J'attrapai la télécommande sur la table basse et mis l'épisode de Hunter x Hunter sur pause. Un mois s'était écoulé depuis mon dîner de qualité avec le Panama Bende dans un lieu d'exception.
Ces trente jours m'avaient permis de constater deux-trois trucs. La première chose était que, même après toutes les barricades que j'avais mis autour de mon cœur qui affichait complet, quelques gars d'ici avaient quand même réussi à se frayer un chemin pour entrer dans cet endroit sélectif. La deuxième était que le Panama Bende était un collectif rempli de gars talentueux, à tel point que j'avais lâché un petit follow sur le compte instagram du groupe. Le troisième et dernier point était que le quartier de la Garenne surnommé « le plateau », à Clamart, était rempli de rappeurs qui poussaient la chansonnette toute la nuit en bas des fenêtres, à tel point que j'avais l'impression de m'endormir chaque soir dans le studio du Planète Rap, il ne manquait que Fred pour animer la soirée.
J'allumai la barre de son de Tenerife et y connectai mon téléphone afin de lancer ma playlist de prédilection. Je profitai de l'absence de mon frère pour mettre le son à fond, comme tous les matins. Il passait ses journées à travailler au New Maryland, tandis que je déposai des CV et des lettres de motivation à droite à gauche. Cela m'avait permis de bien repérer les lieux ainsi que de découvrir les petits commerces et les meilleurs endroits du Bas de Clamart. Il ne fallait pas le dire trop fort pour mes petits potes de Bellevue, mais j'aimais bien ce quartier. L'ambiance y était conviviale et différente de mon ancien chez moi. À Nantes, c'était nous contre les autres, ici c'était tout le monde ensemble.
Je veillais à ce que mes membres ne se rouillent pas alors que j'esquissais quelques mouvements de danse sur un son de DaVido. Dans ces moments-là, je me sentais proche de mon père que je n'avais pas vraiment connu. D'après ma mère il avait été, pendant de longues années, une figure emblématique de la danse afro. Je ne savais pas si ses capacités en danse découlaient de ses origines mexicaine et africaine, toujours est-il qu'en engrossant ma mère, il m'avait refilé son sens du rythme.
J'entamai le nettoyage de la vaisselle qui s'était entassée depuis hier soir toujours en rythme sur la musique, faisant propulser quelques gouttes d'eau sur mon tee-shirt de pyjama et sur le plan de travail. Je souris en entendant des gamins crier et regardai par la fenêtre pour voir des petits, cartable sur le dos, se rendre à l'école. J'aimais bien le fait qu'on ne soit pas tout en haut de la tour, j'appréciais pouvoir garder un œil sur les allers et venues dans le hall. D'ici je pouvais voir les gens qui sonnaient à l'interphone et pour en avoir connu des emmerdes avec mon frère, cette caractéristique me permettait d'anticiper sur ces dernières. On n'était jamais trop prudent.
Je m'étais aussi rendu compte que Clamart, ce n'était pas Paris, et que la Tour Eiffel était loin. J'avais envie de voir la dame de fer et les autres monuments qui peuplaient cette ville qui représentait la France, mais j'avais la flemme et aussi un peu peur. C'était une bien trop grande ville pour que je m'y sente à l'aise toute seule. Peut-être que je pourrais demander à Sadam ou à Peli... Quand j'avais parlé de braqueurs de cœur qui s'étaient incrusté dans mon organe vital, je parlais notamment de ces deux-là.
« Selva ! C'est ochoooo.
En parlant du loup... Je vis la tête de Sadam m'interpeller en contrebas, son grand sourire montrait ses dents du bonheur. En voyant sa tenue de sport, sa serviette et sa bouteille de coca remplie d'eau, je compris très rapidement ce qu'il faisait là. J'avais pris l'habitude de faire un peu de sport et de boxe avec Sadam ainsi que d'autres gars du quartier qui avaient transformé le terrain de basket en salle de musculation extérieure. De toute façon, personne ne jouait au basket ici. C'était le foot ou rien, et tout le monde était pour le PSG et le CSM Clamart.
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KAIROS | PLK
FanfictionFaire le bon acte au bon moment participe au kairos. « J'ai vu de toi qu'un extrait, et direct ça m'a plu, direct ça m'a eu. »