chapitre 47 : les hommes du Sud

5.2K 465 15
                                    

Ce n'était donc pas des légendes. Ils existaient vraiment !

La peur se dessina peu à peu sur le visage des Rohirims, qui regardèrent mortifiés cette nouvelle menace s'avancer vers eux. L'excitation et l'adrénaline de la charge disparue brusquement. Devant ces immenses créatures, tous les cavaliers du Rohan se posèrent la même question. Allaient-ils survivre à ça ?

Ces hommes qui venaient du Sud, à dos d'Oliphant étaient des Haradrims. Elanor avait entendu des récits abominables à propos d'eux. On disait qu'ils vivaient dans ses terres arides, inhospitalières... et que leurs pratiques étaient cruelles et sanguinaires.

Cet ennemi était totalement inconnu. Elanor, ni aucun Rohirim ne les avaient combattus. Ce n'était pas des orques, mais des hommes fait de chair et de sang rouge, comme le leur. Ce qui était assez perturbant.

Des hommes corrompus par Sauron, essaya de se dire Elanor.

La peur et l'appréhension la firent bientôt trembler comme une feuille. Elle avait une aversion viscérale pour les orques, et n'éprouvait aucune pitié à les tuer. Ils n'avaient rien d'humains. Mais tuer un homme, même corrompu... elle n'était pas certaine d'en avoir l'envie ni le courage.

Le cor des Haradrims résonna dans la plaine.

- Reformez la ligne ! ordonna Théoden. Sonnez la charge ! Attaquez de front !

Les cavaliers formèrent tant bien que mal une nouvelle ligne. Elanor resta en arrière, pétrifiée. Théoden lança la charge, et ils partirent au galop.

Les Oliphant étaient à une centaine de mètres, mais ils devenaient de plus en plus immenses. Plus ils s'avançaient, et plus Elanor ressentait l'envie irrépressible de faire demi-tour. Peut-être aurait-elle dû écouter son instinct.

L'impact fut d'une violence inouïe.

L'Oliphant de tête qui était le plus massif et le plus agité, balança ses défenses à droite à gauche avec agressivité. Tout bascula en une seconde. Des cris, des hennissements et des bruits en tous genres explosèrent lorsqu'il faucha les cavaliers. Certains furent projetés dans l'air comme des poupées de chiffon, et retombèrent morts sur le sol, quelques centaines de mètres plus bas.

Horrifiés, les Rohirims paniquèrent.

Les autres Oliphant chargèrent, et Elanor manqua de peu de se faire embrocher par une des défenses. Nahar fut heureusement assez rapide pour esquiver l'attaque, et elle se faufila sous la bête. Il slaloma audacieusement entre les pieds de l'Oliphant, et Elanor fut soulagée de ne pas avoir à le diriger. Nahar semblait savoir où aller instinctivement.

Alors que les rangs étaient brisés et que les Rohirims perdaient pied, les Haradrims profitèrent de la confusion pour décocher leurs flèches et tuer le maximum d'hommes. Elanor s'éloigna le plus vite possible, avant d'éviter de se faire attaquer. Elle n'avait pas d'arc pour se défendre, juste son épée.

Eomer fut le premier à tuer un des Oliphant. Et pas n'importe lequel... le leader. Elanor regarda avec effarement la bête hurler et basculer sur le côté, percutant un de ses congénères. Les deux Oliphants tombèrent, et ne bougèrent plus, emmêlés l'un sur l'autre.

- Visez les têtes ! s'exclama Eomer.

Une pluie de flèches acheva de les tuer. Les Rohirims reprirent alors espoir.

Elanor fut contaminée par ce sentiment d'immunité, et lança son cheval au galop dans la mêlée. En passant sous un Oliphant, elle parvint à lui entailler profondément la chair d'une de ses pattes, et il bascula sur le côté. Un autre soldat passa derrière elle presque aussitôt, et acheva de le mettre à terre.

En levant la tête, Elanor s'aperçut que le soleil avait de nouveau disparut derrière les nuages. Les orques choisirent ce moment pour revenir à la charge.

Elle s'aperçut alors qu'elle était seule, et que les Rohirims avaient continués de galoper de l'autre côté de la plaine, prenant d'assaut les Oliphant.

Elanor regarda les orques affluer vers elle, interloquée, et para de justesse la lame bosselée d'un orque pâle. Elle lui entailla le bras, puis lui trancha la gorge. Un autre orque bondit aussitôt sur elle, et s'accrocha à sa selle et son bras.

Elanor essaya de lui faire lâcher prise, mais rien n'y fit. L'orque lui monta ses dents jaunâtres, et grogna, tout en affichant un sourire goguenard.

Son visage défiguré était à quelques centimètres du sien, et son haleine putride la frappa. Elanor eut un mouvement de recul, suivit d'un violent flash-back.

L'embuscade dans la forêt, un an plus tôt. Les orques qui l'avait enlevée et la portaient. Leurs mains sur elles qui s'attardaient parfois à des endroits où elle ne le voulait pas. Leurs regards lubriques... Elanor sursauta violemment, et envoya son coup de poing dans la figure de l'orque.

Surprit, il gémit, et lâcha son bras, basculant en arrière. Elanor lui plongea son épée dans le ventre.

L'orque tomba, mort. Elanor ne perdit pas de temps, et talonna Nahar pour faire demi-tour.

Les orques s'élancèrent à sa poursuite, et Elanor fonça en direction des Rohirims, qui se trouvait à une certaine de mètres. Elle se retourna brièvement pour regarder derrière elle, et vit avec soulagement, que les orques étaient largement distancés. Cependant, quelque chose n'allait pas.

Ils n'avançaient plus.

Pourquoi ils n'avançaient plus ?

Elanor fronça les sourcils, perplexe, et vit soudain une forme étrange apparaître sur le sol. L'ombre grossissait, et avait l'apparence... d'un oiseau.

Un courant d'air glacial souffla sur sa nuque, et Elanor leva les yeux.

Un cri strident retentit à cet instant dans les airs.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant