PART II / chapitre 23 : un moment de répit

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Les rumeurs de la fête s'évanouirent peu à peu. Alors que le silence retombait sur Edoras, Elanor se mit à dodeliner de la tête et commença à s'assoupir contre l'épaule de Legolas. Ce dernier comprit alors qu'il était temps de rentrer à l'intérieur. L'elfe passa un bras autour de sa taille, et l'entraina vers la porte.

Elanor protesta faiblement, mais ne résista pas longtemps et se laissa trainer. Le grand couloir était vide lorsqu'ils le traversèrent. Quelques rires d'hommes résonnèrent au loin dans la grande salle, provenant des derniers fêtards qui s'attardaient encore.

Legolas s'arrêta soudainement et regarda les nombreuses portes alignées dans le corridor avec perplexité.

Laquelle était la chambre d'Elanor ? se demanda-t-il.

Elanor sortit de sa somnolence et pointa dans une direction.

- C'est celle-là.

Legolas acquiesça et raffermit sa prise sur sa taille avant d'avancer vers la seconde porte sur la gauche.

Il les fit entrer et déposa Elanor sur le lit. Une chaleur agréable régnait à l'intérieur de la chambre. Le feu de cheminée n'était pas encore éteint, et la pièce était éclairée par une faible lueur tamisée. Elanor s'allongea presque aussitôt, et ne tarda pas à s'endormir.

Legolas s'assit à côté d'elle, et la veilla pendant des heures, observant fasciné sa poitrine se soulever doucement au rythme de sa respiration. Elle n'était qu'une enfant, pensa-t-il. Une mortelle qui avait à peine vingt hivers passés. Alors qu'il la regardait, il songea à quel point elle était innocente et délicate. Lui-même avait vécu des générations d'hommes, occupé à défendre les frontières de son royaume. Il avait vu trop de choses, s'était battu trop de fois pour n'importe quel humain, même le plus vieux d'entre eux. Elanor n'avait aucune idée de tout cela. Même si elle s'était montrée étonnamment habile à cheval et avec une épée à la main. A ses yeux, et pour les siens, elle n'avait même pas atteint l'âge adulte d'une elleth.

Mais elle était différente. L'idée aurait pu lui paraître monstrueuse si Elanor avait été une de ses semblables. Mais elle ne l'était pas. Elle était mortelle. Ce qui changeait tout.

Il essaya d'oublier l'idée qu'un gouffre les séparait, et se concentra sur des pensées plus positives, repensant à la chaleur agréable de ses bras et le goût de ses lèvres.

Il n'aurait jamais cru pouvoir vivre ça un jour. Les Valar avaient exaucés son vœu le plus cher en la ramenant à la vie. Bien qu'il ne sache pas exactement pourquoi. Il aimait à penser qu'ils avaient décidés de lui rendre ce qui lui avait été arraché trop tôt.

En fait, le retour d'Elanor était... surprenant. Peut-être y avait-il une toute autre raison derrière ce miracle. Mais la volonté des Valar restait pour l'instant un mystère.

Elanor soupira, et remua dans son sommeil. Legolas replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Le feu de la cheminée s'était à présent éteint, mais à un moment il se raviva brusquement dans un craquement sec. Troublé, Legolas se retourna vers la source du bruit.

Il observa les flammes, et les regarda danser joyeusement dans l'âtre.

Le feu dégageait une odeur puissante de toxicité.

Mais ce qui inquiétait surtout l'elfe, était le malaise qu'il ressentit tout à coup. L'air était chargé d'une énergie menaçante et belliqueuse. Une ombre avait recouvert Meduseld.

Convaincu que quelque chose ne tournait pas rond, Legolas se leva du lit et quitta la pièce. Il jeta un dernier regard à Elanor, puis ferma la porte silencieusement. L'elfe se dirigea ensuite vers le dortoir des hommes.

Tous les membres de la communauté de l'anneau, et quelques Rohirims, dormaient à poings fermés. L'elfe esquissa un rictus en entendant Gimli ronfler, et slaloma entre les différents lits jusqu'à sa couchette d'un pas léger. Son arc, son carquois et ses deux dagues n'avaient pas bougées, et la cape de la Lorien reposait sur l'oreiller.

Legolas attrapa le vêtement gris, s'en habilla, et sortit sans faire de bruit, prenant la direction de l'extérieur.

Une fois dehors, la brise froide de la nuit frappa son visage, mais il le sentit à peine.

Il s'avança sur la corniche, et balaya du regard la plaine qui s'étendait en contrebas.

Elle était déserte. Et un silence inhabituel dominait l'atmosphère.

Le chant des oiseaux, les piétinements des animaux, et même le bruissement du vent sur l'herbe et les fleurs de la prairie était inaudible.

Il leva la tête, et constata avec étonnement qu'il n'y avait aucune étoile dans le ciel.

Tout n'était que ténèbres.

Eärendil, l'étoile bienveillante, n'était plus visible. L'elfe fronça les sourcils, et observa la ligne d'horizon, par-delà la chaine des montagnes blanches.

De gros nuages épais et denses s'étaient avancés, et étaient responsables de ce phénomène.

Le Mordor avançait.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant