chapitre 44 : à visage découvert

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La jeune fille blonde releva la tête, et regarda Elanor avec des yeux apeurés.

- Eowyn, c'est vous ?!

- Je vous en prie, baissez la voix ! l'implora t-elle.

Elanor ferma la bouche et se tut, ébahie.

- Vous êtes venue...

- Je... je ne pouvais pas rester en arrière !

- Vous êtes folle ! Si le roi Théoden ou Eomer l'apprennent, ils-

- Ils ne doivent pas savoir !

- Vous auriez peut-être dû y penser avant, répondit Elanor.

- Allez-vous me dénoncer ?

Eowyn paraissait horrifiée rien qu'à cette idée. Elanor la dévisagea, tout comme Merry et Eowyn la dévisageait elle. Chacun d'eux attendait sa réponse.

Le hobbit s'était déplacé à côté d'Eowyn, et regardait la scène avec inquiétude. Il était au courant, devina Elanor.

Elanor songea à Théoden et Eomer qui croyaient Eowyn partie pour Edoras. Que devait-elle faire ? Dénoncer Eowyn ?

Ses craintes s'étaient révélées vraies. Eowyn s'était jeté tête baissée au-devant du danger. Oh par les Valar !

Elanor avala sa salive, essayant de ne pas penser à la réaction d'Eomer s'il découvrait la présence de sa sœur parmi eux. Et surtout avec elle... Il la tuerait.

Elanor regarda Eowyn. Celle-ci avait enlevé son casque, et attendait sa réponse, soucieuse mais déterminée. Elanor soupira.

- Je ne dirais rien. Vous avez ma parole.

Eowyn se détendit immédiatement.

- Je vous suis redevable. Merci beaucoup.

Le visage un peu pâle, Elanor hocha la tête.

- Essayez juste de ne pas vous faire tuer.

- Vous allez rester avec nous Elanor ? demanda Merry, plein d'espoir.

- Non. Il vaut mieux que je reste loin de vous. Surtout si vous voulez rester discrets.

Elanor regarda les Rohirims autour d'elle.

- Je ne suis pas du genre à passer inaperçue. Vous êtes plus doués que moi pour ça.

Elanor se faisait en effet remarquer, non pas seulement à cause de sa féminité, mais aussi parce qu'elle avait une allure complétement différente du reste des soldats. Alors que les hommes du Rohan arboraient des armoiries vertes et dorés, Elanor avait une armure elfique en argent qui réfléchissait la lumière du soleil.

Eowyn acquiesça, comprenant ce qu'elle voulait dire. Mais Merry parut déçu, et perdit son sourire.

- Je resterais près de vous, ne vous inquiétez pas. Je ne serais pas loin. A tout à l'heure.

Elanor leur adressa un petit signe de la main, et repartit du côté où elle avait laissé Nahar. Théoden et sa garde se trouvaient à quelques mètres. Tout en gardant un œil sur Eowyn et Merry, Elanor observa le roi et ses conseillers discuter.

Eomer revint à ce moment, accompagné de deux cavaliers.

- Les éclaireurs disent que Minas Tirith est encerclé, dit-il. Le niveau inférieur est en flamme, et les Nazguls attaquent par les airs. Les légions ennemies arrivent de toute part.

- Le temps nous dessert, dit Théoden. Il faut repartir maintenant. Ou il sera trop tard.

Elanor qui avait tout entendu, sentit sa peau se hérisser lorsqu'il parla des Nazguls.

Ainsi, Elrond avait dit vrai. Sauron avait envoyé les neufs pour faire tomber Minas Tirith. Les Nazguls... Elanor espérait intérieurement que son plan avec le palantir ait marché. Mais après quoi ? Comment allait-elle faire ?

Allait-elle attaquer les Nazguls ?

Cette idée n'avait aucun sens, et elle était même suicidaire.

Et pourtant, Elanor ne voyait pas d'autre possibilité...

- Tenez-vous prêt ! s'écria Eomer. Sonnez le départ !

Sa voix sortit les Rohirims de leur léthargie, et tous remontèrent sur leur cheval.

Elanor se retourna, et croisa le regard inquiet d'Eowyn. Leur échange silencieux fut brutalement coupé, lorsqu'une main se posa sur l'épaule d'Elanor.

- Vous n'auriez pas dû nous suivre, jeune fille.

Elanor sursauta, et fit volte-face. Elle se retrouva devant Théoden.

- Cependant, Elrond vous tient en grande estime. Il m'a dit que vous étiez spéciale...

Théoden avait à présent les yeux remplis de curiosité.

- J'ai entendu d'étranges choses à votre sujet. Mes hommes parlent d'histoires d'apparition, d'une colline nommée Cerin Amroth, et de fleurs sur lesquelles les elfes vous auraient trouvés couchée. Je ne doute pas de leur parole, ni de celle des elfes et du seigneur Elrond.

Elanor le regarda, stupéfaite. Elle réalisa soudain d'où venait ce surnom « La Fleur de Cerin Amroth », et pourquoi on l'appelait ainsi. Etait-elle vraiment couchée sur des fleurs ? Elanor n'en avait aucuns souvenirs, si ce n'est le visage d'Haldir penché au-dessus d'elle.

Théoden continuait de la regarder avec interrogation, mais un sourire craqua sur son visage soudainement.

- Allons... ne restez pas en arrière, dit-il. Venez chevauchez avec moi.

- Pourquoi ? demanda Elanor. Pourquoi moi ?

Théoden se retourna.

- Vous êtes une invitée de marque, et mes hommes ont besoin de voir votre visage. Beaucoup n'ont pas oubliés le Gouffre de Helm...

Il repartit vers son cheval, et Elanor le suivit du regard, perplexe. Se demandant si ce qui s'était passé était un rêve ou était bien réel, elle resta quelques secondes sans bouger. Puis elle se réveilla, en voyant tous les Rohirims autour d'elle s'agiter. Elle attrapa la bride de Nahar, et monta sur son dos.

- Hâtez-vous ! Nous chevaucherons de nuit ! s'écria Théoden.

Un homme sonna le cor, et ils repartirent au galop.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant