PART IV / chapitre 45 : les champs du Pelennor

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Un peu plus loin, Eowyn regarda Elanor remonter sur son cheval noir, et prendre place à côté du roi. Son initiative fut accueillie par des regards surpris des soldats. L'amure en argent d'Elanor brillait comme un joyau étincelant, tout comme son heaume duquel s'échappait une chevelure brune sauvage. Eowyn fut encore plus frappée par les traits de son visage, qui étaient aussi délicats, sinon comparables à la beauté des elfes.

Eowyn remonta en selle avec Merry, et suivit la garde du roi de loin.

Les hommes regardaient Elanor avec une expression étrange, qui ressemblait davantage à de la fascination qu'à autre chose. Cela surprit Eowyn, qui se demanda ce qu'il se passait. Elle se rappela les mots de Merry, qu'il devait tout juste de lui dire quelques minutes plus tôt.

Elanor était jeune. Tout comme Eowyn, elle avait la vie devant elle. Elle avait tant de choses à vivre...

Elle comprit alors. Elle comprit la signification de ce regard, cette lueur féroce qui naissait dans les yeux et le cœur des hommes.

Elanor représentait tout ce pourquoi ils se battaient. Ce pourquoi ils allaient au Gondor en ce moment.

Il y avait des mères, des femmes, des filles et des fils qui attendaient le retour triomphant de chaque Rohirim.

Ils devaient être sauvés.

OOO

Alors qu'ils galopaient vers Minas Tirith, le soleil se coucha et la nuit tomba. Même dans les ténèbres, on voyait l'armure d'Elanor luire sous la lumière de la lune. Tous chevauchèrent sans s'arrêter une seule fois. La ferveur avait pris le pas sur la peur et l'ombre.

Les premiers bruits de tambours et de cris inhumains se firent entendre à l'aube. Le sol grondait sous les sabots des chevaux, et ne faisaient que s'intensifier alors qu'ils s'approchaient des champs du Pelennor.

- Sonnez le cor ! ordonna Théoden.

Plusieurs soldats décrochèrent une corne, et soufflèrent dedans. Leur arrivée fut annoncée par un son clair assourdissant.

Elanor gravit le haut de la colline en première ligne, et la vit enfin

Minas Tirith.

Des milliers d'orques, trolls, gobelins, Uruk-hai s'étaient amassés devant la cité blanche, s'entassant par bataillons entiers devant les portes. La marée noire était si dense et étendue dans la plaine qu'Elanor en eut le vertige. Il était impossible de les dénombrer. Peut-être étaient-ils dix milles... quinze mille, ou plus. Des tours étaient collés contre les murs de Minas Tirith, et déversait un flot continu d'orques. Pendant ce temps, des machines de guerres effrayantes, envoyaient d'énormes rochers se fracasser contre les plus hauts remparts de la ville.

Des panaches de fumées denses et noirs s'échappaient en grande quantité de la ville en feu, allant s'ajouter aux nuages épais qui cachaient le ciel et le soleil. Minas Tirith était en feu.

Le regard d'Elanor fut attiré par les silhouettes sombres qui planaient dans les airs, comme des vautours au-dessus de leur proie. Certains plongeaient en piqué sur Minas Tirith, et remontaient quelques secondes plus tard les griffes chargés de petites choses brillantes, qu'ils laissaient aussitôt retomber.

Les Nazguls.

Le ventre d'Elanor fit un soubresaut lorsqu'elle réalisa que ce qu'ils jetaient étaient probablement des hommes.

Une vague de nervosité et de défaitisme parcourut les Rohirims. Théoden se mit à parcourir la ligne désordonnée

- Formez la ligne !

Les soldats sortirent de leur paralysie, et s'exécutèrent aussitôt.

- Eomer ! Amène tes hommes au pied du flanc gauche ! ordonna Théoden.

- Mes hommes sont prêts ! répondit Eomer.

Théoden repartit dans l'autre sens, et passa rapidement devant Elanor. Elle tourna la tête pour le suivre du regard, et aperçut Merry et Eowyn, qui se trouvaient quelques mètres à sa droite, en deuxième ligne.

Le regard d'Eowyn était rempli de terreur, tout comme le sien. Elanor lui adressa un faible sourire.

- Gamelin ! s'écria Théoden. Suivez l'étendard du roi, au centre !

- A vos ordres.

- Grimbold, menez votre compagnie à droite quand vous aurez passé le mur.

- Oui, monseigneur !

Théoden arrêta Nivacrin, et se tourna vers eux.

- En avant ! Ne craignez aucune obscurité ! hurla t-il. Debout ! Debout cavaliers de Théoden ! Les lances seront secouées, les boucliers voleront en éclats ! Une journée de l'épée ! Une journée rouge ! Avant que le soleil ne se lève.

Théoden tira son épée, et le brandit vers le ciel. Il posa son regard sur Elanor.

- Chevauchez avec moi !

Elanor avait la main posée sur la garde de Niphredil. N'y tenant plus, elle tira son épée et la fit glisser hors de son fourreau. Le reste des Rohirims firent exactement la même chose, et empoigèrent leur épée avec une nouvelle conviction.

Le discours d'encouragement de Théoden commençait à faire son effet. Elanor se sentait d'ailleurs mieux, et n'avait plus ce tremblement dans les mains.

- Au galop ! hurla Théoden. Courez à votre perte ! Courez à la fin du monde ! A mort !

Théoden brandit son épée avec rage. L'excitation et la même furie enflamma immédiatement leurs poumons, et Elanor souleva son épée dans les airs tout en criant en chœur avec les autres.

-A MORT !!

L'armée des six milles cavaliers était en liesse. Les Rohirims reprirent le cri de guerre à plusieurs reprises.

- POUR EORLINGAS !

Théoden s'élança vers Minas Tirith. Elanor n'eut pas besoin de donner le signal à Nahar, le cheval partit aussitôt.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant