cinq.

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La boite de conserve d'haricots blancs à la tomate dans une main, une grande cuillère dans l'autre, je dégustai mon repas du midi, assise à même le sol, accompagnée de Jasmine à travers mon écran de téléphone.

« Pas ouf quoi, résuma-t-elle avant de croquer dans son sandwich triangle

Je soufflai du nez, c'était les mots les plus adéquats pour décrire ma rencontre de ce matin avec le polonais. Je baissai les yeux sur mes jambes, étendues devant moi sur un drap de bain, j'avais appliqué sur celles-ci un gommage de sucre et d'huile d'olive. J'avais enroulé mes cheveux dans une serviette après les avoir recouvert d'huile de coco. J'aimais bien l'idée de prendre soin de moi pour me récompenser de mon CDD.

Après, t'as failli tuer son cleps, nuança-t-elle, c'est pas plaisant.
Non mais je sais ! sifflai-je frustrée Mais il m'a trop mal parlé l'enculé. Enfin bref, viens on arrête de parler de ce cramé.
Ça tombe bien, je voulais te parler de quelque chose... ça ne va pas du tout hein.

Je fronçais les sourcils tout en la regardant. Une vague d'inquiétude m'enveloppa.

Quoi ? murmurai-je
Tes ongles ! cria-t-elle comme une évidence Y a pas d'esthéticienne à Clamart ou quoi ? T'as les mains éclatées. »

J'explosai de rire et me détendis. On n'avait clairement pas les mêmes priorités. Je zieutai mes ongles dépourvus de manucure. Elle qui s'attachait à toujours me mettre des capsules, du gel, des faux trucs, des machins... J'avais longtemps été son cobaye. Et même si j'aimais voir des ongles longs au bout de mes mains, j'avais l'impression de revivre maintenant que je n'en avais plus. Il n'a jamais été aussi facile d'ouvrir une boite de conserve par exemple, ou le contenant de ma crème hydratante.

L'après-midi fut bien entamé lorsque mon téléphone s'éteignît par manque de batterie tout juste après avoir dit au revoir à mon amie qui avait les ongles de quelques clientes à gérer. Je branchai mon téléphone et marchai délicatement jusqu'à la douche pour éviter de foutre du sucre partout.

Je sortis de la douche quelques longues minutes plus tard, le corps fumant comme si je revenais des enfers tant j'avais monté la température de l'eau. J'étais en train de m'appliquer de la crème sur tout le corps lorsque mon téléphone s'alluma, j'entrai mon code de SIM (4 zéros, tu connais) et il se mit à vibrer dans tous les sens.

4 appels manqués de Peli.
Le double en messages.

Je cliquai sur la dernière notification. Un appel en facetime manqué. Je posai mon téléphone à côté du lavabo, lui offrant pour seule vision, le plafond, tandis que j'enfilais des sous-vêtements.

« C'est pas trop tôt !
Eh mais j'ai une vie mon frérot, ricanai-je
T'es prête, on bouge ?

J'étais justement en train d'enfiler un jogging par dessus un body beige, afin d'être à l'aise pour le reste de la journée. J'empoignai ma brosse pour démêler ma longue tignasse.

On fait quoi ? Faut que je me sèche les cheveux j'pense.

Je repris le téléphone pour regarder sa grosse tête. Il semblait posé dans une voiture, à l'arrêt. Il avait un bonnet sur la tête, et des lunettes de soleil sur le nez. Comme s'il n'arrivait pas à savoir s'il faisait chaud ou froid.

C'est quoi ta tenue là ? Demanda-t-il alors que j'étais justement concentrée sur la sienne

Je retournai la caméra pour lui montrer mon reflet dans le miroir.

Tu mets jamais de jogging, le jour où je t'organise une petite sortie en dehors du quartier, toi tu mets ta tenue de meuf de la street, me reprocha-t-il, t'as remonté le jogging sur ta jambe droite aussi ?
Elle a quoi ma tenue ? Tu parles, t'as des lunettes de soleil, c'est moi qui t'éblouis ?

KAIROS | PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant