Le Test De L'Eden

Chapitre 9 : Dario Anconetti

Année 2150

J'ai craint le pire lorsque le sergent m'a convoqué. Mais au final, avec un brin de manipulation et d'innocence, je l'ai berné comme je le fais à chaque fois.

Je pars continuer mes occupations banales de soldats, ne voulant pas me faire remarquer une nouvelle fois dans la même journée - même si c'est très amusant.

Rien à signaler de la journée. Il faut dire que entre les dizaines et dizaines de soldats présents dans la base, mon absence ne changerait pas grand-chose ; il ne se passe jamais rien, sauf quand on a des visiteurs, évidemment. Mais quand ils partent, c'est terriblement silencieux, et je me dis parfois que cet endroit mériterait une bonne rénovation.

Enfin bref, je me rends à la salle commune pour prendre mon ticket de paie et me rends dans mes appartements, situés dans la troisième partie de la Tour.

Tout le personnel habite ici. Et il y bien assez de place, même trop. J'ai réussi discrètement à faire tout le tour de la Tour, de long en large, de haut en bas, et croyez moi, elle est immense.

À part les habitations, la Tour comporte évidemment l'accueil au premier étage, ainsi que la salle des tests, l'infirmerie et tout ce qui sert au Test des sélectionnés. Il y a également nos salles communes, la cafétéria et quelques salons de discussion éparpillés par-ci par-là.

Au deuxième étage, c'est tout le matériel de laboratoire, de médecine, des trucs dans lesquels je ne suis pas très qualifiés, en gros. Il y a aussi la salle des machines et celle des caméras, où rôde Everleigh. Elle est électricienne techniquement, mais elle s'occupe de tous les problèmes que rencontrent les machines. Je lui ai donné rendez-vous vers minuit dans mes appartements, mais rien de romantique, c'est purement et simplement professionnel entre nous. On en reparlera plus tard.

Au troisième, les habitations, divisées, comme chaque étages en autre petits étages, les plus importants en haut en les membres du personnel en bas. Je suis au milieu, mais plus vers le bas. Voyez comme je suis indispensable.

Et au dernier étage, il y a la salle des décisions et tout le blabla politique. C'est là que ce satané Aris Reed passe ses journées, se prélassant dans son riche mode de vie tranquille.

Je ne sais pas vraiment ce qui se passe réellement là-bas, les soldats sont sélectionnés parmi les plus obéissants et dociles, et je ne réponds visiblement à aucune de ces catégories.

Je pousse finalement la porte qui désigne ma petite chambre et me laisse retomber sur le lit. Les ressorts grincent  et mon dos me fait mal tellement le matelas est dur. Mais ça me rappelle que ce qui ne me tue pas, me rend plus fort.

Ciò che non ti uccide ti fortifica.

Mon père ne m'a pas appris grand chose. Il était dur et je le croyais sans cœur. Mais il m'a appris à ne plus me plaindre, qu'il suffit de travailler pour atteindre ses objectifs.

Enfin... Son père. Celui qu'on m'a inventé.

Mon "vrai" père m'a également quitté, mais d'une manière plus étrange. Toujours là, mais tellement loin de moi. Il a entièrement décidé ce changement et je savais que je ne pouvais rien dire, mais je trouvais ça lâche. Je suis parti ici, à la Tour, pour l'oublier.