Chapitre 48 : Eren Hudson

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Année 2155

"J'espère ne pas t'avoir trop déçu même si j'ai peu d'espoirs. Je... Je t'aime mon fils... "

Ava pleure et se débat dans les bras de son frère qui essaie de la retenir de retourner à la Tour. Felix les regarde, un air affligé sur son visage.
Et moi...
Moi j'écoute la voix de Dario dans ma tête, complètement immobile.
Non, rectification ; j'écoute la voix de mon père dans ma tête. Cette phrase était déjà des plus étrange, mais associer le prénom de Dario à mon père la rend peut-être encore plus dure à avaler.

Depuis tout ce temps où je cherchais ma famille, tout ce temps où j'ai été jaloux de la chance qu'Isaac a eu de ne plus être seul, mon père se trouvait littéralement devant mon nez ! Je n'y crois pas, c'est forcément une blague, même une blague de très mauvais goût... Je dois vérifier.

« Isaac. Tu peux me donner mon dossier ? » Je demande d'un coup, arrêtant du même coup toutes les actions de notre petit groupe.

Ils tournent tous la tête, surpris, sauf Felix qui, comme à son habitude, ne comprend jamais rien de ce qui se passe. Ça m'étonnerait même qu'il sache qu'il est perdu dans un groupe où il est le seul Terrien.

« Eren... Tu es sûr que c'est le bon moment ? Je veux dire... Tu vas connaître tes parents, c'est un grand choc... En plus on est toujours vulnérables ici, nous sommes toujours trop proches de la Tour pour nous reposer ! » Me répond Isaac, appuyé rapidement par Ava et ses hochements de tête précipités. Ava qui s'est carrément arrêtée de se lamenter pour Dario pour me regarder de ses grands yeux dorés humides.

« Vous étiez déjà au courant, c'est donc ça... Isaac, donne le moi, je veux juste vérifier si ce que Dario m'a dit est vrai. » Je lui réplique d'un ton sec et avide d'en finir avec l'incertitude.

Ils savaient tout les deux... Et ils ne m'ont rien dit !
Ni Issac à chaque fois que je lui rétorquait que j'étais orphelin.
Ni Ava quand nous étions seuls et que je lui demandais des réponses à mes questions.
Ni mon père en question, Dario, qui a attendu le moment de sa perte pour me prévenir que "oh, je suis ton père au fait, adieu !". Tu parles d'une famille...

Isaac et Ava baissent la tête et Isaac prend le dossier aux pages vieillies par le temps dans son sac.
Je le lui enlève des mains et l'ouvre d'un coup sans même m'attarder sur la couverture qui annonce un certain Akio Anconetti...

La première page parle d'elle-même :

• Prénoms : Akio Jin
• Nom : Anconetti
• Né le 16 janvier 2137 à Edenia
• A passé le Test de l'Eden le 4 décembre 2149. Balnenien découvert : envoyé à Abstractia depuis la date du 5 décembre 2149
• Père : Dario Vittorio Anconetti, soldat à la Tour, humain
• Mère : Lim Haseul / 림 하술, ancienne mère au foyer, balnenienne soupçonnée : éliminée le 5 décembre 2149

Isaac avait raison, ça me fait un choc. Pas forcément de savoir que Dario est mon père finalement, mais de savoir déjà prédire ce que contient le dossier rien qu'avec cette courte description.
Finalement, j'avais tort quand je disais que j'étais orphelin il y a quelques minutes. Par contre aujourd'hui je le suis vraiment. Ni père... Ni mère.

Mes amis me regardent d'un air soucieux alors que mon regard se bloque sur toutes ces données qui refusent de rentrer dans ma mémoire. Cet Akio Anconetti doit forcément être une autre personne, ce n'est pas moi, je ne m'identifie à rien sauf à Abstractia.

Je tourne la tête vers Felix. Son père a ruiné ma vie. J'aurais pu m'appeler Akio Jin Anconetti si ce test débile n'existait pas. J'aurais pu apprendre à connaître Dario, peut-être qu'avant nous étions encore plus proches que je ne l'ai jamais été avec quelqu'un ? J'aurais pu continuer à grandir avec ma mère, j'aurais pu la sauver de la mort prématurée qu'elle a eu à cause de moi.
Car, même si sur la fiche il est noté que c'est Dario qui est humain et elle qui est balnenienne, elle était innocente... Et elle est morte par ma faute et par la faute de mon père.

Je n'ai pas plus envie de critiquer Dario. Même s' il aurait dû mourir à la place de ma mère et même s' il aurait dû m'avertir avant que je n'étais pas si orphelin que ça a l'époque. Il a tout de même vu partir son fils unique et assisté à la mort de sa femme innocente le même jour.
Alors je ne lui en veux pas. Comme il le dit si bien, il faut oublier le passé et aller de l'avant.
Désormais c'est ma propre histoire qu'il faudra écrire, et mes parents ne sont pas morts ou emprisonnés pour que je me tourne les pouces sans rien changer dans ce monde pourri jusqu'à l'os.

Je referme les pages du dossier si rapidement qu'une photo s'échappe et tombe sur le sol, juste devant les pieds d'Ava. Elle se baisse doucement et la ramasse. Son regard reste posé dessus puis elle me regarde avec un sourire triste et un air compatissant, me tendant la photo d'un bras tremblant.
Je la fixe sans comprendre puis baisse le regard vers la petite photo qui tient sans dépasser la petite main d'Ava.
Et je comprends ce sourire triste compatissant qu'elle m'a affiché.

Dans ma main se tient une photo d'un petit garçon aux cheveux bruns foncés soulevé en l'air par un homme à la barbe et aux cheveux noirs aux yeux rieurs, tout deux observés d'un regard tendre par une femme aux cheveux noisettes et aux yeux bridés qui rit elle aussi aux éclats.

C'est un beau portrait de la famille que formaient Dario Anconetti, Lim Haseul et Akio Anconetti.
Un beau portrait que je garderais sur moi jusqu'à la fin.

« Ça va, Eren ? » Me demande Ava après quelques secondes.

Je relève la tête vers elle et lui sourit.

« Ça va étrangement beaucoup mieux que prévu. Je ne me sens plus vide, je me sens réellement vivant pour la première fois depuis longtemps. Désormais, il faut écrire une nouvelle histoire, aller de l'avant pour honorer tous ceux qu'on a perdus. » Je lui répond tout en parlant au groupe entier.

« Oh d'ailleurs, ça me fait penser... Désolé de vous interrompre mais maintenant... Où va-t-on ? » Nous questionne Felix, muet jusqu'à maintenant.

Je le regarde avec pour la première fois un sourire sincère. Isaac et Ava ont eux aussi comme passé un nouveau stade, l'histoire se termine, il est l'heure de créer la suivante.

« Aucune idée ! » Je lui réponds, amusé, tout en faisant monter mes épaules pour appuyer ma réponse.

« Mais la plupart des grandes histoires n'ont aucune direction au départ... C'est seulement après que tout se crée... »

Le Test De L'Eden Où les histoires vivent. Découvrez maintenant