vingt.

3.1K 92 7
                                    

La Tour Eiffel était belle, elle était un peu floue et bougeait beaucoup mais c'était sûrement dû à tout l'alcool que j'avais bu. Si j'étais niaise, j'aurais même pu dire que c'était l'ivresse de l'amour. Mathieu me portait sur son dos alors qu'on déambulait dans une rue perpendiculaire au champ de Mars.

Le soleil commençait tout juste à se lever, ça me faisait plisser les yeux. J'étais la plus arrachée du groupe, c'était sûrement pour ça que le polonais s'était décidé à me porter. Ce n'était pas de ma faute si mes chaussures s'étaient transformées en échasses. Sadam, Peli et leurs grandes jambes nous devançaient largement, ignorant mes rires et mes chants de bourrée.

« On aurait dû rentrer ensemble ce soir, marmonna Mathieu, regarde-toi toute bourrée à chouiner pour voir le nouvel appart de Sadam.
Ses fenêtres donnent sur la Tour Eiffel, m'extasiai-je, tu te rends compte ?
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour tes beaux yeux bordel...

Je ne voyais pas de quoi il parlait, je n'avais même pas de beaux yeux. On arriva dans un hall d'immeuble et Mathieu me lâcha pour que je puisse retirer mes chaussures. Dès que je pouffais de rire, ça résonnait dans tous les étages. Les gars levaient les yeux au ciel sans cesse mais je voyais bien leur petit sourire en coin.

Je montai une marche après l'autre en m'agrippant à la rambarde. Monter un escalier n'avait jamais paru aussi dur alors que je voyais les gars s'éloigner au fur et à mesure. Je me mis à pleurer comme un bébé, c'était de vrais larmes et je ne comprenais même pas pourquoi. Je savais que j'étais ridicule mais je n'arrivais pas à me contrôler.

Mon cinéma cessa lorsque Mathieu fit demi-tour. Il me montra son dos pour que je puisse à nouveau monter dessus. On rejoignit rapidement nos deux autres potes.

J'espère que tu te rappelleras bien de tout ça demain tellement t'es ridicule, se moqua-t-il
C'est pas de cette manière que tu t'imaginais me soulever ce soir hein ? Lui demandai-je
Putain t'es trop drôle quand t'es bourrée, riait Sadam »

On rentra dans l'appartement et je descendis une nouvelle fois de mon perchoir. C'était non sans difficulté que je me glissais jusqu'à la grande fenêtre, je l'ouvris les yeux rivés sur la grande dame de Fer. Sadam était un putain de veinard.

La suite fut gravée dans la mémoire des gars mais certainement pas dans la mienne. Un sacré trou noir, comme si je m'étais endormie accoudée au petit balcon de la fenêtre de Sadam.

[...]

J'étais rentré depuis une dizaine de minutes mais Andrew n'avait toujours pas remarqué ma présence. C'était dans mon intérêt de ne pas me faire remarquer, parce que j'étais sincèrement en train de kiffer le spectacle qui s'offrait à moi. Elle était en train de se déhancher sur une musique Afrobeat et même si j'avais pu voir ses talents de danseuse hier soir, le plaisir était encore plus grand du fait que je n'étais que le seul spectateur maintenant.

Je posai discrètement les sacs dans l'entrée et retirai mes baskets. Je marchai lentement jusqu'à elle et glissai mes bras autour de son petit corps tout musclé. Elle sursauta avant de se détendre complètement.

« J'espère que t'as ramené le petit dej, se plaignit-elle
Bonjour à toi aussi Andrew, ricanai-je

Elle se retourna pour passer ses bras autour de mon cou et elle embrassa ce dernier.

Pas trop la gueule de bois ? Lui demandai-je
Mal de crâne, une forte envie de me brosser les dents mais en vrai ça va. Je soigne le mal par le mal en écoutant de la musique.

KAIROS | PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant