses, disparue en mer. Ravi d'êtres mandaté par le roi lui même, le fils du pêcheur partit immédiatement en mer, à la recherche du navire concerné.

Il le retrouvas facilement. Le vaisseaux était échouer sur un roc émergeant des flots, aligné avec d'autres récif, formant une sorte de ligne. L'équipage mit rapidement une chaloupe à la mer, et le fils du pêcheur partit vers l'épave. Mais les vagues étaient fortes, si bien qu'elles finirent par retourner la barque. Plongé dans l'eau, il aperçus alors le récif dans son intégralité.

Sa surface était rugueuse, mais présentait une sorte de régularité, un motif. Plus bas, cinq grandes arrêtes de pierres semblait ressortirent du sable, formant une sorte de nageoire. Étrange de voir le sable d'ici d'ailleurs. Le fond aurait dût être bien plus bas.

Puis il vit une grande bosse sur la surface du roc, traversée en son centre par deux sorte de bourrelets de pierre.

Mais les pierres bougèrent.

Ce qui était auparavant d 'étranges bourrelets sur une bosse à la surface d'un récif , devinrent les paupières d'un œil gigantesque.

Les motifs sur l'écueil devinrent des écailles de la taille d'un torse d'homme.

Ce qu'il avait confondu avec du sable, était en réalité la membrane d'une nageoire titanesque.

Le pic émergeant de la surface était une épine dorsale, et ses voisins étaient d'autre partie de la colonne vertébrale du monstre qu'il venait de découvrir.

Doucement, un autre œil s'ouvrit, encore plus grand que le dernier, puis un troisième, là aussi d'une taille phénoménale. Ils étaient de couleur orangé, comme une flamme, avec en leur centre un iris verticale, noir comme les ténèbres des abysses d'où devait provenir la créature.

Ils regardèrent l'homme, le dévisagèrent, retournant chaque recoin de son esprit, de son âme, s'insinuant dans les pensées les plus secrètes de cet animal pitoyable, faible, et désespérément humain. L'impuissance que ressenti le pécheur à cet instant, face à cet animal titanesque, originaire d'un age lointain, où l'homme n'aurait jamais eu sa place, ce fut le désespoir. Le désespoir de savoir que de pareille monstre sillonnait encore les océans du monde des hommes, sans que ceux-ci ne puissent rien y faire. Tout le savoir, toute les armes, tous les hommes du monde réunit ne pourrait même pas érafler le dieux primitif qu'il avait découvert.

Et ce savoir le détruisit. Plus jamais il ne prit la mer. Plus jamais il ne se vanta, ou se senti supérieur aux hommes moins chanceux, vivant dans la pauvreté. Il passa le reste de sa vie à errer, sur les quais, à mettre en garde les marins vaniteux, les capitaines avides, et les marchands irrespectueux. À les mettre en garde, contre la menace rodant dans les eaux profonde, contre la puissance des océans, et contre leur propre arrogance, celle-la même qui l'avait conduit à la folie, et à la connaissance. 

Les Contes de StyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant