vingt-cinq

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« Je crois que je l'ai trouvé ma meuf de Clamart. »

Lisko était passé à côté de moi en chuchotant ses paroles. Je l'avais ainsi suivi du regard pour le voir s'arrêter devant Leila. Bien sûr que je l'avais vu tourner autour d'elle depuis le début de la fête. Le mec ne faisait absolument pas dans la discrétion.

La fête était finie, il était très tard puisque beaucoup avait souhaité discuter et prendre des photos avec les rappeurs mais maintenant tout le monde était parti et nous devions tout ranger. Leila était en train d'entasser toutes les bouteilles de boissons sur un chariot à roulettes et ça me fit sourire de voir Lisko l'aider. Je crois qu'il était piqué.

De mon côté, je repliais tous les câbles qui avaient servi à l'éclairage de la cour lorsque la nuit était tombée. J'étais un peu distraite par Mathieu et sa grand-mère que je regardais du coin de l'œil. Ça faisait une vingtaine de minutes que je la détaillais discrètement. Elle était l'opposée de ce que je m'étais imaginée dans ma tête. Élancée et fine, grand-mère Pruski faisait presque la taille de Mathieu. Elle avait un joli carré long ondulé blond polaire qui encadrait un visage de poupée malgré les signes de vieillesse. Je n'avais pas eu la possibilité de vraiment voir la couleur de ses yeux mais je devinais un gris intense. Elle mettait à l'amende toutes les femmes de son âge et même celles de ma génération tant elle était belle.

J'étais sur le point de rencontrer cette dame.

J'allais récupérer un de mes sachets de bonbons pour me donner de la force et lorsque je revins devant la scène, Mathieu me fit signe de m'approcher. Je m'exécutais en scannant mentalement ma tenue, ma manière de me tenir, ce que j'avais dans les mains... J'étais terrifiée de ne pas être à la hauteur.

« Mamie je te présente Andrew, et Andrew voici ma grand-mère.
Enchantée, soufflai-je en tendant ma main poliment
Tu peux m'appeler Aldona.

Elle attrapa ma main pour me rapprocher d'elle et me faire la bise. Elle sentait le miel et l'amande douce. Je m'étais ensuite reculée auprès de Mathieu pour l'observer. Elle avait réellement des yeux gris.

Alors comme ça tu ne voulais pas me rencontrer ? Me questionna-t-elle

Je tournai vivement la tête vers Mathieu et le fusillai du regard.

Elle t'embête, me dit-il

Et les deux Polak se mirent à ricaner alors que je rougissais très certainement. Il cala son bras sur mes épaules pour m'embrasser la tempe et il chopa un bonbon dans le sachet.

Pas cool, marmonnai-je en faisant la moue
J'allais rentrer car il est un peu tard mais on pourrait peut-être prévoir de manger à la maison prochainement ? Proposa-t-elle Ça nous laissera le temps de parler !
Avec plaisir, répondis-je
Vous pourrez rester dormir dans la chambre de Mathieu.
On verra ça mamie, répondit Mathieu
Depuis que tu as le studio tu ne viens presque plus dormir à la maison, geint-elle, qu'est-ce que ça sera quand tu auras acheté une vraie maison...
On a déjà parlé de ça, il leva les yeux au ciel, moi aussi ça me fait chier.
Faudra pas pleurer quand je ne serais plus sur terre, ricana-t-elle
Mamie ! Gueula-t-il
Je rigole Mathieu, elle avait des yeux malicieux comme ceux du Polak quand il m'embêtait
J'aime pas parler de ça, se renfrogna-t-il en croisant ses bras contre sa poitrine

Je passai ma main à l'arrière de son crâne délicatement, du bout des ongles je grattai son cuir chevelu et il desserra ses bras pour les passer autour de moi. Du coin de l'œil, je vis Aldona nous observer avec un franc sourire sur les lèvres. Ça me soulagea de voir qu'elle était contente. J'étais sûrement un peu validée.

KAIROS | PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant