Il était une fois, un petit royaume à l'ouest du monde, coincé entre ses puissants voisins, et l'infini de l'océan. Ce n'était pas un de ces empires prospères qui règnent à travers les ages, ou un de ces pays d'exception qui font l'histoire. Non, ce n'était qu'un simple royaume de pécheurs et de marins, marchandant avec les puissances pour survivre. Son peuple était un de ceux qui naissent sur les vagues, et n'entendent rien au monde hormis ses mers, mourant dans leurs courants, et s'y perdant à jamais. Pas des guerriers, pas des bâtisseurs ou des artistes, pas des découvreurs ou des savants, simplement des Hommes de la mer.
Le prince de ce royaume était un jeune ingénu à l'image de son peuple : simple. Un jour, lors d'un voyage loin de son modeste pays, dans un des grands empires de son époque, rempli d'hommes de renom, de femmes admirables, et de récits de conquêtes et de batailles, il rencontra Granfaim. C'était une bête telle qu'il n'en avait jamais vu, ni lui, ni aucun de ses ancêtres, hormis peut-être Hiritt 1er, son aïeul et fondateur du royaume. Long, et recouvert de petites écailles fines et pâles, il avait la forme d'un serpent, mais ses petites pattes griffues, et ses grands yeux brillants d'intelligence en faisait quelque chose de différent, d'unique. Il décida de le ramener avec lui dans son royaume.
Quelques années passèrent, et malgré sa petitesse des premiers temps, Granfaim grandissait vite. Il fut bientôt trop grand pour la maison royale. Le Prince, quant à lui, rêvait d'ailleurs. Son voyage l'avait changé. Il aimait son royaume, il aimait son peuple, mais tout comme Granfaim, il se sentait à l'étroit ici.
Lorsque le Prince devint roi, Granfaim grandit à nouveau, et cassa par accident la maison royale. Le Roi la fit alors reconstruire, plus grande, plus belle, plus royale, afin que Granfaim puisse y loger à son aise.
Lorsqu'un conteur d'histoire vint à la cour, et raconta au Roi l'épopée de Sarian, le vainqueur des Géants d'anciens temps, Granfaim grandit.
Lorsque le Roi fit face à la famine et à la pauvreté de son peuple, causé par de grandes guerres qui se jouaient bien loin de son royaume, il jura amèrement qu'un jour il mettrait son peuple à l'abri des grands du monde, et Granfaim grandit.
Lorsque les pirates et les déserteurs firent de ses côtes leur territoire, pillant et saccageant à leur aise, le Roi décida de partir en guerre. Il devait protéger son peuple des pillards des mers, ramener la paix. Il arma une flotte, la première de l'histoire du royaume, et, avec l'aide de Granfaim, qui avait tant grandit qu'il pouvait affronter à lui seul des navires entiers, le Roi partit en guerre. Il vainquit aisément les pirates, et fit de l'océan un endroit plus sûr. Cela fit grandir Granfaim.
Cette victoire fit réfléchir le Roi. Pourquoi, pensait-il, mon peuple devrait se contenter d'une paix fuyant comme une vieille barque, menaçant de couler sous les vagues que font les grands navires dans leur lointaine bataille ? Ne pourrais-je pas plutôt lui apporter par la guerre le bonheur et la
prospérité ? Cherchant du soutient pour son projet fou, le Roi regarda autours de lui, mais ne vit personne. Aucune mains tendu, aucune aide. Tous était effrayés par ce Roi inhabituel, décidé à changer les choses. Seul Granfaim était à ses côtés. Il était devenu bien différent de l'étrange créature que le Roi avait ramené de son voyage. Son corps s'était allongé, ses pattes était devenues puissantes et sa gueule redoutable. Il était hideux aux yeux de tous, sauf à ceux du Roi. Dans le regard naïf de la grande bête, il pouvait lire une émotion sincère, une étincelle de bonté maladroite. Tout comme le Roi, il voulait aider le royaume. Le Roi décida qu'après tout, le seul soutient de son plus vieil ami suffirait dans son projet.
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Les Contes de Styx
FantasiaLe monde de Styx regorge de récits et de légendes, tantôt effrayantes, parfois merveilleuses. Elles content Les histoires de sanglantes révolte, ou nous narrent les malheurs d'âmes égarées. Ce monde est en perpétuelle mouvement, il change, pour le m...