chapitre 43 : solitude

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Ils chevauchèrent pendant deux jours sans presque s'arrêter. Elanor ne retrouva pas la trace du sauveur de Merry. Tous deux s'étaient volatilisés dans la nature.

La première nuit qu'ils passèrent fut pour Elanor une torture. Fini les commodités, tous les Rohirims avaient abandonnés les tentes blanches derrières eux, et la plaine se transforma en dortoir géant, aussi bien pour les hommes que pour les chevaux. Elanor s'emmitoufla dans une couverture de lin, mais qui n'était cependant pas suffisamment épaisse pour l'isoler du froid. Elle pensa sans le vouloir à Legolas, qui lui ne ressentait jamais les inconvénients d'une température au-dessous de zéro, et un sourire naquit sur ses lèvres.

Il s'évanouit presque aussitôt. Legolas était partit, loin d'elle, encore une fois. Elanor porta sa main à son cou, et serra le pendentif en crystal entre ses doigts. Elle y chercha un peu de chaleur et de réconfort, et étonnement, il lui sembla avoir tout à coup moins froid.

C'était la seconde fois qu'ils étaient séparés, et Elanor avait la désagréable sensation que le scénario se répétait. Elle avait tout fait pour rejoindre le Gouffre de Helm à temps, et voilà que la volonté des Valar leur jouait encore des tours en les éloignant.

Legolas lui manquait. Sa présence, la chaleur de ses bras, le goût de ses lèvres... tout lui manquait.

Elanor se recroquevilla, s'enfonçant un peu plus dans le creux du talus sur lequel elle s'était installée.

Certains hommes autour d'elle ronflaient, et d'autres gémissaient dans leur sommeil. Elle ne se sentait pas vraiment à sa place ici. Les regards des Rohirims l'avait suivi toute la soirée, mais aucun n'avait osé cependant lui adresser la parole. Elanor regrettait presque la présence de Legolas, Aragorn et Gimli. Elle ne s'était jamais sentie mal à l'aise en leur compagnie, même lorsque Boromir était encore là. Leur présence masculine ne l'avait jamais étouffée.

Hors ici, c'était le cas. Elle se sentait seule au monde.

Six milles hommes.

Une femme. Elle en l'occurrence.

Elanor ferma les yeux, mais elle ne dormit presque pas de la nuit.

OOO

Ils repartirent à la première lueur du jour. Elanor somnola un peu sur Nahar, mais n'eut pas le loisir de faire une sieste, car Théoden les guida vers le Gondor à une allure soutenue. Ils contournèrent la chaine des montagnes blanches, et prirent la direction du Sud. Le ciel bleu se teinta alors d'une leur rougeâtre à l'horizon, et d'épais nuages noires se dessinèrent au-dessus du Mordor.

Un tache sombre se détachait au-milieu de tout cela, en forme de pic rocheux.

La montagne du destin.

Elanor pensa à Frodon et Sam. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ?

Etaient-ils au moins encore vivants ?

En fin d'après-midi, Théoden leur octroya une pause alors qu'ils étaient près d'une rivière. Les chevaux et les hommes en profitèrent pour se désaltérer, et Elanor nettoya la sueur et la crasse qui s'était accumulée sur son visage.

Ses pensées dérivèrent rêveusement vers les eaux cristallines de la Lorien et de Fondcombe...

Alors qu'elle marchait sans regarder devant elle, quelque chose la percuta et lui fit perdre l'équilibre.

- Hey !

- Aille ! s'exclama une petite voix fluette.

Elanor baissa les yeux.

- Merry !

Le hobbit se releva, et son expression passa de la contrarié à la surprise, puis à la joie.

- Elanor ! Mais que faites-vous ici ?!

- C'est plutôt moi qui devrait vous poser la question. Mais où étiez-vous bon sang ? Qu'est-ce qui vous a pris de partir tout seul ?

Elle posa ses mains sur ses épaules, et commença à le secouer comme un prunier. Merry la regarda avec des yeux ronds, pétrifié.

- Mais- Mais je vous croyais partie.

Elanor le lâcha.

- Quoi ?

- Je vous croyais partie avec Aragorn, Gimli et Legolas. Je ne vous ai pas vue. Je pensais que vous m'aviez laissé ici tout seul.

Merry baissa les yeux, triste. Elanor ressentis un pincement au cœur.

- Ne dîtes pas de bêtises, je ne vous aurais jamais laissé, répondit Elanor.

Elle s'accroupit et serra Merry dans ses bras. Le hobbit retourna son étreinte avec gêne, mais son sourire trahissait sa véritable émotion de contentement.

Elanor vit qu'un cavalier Rohirim les observait à quelques pas d'eux, et reconnut aussitôt l'homme blond qui avait enlevé Merry. Elle délaissa le hobbit, et s'avança vers lui, lui tendant une main.

L'homme la regarda avec perplexité, et détourna la tête, pour une raison mystérieuse. Elanor fronça les sourcils, se demandant si c'était la timidité ou la culpabilité qui le poussait à agir ainsi.

- Merci d'avoir aidé mon ami. Je m'appelle Elanor.

L'homme hocha la tête. Il ne dit rien, et ne bougea pas d'un centimètre.

- Puis-je connaître votre nom ?

Le soldat détourna légèrement, et se racla la gorge.

- Hem... Dernhelm.

La voix de l'homme était étrangement haute, et il y avait quelque chose de faux dans son timbre. Comme s'il essayait d'imiter une voix qui ne lui appartenait pas. Le Rohirim accepta finalement de lui serrer la main, et Elanor fut surprise de voir une main pâle et fine serrer la sienne. Sa poigne était forte cependant.

Elanor examina son visage, alors qu'il continuait à baisser la tête. Il avait des cheveux blonds, une peau laiteuse, sans imperfection ce qui était rare pour une homme, et des traits étonnamment fins. Ses yeux étaient gris, et étrangement familiers...

- Eowyn ?!

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant