Année 2155
J'ai tout prévu, du début à la fin, du soir au petit matin.
Cette nuit, c'est mission infiltration. À la recherche des évadés, ou plutôt, à la recherche de leurs identités.Je n'ai pas peur d'eux, que peut-il m'arriver ici, de toute façon ? Ce n'est pas comme si j'étais dans le bâtiment le plus sécurisé de tout Edenia !
Par contre, il se trouve que ce même bâtiment très sécurisé contient tous les documents importants dans ses archives... Y compris les dossiers des criminels.C'est la première fois que j'y vais sans autorisation, mais j'ai prévenu Dario. Il était aussi intrigué que moi de part cette évasion, voire même plus que moi. Il a dit qu'il m'aiderait en s'assurant que mes arrières sont sécurisées. Je ne sais pas vraiment comment il va s'y prendre, mais je lui fais plus confiance qu'à n'importe qui.
Maya dort. Elle tenait à rester éveillée jusqu'à ce que je m'endorme, mais j'ai refusé. Le temps que je m'endorme et il sera déjà l'aube.
C'est l'heure. Habillée d'une tenue utilitaire identique à celle que les soldats portent, j'entrouvre doucement la porte en priant pour qu'elle ne grince pas. Bingo, je la referme sans qu'elle ne fasse un bruit. Je longe le mur sur la pointe des pieds, tendant l'oreille afin de savoir si la voie est libre.
Mon cœur bat à cent à l'heure. C'est vrai que je ne pense pas qu'ils peuvent me punir en temps que "future compagne de l'héritier", mais qui sait ce dont ils sont capables de faire ? Ce dont Aris Reed est capable de me faire ?
Aucun soldat à l'horizon. Dario a donc dit vrai... Comment a-t-il fait pour faire partir tous les soldats faisant l'habituelle ronde, je n'en sais rien, mais il a fait du bon travail.Voyons... Les archives se trouvent dans les sous-sols, à côté des prisons hautement sécurisées qui servent seulement aux criminels les plus importants. Je ne pense pas qu'ils vivent pourtant mieux ici, c'est à peine si on les nourrit à leur faim. J'ai pris un sac avec quelques restes afin de le leur donner, ils ne méritent certainement pas de mourir de faim. Pas tant que je serais vivante.
Je descends rapidement les marches, allant plus vite en sachant que la voie est libre mais toujours sur mes gardes - peut-être que Dario à oublié quelqu'un ?
J'arrive enfin tout en bas, après avoir descendu pas moins de trois étages eux mêmes divisés en trois... Autant vous dire que c'est du sport. Je sens quelques gouttes de transpiration se former dans ma nuque, derrière mes cheveux auparavant soigneusement attachés, maintenant en une parfaite pagaille.
Je reprends mon souffle, toujours les cinq sens en alerte, et observe mon environnement.Trois énormes portes me font face.
Sur celle à la toute gauche, il est indiqué "STOCKS". J'imagine que c'est ici qu'on stocke toutes les denrées, cela ne m'étonnerait pas que cette salle prenne place sur tout le premier étage du sous-sol.
La porte centrale, elle, porte un écriteau gravé des mots "ARCHIVES". Pas de doute sur la fonction de cette pièce à priori. Dans mes souvenirs, la porte se desserve directement sur un escalier qui semble descendre vers le fond de la Tour. Endroit mystique mais dangereux, mes sentiments pétillent à l'idée d'y retourner.
Enfin, sur la troisième porte, plus petite que les deux autres et aussi moins entretenue, il est gravé au-dessus de la porte, à même la pierre, "HAUTE PRISON" . Cette fois encore, pas de doutes sur la fonction de cette pièce. Rien que le fait de regarder cette porte me met mal à l'aise, je n'ose imaginer la terreur que ce doit être d'y habiter...
J'hésite un instant à commencer par les archives, ce à quoi je ne peux patienter plus longtemps : je veux connaître ces évadés, tout du moins leur passé. Mais ces pauvres gens... C'est vrai qu'attendre une heure de plus ne leur fera pas plus de mal, mais de toute façon, je ne vais pas me balader avec un sac rempli de restes dans les archives. Ça gâcherait l'atmosphère mystérieuse de la pièce.
Alors je me décide et m'avance vers la porte de droite, le sac à la main. Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque je tourne la poignée rouillée, mais ce n'était forcément pas aussi impensable que la réalité.
Je m'étais trompé sur le stock en pensant qu'il occupait cet étage des sous-sols, c'est en réalité la prison qui l'occupe en maître.J'entre en refermant le plus doucement possible la porte et me retourne...
Oh mon dieu.
Ils sont tellement nombreux, tous maigres et chétifs tels d'angoissantes poupées morbides. Ils ne font même pas attention à moi, ne tournent pas la tête et semblent perdus dans un univers qui m'est inconnu.
Tous, sauf une.Une femme d'une bonne trentaine d'années me fixe de des yeux dorés et de ses cheveux blonds enmêlés. D'immenses cernes soulignent ses yeux et je ne peux que la comprendre, ils n'ont même pas de matelas, juste une couverture.
Ses grands yeux pleins d'espoirs s'agrandissent encore plus lorsque je m'avance vers elle, la main dans mon sac. Mais ce n'est pas de l'espoir, mais de la peur.« Hé, du calme. Je ne suis pas soldate, je viens vous aider. » Je dit d'une voix calme afin de la rassurer.
D'autres têtes se tournent vers moi en entendant ma voix, et me fixent tous d'un regard terrorisé.
« Bonjour tout le monde, je vous ai apporté de la nourriture en plus, vous avez l'air en piteux état... Malheureusement, je ne pensais pas que vous seriez autant, donc il va falloir partager. J'ai du pain, des pommes, des fruits secs et un peu de riz sans sauce. Vous pouvez faire passer aux autres, s'il vous plaît ? »
Je tend les aliments à un homme encore plus squelettique que les autres et il me regarde en hochant la tête, l'air heureux. Ils se passent toutes les denrées sans qu'aucune dispute n'éclate.
Je retourne près de la femme aux yeux d'or qui semble être la plus saine d'esprit en ce lieu si lugubre.Elle mange une pomme, un morceau à la fois, savourant cette infime liberté.
« On ne vous donne jamais à manger ici ? Les conditions dans lesquelles ils vous détiennent sont horribles ! Vous ne méritez certainement pas la sentence que vous purgez ici, j'en suis sûre. » Je lui lance, un faible sourire compatissant aux lèvres.
Elle lève la tête et semble avoir du mal à ouvrir la bouche pour enfin me répondre d'une voix frêle et aiguë.
« N-non... Je n'ai rien f-fait à par vivre. Je ne me souviens d-de... rien, rien du tout. Comme si on m'avait e-éffacé la mémoire. Ploum ! D'un coup... »
« Vous êtes ici depuis longtemps ? » Je la questionne, horrifiée par ses propos.
Mais je n'ai pas le temps d'entendre sa faible réponse que la porte s'ouvre et que trois soldats me pointent du doigt en s'écriant :
« Arrêtez-vous ! Reculez vous de la prisonnière BC#4672, c'est un ordre ! »
Les menottes claquent sur mes poignets alors que la prisonnière BC#4672 me montre quatre doigts.
Quatre ans.Bon sang... QUATRE ANS !
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Le Test De L'Eden
Science-FictionAprès l'épisode de la Guerre des Espèces, l'Eden à prit les choses en main. Les retombées chimiques ont rendues la plupart des humains incapables d'avoir des enfants, mais certains y arrivaient; c'était le début d'une magnifique grossesse. Et certai...