chapitre 29 : la solution

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Merry et Pippin attendaient sagement dans les écuries, à côté de la stalle de Gripoil. Tous deux étaient un peu pâlot, Pippin notamment. Son sourire avait disparu. Elanor entra à la suite de Gandalf, et le visage du hobbit s'illumina légèrement en la voyant.

- Vous venez avec nous ? demanda-t-il plein d'espoir.

- Non, désolé Pippin.

- Oh, dit-il déçut.

Elanor se pencha et serra le hobbit dans ses bras.

- Prenez soin de vous. Et surtout, ne faîtes pas de bêtises !

- Oui. Vous allez me manquer Dame Elanor.

- Vous aussi.

Gandalf souleva Pippin, et le mit sur le dos de Gripoil.

- Nous nous retrouverons à Minas Tirith, dit-il à l'adresse d'Elanor. Tenez-vous prête pour la bataille.

Elanor acquiesça. Merry donna un petit paquet rectangulaire et plat à Pippin.

- Tiens, prends. C'est ma dernière feuille de Longoulet. Il n'y en a presque plus. Tu fumes un peu trop Pippin.

- Mais...et toi ? Tu n'en veux pas ? demanda Pippin.

- Je n'en ai pas besoin.

- On se reverra, hein Merry ? demanda Pippin.

- Je ne sais pas...

La peur apparut sur le visage de Pippin, et ses yeux s'affolèrent.

- Merry ?!

Gandalf monta derrière lui.

- Cours Gripoil, montres ce que célérité veux dire.

Il lança le cheval au galop, et le méaras blanc sortit en trombe des écuries.

Merry se précipita aussitôt vers l'extérieur, et courut vers une des palissades.

Troublée, Elanor sortit et remonta lentement les escaliers menant au palais. Merry avait disparu derrière les habitations, et elle vit sa petite silhouette grimper à toute allure la tour de garde la plus proche. A sa plus grande surprise, Aragorn était derrière lui.

Elanor s'arrêta à quelques pas de la porte, et regarda la silhouette de Gripoil, portant Gandalf et Pippin, galoper au loin, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'un point blanc à l'horizon.

Elle aurait tant aimé lui parler de Melian, et des détails de sa résurrection. Mais le temps leur manquait. Peut-être dans quelques semaines, elle trouverait le temps de tout lui raconter, s'ils étaient encore vivants.

L'idée d'une future bataille ne la réjouissait pas. Contrairement à ce qu'elle avait affirmé au roi Théoden, elle était morte de peur. D'autant plus qu'elle devait à présent affronter les Nazguls.

Depuis sa conversation avec Gandalf, Elanor sentait qu'il y avait quelque chose de caché, qui ne demandait qu'à être découvert. La solution à ses interrogations n'était pas loin, elle en était sûre.

Les neufs anneaux de pouvoirs... contrôlés par l'unique et Sauron... c'était évidemment le lien dont lui avait parlé Melian. Et cette malédiction... tout cela n'avait pas de sens.

Elle se rappela soudain de certaines paroles du magicien.

Les neufs anneaux étaient l'outil ayant contribué à la résurrection des Nazguls, sous la forme de spectres. Mais alors, que se passerait-il si les anneaux changeaient de porteur ?

Est-ce que les Nazguls resteraient des spectres ? Ou bien mourraient-ils ?

Un déclic se produisit dans l'esprit d'Elanor.

Elle avait eu la réponse sous les yeux depuis le début ! Ce qu'elle pouvait être bête !

Evidemment, elle devait s'emparer des neufs anneaux. Mais comment faire ? Et est-ce qu'elle ne serait pas elle-même sous le joug de Sauron ?

Son excitation redescendit un peu lorsqu'elle se souvint que les anneaux se trouvaient en Mordor, dans la main même de Sauron.

C'était une idée ridicule. Elle ne pourrait jamais prendre le contrôle de ces anneaux, à moins d'aller à Barad Dur et d'affronter Sauron. Elle n'était pas de taille pour cet ennemi. Même Gandalf ne l'était pas. Personne ne l'était.

Découragée, Elanor fit demi-tour, et regagna la grande salle. Gimli et Legolas se trouvaient toujours là et discutaient joyeusement. Tous les deux se retournèrent à son arrivée.

- Ah ! Vous revoilà ! s'exclama Gimli, ravi par sa présence.

Legolas vint aussitôt à sa rencontre.

- Qu'as-tu demandé à Mithrandir ? lui demanda-t-il.

Une lueur de curiosité brillait dans ses yeux. Elanor le regarda, prise de court, et hésita.

- Rien. Je voulais les accompagner jusqu'aux écuries, mentit-elle.

L'elfe hocha la tête.

Il s'éloigna, mais Elanor était sûre qu'il se posait des questions. Legolas n'était pas stupide, loin de là. Il avait deviné qu'elle n'y était pas simplement allée pour dire au-revoir à Pippin et Gandalf. A présent elle devait continuer à lui mentir, et ce n'était pas ce qu'elle préférait.

Pourtant, plus loin elle reporterait cette conversation, mieux se serait. Elle ne voulait pas voir leur visage déçu et leur chagrin.

Elanor s'assit à la table en face de Gimli, qui mangeait tranquillement son déjeuner. Tout en le regardant faire, elle repensa aux neufs anneaux.

Melian lui avait dit qu'il fallait qu'elle trouve un moyen. Un moyen...

Quelque chose qui lui permettrait de prendre les anneaux à distance ? Non. En revanche, quelque chose qui pousserait Sauron à lui livrer les anneaux... ou à redonner les anneaux aux Nazguls...

Pour en arriver à de telles extrémités, il faudrait que les Nazguls aient à affronter un ennemi aussi puissant qu'eux. Quelqu'un qui pourrait faire assez peur à Sauron pour qu'il se méfie, et veuille éliminer à tout prix la menace par la main de ses serviteurs.

Mais qui pourrait remplir cette mission ?

Gandalf ?

Oui, mais il était déjà partit pour Minas Tirith.

Elanor se perdit dans ses pensées, sans s'apercevoir que Legolas l'observait depuis quelques minutes.

Et elle ?

Ne pouvait-elle pas le faire ?

Trouver un moyen... Oui c'était à elle de le faire. Après tout, Mandos l'avait renvoyé en Terre du Milieu dans ce but précis. Voilà qui devrait alerter Sauron.

Mais alors, autre problème... Comment allait-elle provoquer l'ennemi ?

Aragorn entra à ce moment dans la salle, accompagné de Merry.

Elanor le regarda pensivement, et remarqua qu'il n'avait plus le paquet que lui avait donné Gandalf, et qui contenait le Palantir. Ses mains étaient vides.

Elanor ne mit qu'une seconde avant de percuter.

Le Palantir.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant