chapitre 22 : révélation

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Elanor remarqua en regardant de plus près le visage de Legolas de multiples détails qui lui avaient jusqu'alors échappés. Son visage était fin, et la ligne de sa mâchoire était très masculine et virile. Ses oreilles en pointes étaient exquises, et les contours de sa bouche tout autant. Quant à ses yeux, ils étaient un puits sans fond dans lequel elle tombait à chaque fois.

Legolas continuait de la fixer, mais Elanor restait plongée dans le silence, pétrifiée. Après de longues secondes, le visage de l'elfe trahit sa déception, et redevint rapidement un masque d'impassibilité.

- Il est peut-être temps de retourner à l'intérieur, proposa-t-il.

Il se leva et Elanor se rendit alors compte du vide qu'il avait laissé à côté d'elle. Elle sauta sur ses pieds, et lui attrapa le bras.

- Attends.

L'elfe se retourna lentement, et elle lui glissa le bijou dans la main.

- J'ai beaucoup pensé à toi aussi, avoua-t-elle. Tu m'as manquée. Je ne croyais pas que je m'en sortirais, ni que je reviendrais.

Les larmes lui virent aux yeux lorsqu'elle repensa à ce qu'elle avait ressenti dans les cavernes de Mandos. Le désespoir, une grande détresse, et une sensation de solitude extrême.

Legolas était la dernière personne qu'elle avait vue avant de tomber dans la Moria. Et elle n'avait cessé de penser à lui à son retour.

- Heureusement, tout a changé lorsque je suis revenue en Lorien, dit Elanor.

Elle sourit et voulut lui dire en le regardant qu'elle avait alors eut de nouveau l'espoir de le revoir. Elle pensait que le visage de Legolas allait s'illuminer de joie, mais ce ne fut pas le cas. L'elfe resta pétrifié par ses paroles, et elle vit se refléter dans son regard une lueur confuse.

- Est-ce que...

Elanor attendit la fin de sa phrase, perplexe. Quelque chose le tracassait, et il semblait contrarié.

- Est-ce que tu l'as aimé ? interrogea-t-il finalement.

Elanor eut un mouvement de recul.

- Quoi ? Qui ?

- Haldir.

Son nom parut lui écorcher les lèvres, et Legolas regarda dans le vide, semblant dissimuler une douleur intense.

Elanor le regarda stupéfaite.

Haldir ?

Non elle ne l'avait jamais aimé, quelle idée ! Elle se demanda brusquement pourquoi il s'imaginait cela. S'était-il inventé des choses au Gouffre de Helm ? Avait-il prit sa peine et ses larmes pour de l'amour ?

Etait-il... jaloux ?

Elanor l'étudia sérieusement, et vit tous les signes qui allaient dans ce sens. Legolas était tendu comme un arc, et ne cachait plus sa nervosité. Il semblait même... déçu ? Cette réaction inattendue la troubla davantage.

- Non.

Elle serra sa main, se voulant réconfortante. En vérité, c'est elle-même qui se rassurait, car elle eut du mal à soutenir ses jambes qui tremblaient. Elle n'arrivait pas à croire qu'ils avaient cette conversation.

- Non je ne l'ai pas aimé. C'était seulement un ami.

La tension quitta les épaules de l'elfe, et son regard se radouci.

- Je suis désolé, s'excusa-t-il. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je pensais...

Il baissa les yeux sur leurs mains jointes, et se tut.

- Je n'arrête pas de penser à ce jour où tu es tombée dans la Moria.

La respiration d'Elanor se bloqua dans sa gorge.

- Je t'ai vu mourir sous mes yeux, reprit Legolas. Mais tu es revenue. Les Valars auraient-ils entendus mes prières ?

Il sera sa main dans un étau, ne semblant plus vouloir la lâcher. Elanor sentit la chaleur et l'émotion gagner son visage.

- Je réalise que j'aurais dut te le dire plus tôt.

Elle ouvrit la bouche pour lui demander quoi, lorsqu'il se pencha et déposa sur ses lèvres un baiser aussi léger qu'une caresse.

Elanor garda les yeux ouverts, à moitié consciente de ce qu'il se passait. A peine eut-elle réalisée que Legolas l'embrassait, qu'il s'éloignait déjà.

- Gerich meleth nîn.

Son murmure lui provoqua des sueurs froides et une fièvre brulante. Elanor sentit le sang lui monter au visage, et son ventre la tordre violemment. « Vous avez mon amour ». Avait-il bien dit cela ? Ses lèvres avaient laissés une trace humide et chaude sur les siennes, ainsi qu'un goût de trop peu.

Elle se demanda un instant si elle ne rêvait pas.

Non elle ne rêvait pas. Le goût de sa bouche était encore là. Elle porta les doigts à ses lèvres, et brusquement elle se sentit petite et frêle, redevenant aussi intimidée qu'une enfant. Legolas la regardait, et elle se retrouva à fixer ses deux yeux bleus pénétrants sans savoir quoi faire. Elle aurait eu plus de courage au milieu d'une bataille. En vérité, elle ne s'était jamais sentit aussi vulnérable, ni aussi effrayée.

Elle ne savait pas quelles étaient les usages des hommes ou des elfes dans cette situation. Elle les ignorait. Elle n'avait jamais été une érudite en matière d'amour. Personne ne l'avait embrassé. Jusqu'à aujourd'hui. Sa sœur adoptive, Uriel, aurait su lui donner des conseils. Mais elle n'était pas là, et Elanor en vint à regretter de ne pas avoir écouté ses conversations puériles à propos des hommes lorsqu'elle était adolescente.

Legolas s'était un peu écarté, et lui avait lâché la main. Cependant il était encore assez proche pour qu'Elanor puisse sentir sa respiration sur son visage. Elle réalisa soudain qu'elle n'avait pas envie de reculer. Loin de là.

Alors elle suivit son instinct, et se dressa sur la pointe des pieds, puis l'embrassa. Legolas lui répondit dans la surprise avec une fougue inhabituelle, et passa son bras autour d'elle. Oubliant tout, Elanor s'accrocha à la tunique de l'elfe, alors qu'il la pressait un peu plus contre lui.

Le souffle chaud de sa respiration finit par tomber sur sa joue, et Elanor ferma les yeux.

Legolas la garda serrée dans ses bras. Et elle resta blottit contre lui dans la tiédeur de la nuit, à l'écoute de son cœur qui cognait doucement contre sa poitrine.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant