zéro.

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KAIROS.

« Il y a un moment, dans la vie, où on sait que c'est exactement le moment de franchir le pas. Maintenant ou jamais. Maintenant, ou plus rien ne sera comme avant. Et ce moment, c'est maintenant. »

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« Vous allez rentrer dans le domac là ? Non parce que je viens pas si c'est oui. Vous allez créer une émeute hein.

T'inquiètes cousine, on a un plav', répondit Ormaz en glissant son bras sur mes épaules. »

Je fronçai les sourcils. Il était celui qui se montrait le plus avenant depuis le départ avec moi, tandis que les autres me toisaient. J'étais habituée aux regards de travers, aux gens qui gardent leur distance, ça, ça ne m'étonnait pas. Je n'entrais dans aucune case. Je venais de Bellevue alors on s'attendait à une fille en jogging qui crache parterre, mais moi je mettais des jeans, et même des robes parfois, et je crachais mes chewing-gums oui, mais pas ma salive (promis je jette mes emballages dans la poubelle jaune). C'était d'autant plus étonnant lorsque je disais ce que je voulais faire après avoir dit d'où je venais. Une fille comme moi ne pouvait pas souhaiter un bac +5 et devenir professeure des écoles, je devais me cantonner à mère au foyer. Et même là, je ne répondais pas aux attentes, car j'y étais allée moi, dans les caves, pour guetter ou pour ensuite aller vendre des 10 balles à la sortie du lycée. Et puis, la cerise sur le gâteau, pour mes très chers formateurs qui m'avaient enseigné comment devenir une enseignante responsable et répondant à des principes éthiques, c'était mon physique. Tatouée de la tête aux pieds avec une coiffure qui commençait tout juste à ressembler à quelque chose plusieurs années après avoir rasé mon crâne sur un coup de tête, je ne correspondais à aucun standard de l'éducation nationale.

Bref, j'étais un alien dans cette société.

Alors bien évidemment, ce n'était pas les œillades que les autres loulous me lançaient qui me décontenançaient, mais plutôt l'attitude un peu trop chaleureuse d'Ormaz à mon égard.

Et c'était sans compter sur Mathieu qui semblait vouloir transpercer mon âme de ses pupilles chocolatées.

Selva | Mathieu

KAIROS | PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant