chapitre 46 : la charge

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Il dévala la pente à une vitesse folle. Le vent fouettait son visage violemment, mais Elanor n'y pensait même pas, et hurlait sauvagement. Les cris des hommes et le tumulte des sabots derrière elle la rendait sourde, au point qu'elle ne s'entendait même pas crier. Niphredil était serrée dans sa main, et elle sentait son énergie vibrer à travers le métal froid de la garde. La ligne des orques se rapprochait dangereusement.

Mais elle n'avait plus peur.

Nahar dépassa bientôt tous les autres chevaux, même Nivacrin, le cheval blanc de Théoden. Elanor ne pouvait pas l'arrêter. Il était devenu incontrôlable.

Le soleil transperça brusquement les nuages épais qui recouvraient la plaine, et répandit sa lumière sur les deux armées. A cet instant, les rayons tombèrent sur l'épée et l'armure d'Elanor. Elle ne devint alors qu'un point blanc aveuglant, filant vers Minas Tirith.

Les orques se recroquevillèrent aussitôt. Cette sensation désagréable des rayons du soleil sur leur peau ainsi que la lumière qui avançait vers eux, leur était insupportable. Beaucoup se couvrirent les yeux en gémissant, incapable de regarder en face la lueur blanche qui grossissait à vue d'œil, et qui cachait les Rohirims. Alors que le bruit des sabots, et les cris se rapprochaient, certains des orques comprirent le danger, et commencèrent à reculer, effrayés.

- Tenez les positions ! ordonna leur chef, un orque blanc boursouflé. Tirez !

Les orques bandèrent leurs arcs et tirèrent une volée de flèches.

Les traits noirs disparurent dans la vive lumière blanche. Rien ne se passa pendant une-demi seconde, puis la lueur aveuglante s'évanouit.

L'armée du Rohan réapparut à moins de vingt mètres. Intacte.

Cela causa la panique dans les rangs du Mordor.

Certains s'enfuirent à toutes jambes, ignorant les ordres. Et même les plus téméraires reculèrent, hurlant et ne comprenant pas ce qui s'était passé.

Les Rohirims ne leur laissèrent pas le temps de réfléchir, et leurs chevaux les percutèrent de plein fouet.

Le choc fut brutal. Elanor s'accrocha aux rênes, laissant à Nahar le loisir de faucher autant d'orques qu'il voulait. Lorsqu'ils s'avancèrent plus profondément dans les rangs, Elanor se retrouva presque isolée, et dut se servir de son épée.

Son bras battait l'air, coupant une tête, un bras, un torse. Le sang noir se mit à gicler, et le bras et le visage d'Elanor en furent bientôt recouverts. Elle esquissa une grimace de dégoût, mais continua tout de même. Elle n'avait plus vraiment conscience de ce qu'elle faisait, hormis qu'elle ressentait une haine viscérale, un besoin irrépressible de casser de l'orque.

Nahar continuait de galoper, impossible à stopper dans sa course. Il faucha un grand nombre d'orques, et en piétina tout autant sans perdre l'équilibre, ni tomber. De nombreux Rohirims la dépassèrent, dont Théoden, qui sa garde jusqu'au pied des remparts de Minas Tirith.

En quelques minutes, l'armée des orques fut brisée, la moitié au moins écrasée sous les sabots des chevaux. Certains osèrent leur foncer dessus pour les attaquer, mais beaucoup d'orques préfèrent battre en retraite. Le soleil brillait chaleureusement dans le ciel.

Les Rohirims poussèrent des cris de victoires.

Elanor immobilisa Nahar, et elle fut rapidement rejointe par Théoden.

- Quelle était donc cette lumière ?!

Eomer arriva au triple galop à côté de son oncle, et lança à Elanor le même regard ébahi. Elanor les regarda tous deux avec confusion.

- Elrond ne m'avait pas dit que vous étiez magicienne, reprit Théoden. Vous avez sauvé la vie de beaucoup de mes hommes aujourd'hui. Je vous suis redevable.

Il inclina la tête en signe de remerciement, et repartit dans la mêlée. Elanor échangea un regard avec Eomer, et remarqua que son expression s'était légèrement radoucie. Il lui adressa un signe de tête, et repartit à la suite de son oncle.

Magicienne ? Une lumière ? Mais que diable, de quoi parlait donc Théoden ?

Elle leva la tête vers le ciel, et regarda le soleil qui brillait intensément. Elanor remarqua que quelque chose clochait au-dessus de Minas Tirith. Elle se mit à chercher la présence des Nazguls, mais ne les vit pas. Ils avaient disparus.

Probablement chassés pas le soleil, pensa-t-elle. Est-ce que eux aussi ils y étaient sensibles ?

Elanor en était moins sûre.

Théoden hurla des ordres au loin, et Elanor talonna Nahar pour se rapprocher.

- Les orques prennent la fuite ! lança Grimbold.

- Il faut les poussez-les vers le fleuve ! s'exclama Eomer.

- Non ! Il faut protéger la cité ! rétorqua Théoden.

Un bourdonnement les fit soudainement se taire. Tous tournèrent les yeux vers le Sud. Leurs mines réjouies s'évanouirent.

Une vingtaine de silhouettes gigantesques se profilèrent à l'autre bout de la plaine. Un chant barbare et des tambours résonnèrent dans l'air. La terre se mit à gronder sous leurs pas, et Elanor parvint à distinguer que les créatures portaient des petites cabanes sur le dos.

Qu'est-ce que c'était ?

Ils se rapprochaient à grande vitesse. Les bêtes grossissaient de plus en plus, et Elanor put enfin les détailler correctement. C'était des créatures à quatre pattes, grises, et étranges. Toutes avaient une trompe et d'énormes défenses, longues de plusieurs mètres.

Elanor ne pouvait pas en croire ses yeux.

Des Oliphants.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant