épilogue au royaume des morts

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Lorsqu'Elle se réveilla, Elle comprit qu'elle était morte. Elle était sur une barque d'argile, naviguant au beau milieu d'une mer d'huile. Tout autour d'elle était noir. Le ciel était noir, d'un noir profond qui calmait l'âme des tourments de sa mort, vide de tout nuage, de toute lune. L'océan était noir, complètement lisse, reflétant en son sein les étoiles qui seules tachetaient la voûte céleste. La pirogue était noir, d'un argile étrange, flottant sur des étendus plates, et aussi sombres que cette nuit surréelle.

L'unique trouble qui agitait l'océan était les mouvements de la batelière. Sa longue rame et ses mouvements délicats créaient de léger remous lisse, qui ne tardait à disparaître dans l'immensité. Le faible bruissement aquatique qu'elle produisait en ramant était le seul son audible ici bas.

Pourtant, malgré l'étrangeté de cette endroit, Elle n'avait pas peur. Elle était calme, apaisée, sereine.

La capitaine du navire se retourna vers Elle. Sa robe fine et élégante, à la blancheur immaculée, mettant en valeur ses formes divines, ses longs cheveux bleu pâle délicatement ondulés s'écoulant dans son dos, tombant sur ses hanches, tout en Èlvela, déesse de la beauté et de la mort, n'aspirait qu'à la plus grande splendeur, inégalée sur terre.

« Tu es réveillée ? » Dit la déesse en se tournant vers sa passagère. Sa voix était à son image, belle, pure, et fascinante. « Te souviens-tu de ta vie ?

- Oui... Je m'en souviens. C'était une vie dure, mais son dénouement fut plus heureux que je ne l'aurait jamais espéré.

-Te souviens tu de ton nom ?

- Non...

- Il te reviendra, ne t'inquiète pas. Regrette-tu ta vie ?

- Je ne sais pas... J'ai souffert... longtemps... Mais même dans mes années les plus difficiles j'ai trouvé quelque chose à quoi m'accrocher... Des amis, un amour, un but... J'ai fondé un empire et malgré les sacrifices, je ne le regrette pas. J'ai créé une famille, je suis fière de ma fille, je suis heureuse avec mon mari. Mais... Mais quelque chose manque... J'ai oublié quoi. Mais je le sens. J'ai laissé quelque chose là bas, chez les vivants. Quelque chose que je n'ai pas fini...

La déesse sourie doucement. De sa voix bienveillante, elle la rassure : « Cette chose, tu ne pouvais pas la finir de ton vivant, ne t'inquiète pas. Ce qui compte, c'est que tu ne l'ai pas complètement oublié, le reste, ton nom, cette question que tu as laissée, tout cela reviendra.

- Où sommes nous déesse ? Où allons nous ?

- Nous sommes sur l'Eden. La mer blanche comme vous l'appelez. Nous allons sur la Rive, la prochaine étape de ton voyage.

- Mon voyage ? Vers où ?

- Vers l'éternité. Tu es morte après tout. Il faut bien que nous autre dieux, vous mettions quelque part.

- J'ai une dernière question déesse.

- Je t'écoute.

- Pourquoi appelle-t-on cette endroit la mer blanche ?

- Parce qu'aucun de vous ne l'a jamais vu.


Les rives de la mer était semblable à ses eaux. Noir, et lisse. C'étaient de grandes plage de sable noir, fin et doux, caressées par les vagues. De nombreuse ombres parcouraient ces rives, informes, et inoffensives. Certaine étaient assise auprès des flots, et semblaient les contempler avec une fascination étrange.

Lorsque le bateau atteint la rive, s'enfonçant doucement dans le sable, Èlvela donna un avertissement à sa passagère : « Cette rive relie les morts au monde des vivants. En plongeant ton regard dans ces eaux, tu pourra apercevoir ta fille, et ton ancien empire. Tu verra à travers son regard, ressentira à travers son cœur. Mais je dois te mettre en garde. Ici, ni chaleur, ni froid. ni faim, ni soif. Ni goût, ni odeur. Ni joie, ni peine. Seul la mélancolie t'attend. Ici, tu ne vivra jamais ce que tu pus autrefois. C'est une vie fade, qui conduit à l'ennui, à l'envie et au malheur. Tes souvenirs t'assailliront sans relâche ni pitié. Si tu reste reste trop longtemps ici, tu regrettera ta vie, et tes actions. Tu te remplira d'aigreur à l'égard des vivants. Peu sont ceux qui reste. Lorsque tu le voudra, tu pourra partir de ces rives sans vie. Part vers les terres, marche, et alors tu atteindra la terre des morts. Et là bas, tu sera tel que tu étais lorsque en vie. Tu sentira, goûtera, aimera, et jouira de la terre comme avant. Là bas t'attendent tes parents, tes amis, ton mari. Là bas tu pourra vivre ton éternité en paix. Le choix t'appartiens à toi seule de quand sera le temps de partir pour elle. Seulement, une fois que tu l'aura atteinte, tu ne pourra faire demi-tour. »

Les Contes de StyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant