Haldir rentrait de sa ronde au Nord de la forêt, lorsqu'il s'arrêta avec ses hommes à la bordure de Cerin Amroth.
Devant eux s'étendait la prairie habituellement vierge et verte, parsemée de milliers de fleurs jaunes et blanches. Le monticule qui se trouvait devant eux, cachait la cité de la dame blanche sous la cime des arbres géants.
Haldir parcourut la plaine du regard, ne pouvant s'empêcher d'apprécier la beauté et la douceur du lieu.
Le seigneur Celeborn attendait impatiemment son rapport, songea-t-il soudainement. Ils devaient faire vite, et rentrer porter les nouvelles.
Et elles n'étaient pas de très bon augure.
Celeborn s'inquiétait de plus en plus du nombre d'orques qui se rapprochaient de leur frontière, et à juste titre.
Haldir et ses troupes avaient encore une fois chassés un groupe de ces créatures qui s'était introduit dans le bois. Mais cette fois les orques étaient allés beaucoup plus loin que d'habitude. Ils s'étaient enfoncés dans la Lorien avec tellement de facilité qu'Haldir commençait à douter de leurs capacités à pouvoir les retenir.
C'était un problème qui allait devenir une véritable menace, songea-t-il anxieusement.
Il contempla une dernière fois la plaine, avant de se retourner vers ses hommes pour ordonner le départ. Mais une forme blanche attira soudainement son attention, et il s'arrêta dans son geste.
Il y avait quelque chose un peu plus bas dans la descente, sur la droite, caché dans les hautes herbes. Haldir ne parvint pas à voir ce dont il s'agissait, même en se concentrant, il ne vit qu'une forme allongée.
Le gardien de la Lorien fit un pas en avant, et voulant en avoir le cœur net, descendit la pente dans sa direction.
- Haldir ! le héla Rùmil, son plus jeune frère. Na van gwaeg? (Où vas-tu ?)
- Cenin baich (Il y a quelque chose là-bas), répondit-il.
Haldir dévala en courant le bas du tertre, et les elfes lui emboitèrent le pas, intrigués.
Arrivé en bas, il s'arrêta alors devant une vision des plus étranges.
Il y avait une jeune fille.
Elle était étendue dans une robe blanche. Les traits de son visage étaient sereins, et elle semblait endormie. Sa peau était pâle, et elle était jeune, nota Haldir, très jeune. Même pour une elfe, elle avait le physique d'une jeune fille à peine adulte.
Elle était couchée à la façon des sculptures des rois et les reines de la race des hommes. Raide et droite, ses cheveux d'un brun étaient éparpillés autour de sa tête, et les fleurs d'or et blanches paraissaient former une couronne au-dessus de sa tête. Mais ce qui l'étonna davantage était qu'elle tenait serrée contre elle une épée.
Sa robe lui arrivait en dessous du genou, et elle ne couvrait guère ses jambes et ses épaules. Malgré son embarras et l'inconvenance de sa tenue étrange, Haldir ne put détacher son regard.
Qui était-elle ?
Les elfes murmurèrent entre eux, appelant déjà cette apparition comme un dessein des Valar.
Haldir s'arracha à sa contemplation et s'agenouilla auprès de la jeune fille. Sa poitrine se soulevait de temps à autre et il remarqua qu'elle respirait doucement. Elle était vivante.
L'elfe examina son corps, mais ne remarqua aucune blessure. Sa robe ne portait aucune tâche de sang, et était d'un blanc immaculé.
D'où venait-elle ? Comment était-elle arrivée ici ? se demanda-t-il. Ils l'auraient repéré à l'instant où elle aurait passé la frontière de la Lorien. Il y avait des éclaireurs et des avant-postes partout. Et Haldir était certain qu'elle n'avait pût se faufiler entre les mailles de leurs filets.
Il toucha son bras et sentit qu'il était tiède. La robe blanche se plia sous le vent et un reflet nacré parcourut le tissu. Curieux, Haldir tendit la main pour le toucher. Le tissu s'écoula dans ses doigts comme de la soie, aussi insaisissable et voluptueux que l'eau.
Cette femme était étrangère. Il n'avait jamais vu de pareille matière en Terre du Milieu ! Mais dans ce cas d'où venait-elle ?
Venait-elle des frontières inconnues par-delà l'est ? Où des régions des Haradrims dans le Sud ?
Il examina son visage, et écarta les mèches de cheveux qui dissimulaient ses oreilles. Celles-ci se terminaient par une courbe adoucie.
Elle était humaine.
Les questions affluèrent dans son esprit, de plus en plus nombreuses.
- Man avo garo ? (Que devons-nous faire ?) demanda un elfe qui l'accompagnait.
- Hiril Galdriel gwaegin. Gwend pedî i nin, caro ù haust no. Noro lim! (Allez prévenir dame Galadriel. Dîtes-lui que nous avons une invitée, et qu'elle fasse préparer un lit. Vite ! )
L'elfe acquiesça et disparut en courant à la lisière du royaume de la Lorien. Il n'y avait qu'une personne qui pourrait répondre à ses questions. Et c'était dame Galadriel.
Haldir sentit ses frères, Rùmil et Orophil s'approcher derrière lui.
- Man i vess han? (Qui-est-cette femme ?) demanda Orophil.
- Glûdh ù na (Je n'en ai aucune idée).
Haldir écarta les mains de la jeune fille, et essaya de retirer l'épée qu'elle tenait serrée contre elle. Ses doigts se posèrent sur la garde et le métal de la lame.
- Ouch !
Une douleur lui vrilla soudainement la main, et il retira précipitamment ses doigts. Il les regarda, pensifs, alors que la sensation de brûlure s'insinuait dans son bras entier. Un reflet d'argent traversa la lame, le mettant en garde de recommencer.
Quel est donc ce maléfice ? pensa-t-il.
- Ui togo o nin ! (Apportez-moi un linge !), ordonna-t-il.
Un elfe fouilla dans une besace et lui tendit un morceau de tissu qui servait d'habitude à envelopper les fruits et les baies cueillies dans la forêt.
Haldir l'entoura autour de sa main, et retira l'épée de l'étreinte de la jeune fille, en essayant de ne pas se brûler. Une fois qu'il réussit à l'extraire, il l'enroula dans le pan de tissu et la donna à Rùmil.
- No dirweg flâd. (Fais attention à ne pas la toucher),le prévint-il. lhûthnin(Elle est ensorcelée).
Son frère cadet acquiesça, et la prit précautionneusement. Puis Haldir détacha sa cape elfique et couvrit la jeune humaine.
Il la souleva ensuite dans ses bras, et descendit la pente avec les autres elfes vers les grands arbres qui dissimulaient la cité des Galadhrim.
Les réponses viendraient plus tard. Pour l'heure, il fallait la mettre à l'abri.
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L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)
Fanfiction(Suite du livre II - à lire impérativement) Fille d'aubergiste en Eriador, Elanor ne pensait pas qu'elle se retrouverait un jour mêlée aux conflits de la Terre du Milieu. Alors que les rumeurs d'une guerre au Sud se font de plus en plus entendre, so...