chapitre 39 : soldat du Rohan

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Quelques heures plus tard, le diner fut servi et les rations distribuées un peu partout dans le campement. Elanor avait mangée avec ses compagnons et Eowyn, et le diner s'était passé dans une ambiance plutôt joyeuse, contrastant avec l'atmosphère maussade qui avait planée sur le groupe toute la journée. Eowyn et Merry s'étaient excusés depuis de nombreuses minutes, les abandonnant et retournant vers le centre du camp.

- Ma fois, la viande n'était pas mauvaise, complimenta Gimli.

Elanor échangea un regard avec Legolas, comprenant qu'il félicitait l'elfe indirectement. Ce dernier esquissa un sourire malicieux.

- Ne comptez pas sur moi pour vous donner la recette, répondit Legolas.

Gimli le regarda, et rit.

Alors qu'elle se retournait, Elanor vit Merry débouler derrière une tente toute proche, habillé de pied en cape comme un soldat du Rohan.

- Regardez ! s'écria-t-il tout excité. Eowyn m'a donné une armure et une épée ! Je suis prêt pour la bataille !

Merry s'arrêta pile devant eux et agita son épée dangereusement. Il manqua de peu la tête de Gimli, et la toile de la tente voisine.

- Oulà ! Merry attention ! s'exclama Elanor.

Gimli rouspéta, et Legolas le regarda avec des yeux ronds. Il était néanmoins amusé, et appuyé sur son arc planté dans le sol, il luttait pour ne pas rire. Merry s'immobilisa, contrit.

- Pardon, je ne la maîtrise pas encore bien. Elle ne coupe pas.

- Je crois que vous avez encore besoin d'entrainement, dit Elanor. Venez, allons chercher mon épée !

Merry acquiesça vivement, et Elanor adressa un dernier regard à Legolas et Gimli avant de s'éloigner. Elle ne fit que quelques mètres pour rejoindre la tente d'Eowyn. Celle-ci était d'ailleurs là avec Eomer, et un autre homme qui était assis auprès du feu. Le frère et la sœur semblaient être en grande conversation.

Elanor s'arrêta, et posa la main sur l'épaule de Merry alors que la voix d'Eowyn lui parvenait distinctement.

- ... Merry a autant de raison d'aller à la guerre que vous. Pourquoi n'aurait-il pas le droit de se battre pour ce qu'il aime ?

- Tu en en sais aussi peu sur la guerre que ce semi-homme !

Elanor retint son souffle. Eomer s'avança lentement vers sa sœur.

- Quand la peur prendra ses tripes, quand le sang, les cris, et l'horreur de la bataille fera fureur... crois-tu qu'il restera et se battra ?

Eowyn resta silencieuse.

- Non, il s'enfuira, continua Eomer. Et il aura bien raison. La guerre est le domaine des hommes, Eowyn.

Il sa main sur l'épaule de sa sœur, mais celle-ci le défia du regard.

Elanor entendit un petit bruit à côté d'elle, et baissa les yeux. Merry s'éloigna vers sa tente, le pas hâtif. Horrifiée, Elanor comprit que les mots d'Eomer l'avait certainement blessé, et elle voulut partir à sa poursuite. Mais ce que dit Eowyn ensuite acheva de la couper dans son élan.

- Il y a pourtant bien une femme qui se bat ici, rétorqua-t-elle. Elanor a pu choisir ce qu'elle voulait, elle !

- Ce n'est pas pareil, répliqua Eomer. Elle n'est pas comme...

Eomer aperçut Merry qui traversait le campement, et il se tut. Son regard dévia, et il finit par apercevoir Elanor qui se tenait à quelques mètres d'eux. Le trouble apparut sur son visage. Puis lentement le doute et la colère y apparurent, et il reposa les yeux sur Eowyn.

- Elle n'est pas des nôtres, acheva Eomer. Eowyn, lorsque nous seront partis, tu devras veiller sur notre peuple.

L'expression d'Eowyn se durcit.

- Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois faire ! répliqua-t-elle.

Furieuse, elle se détourna de lui et partit vers sa tente, mettant fin à la conversation. Eomer serra les poings, et regarda sa sœur s'éloigner. Le Rohirim qui était près du feu, et qui avait entendu toute la conversation était curieusement absorbée dans sa gamelle, et il prit soin de ne pas lever les yeux. Elanor se sentit mal à l'aise, et voulut faire demi-tour, mais Eomer se précipita vers elle, et l'en empêcha au dernier moment.

- Ne lui donnez pas trop d'espoir, lui chuchota-t-il. A moins que vous ne voulez avoir la mort de ma sœur sur la conscience. Si cela arrive, sachez que je ne l'oublierais pas.

- Je ne peux être responsable des actions de votre sœur, rétorqua Elanor. Et elle est assez grande pour faire ses propres choix.

Eomer s'approcha un peu plus de son visage, et Elanor eut malgré elle un mouvement de recul.

- C'est à cause de vous qu'elle a ces idées derrière la tête.

- Je n'y suis pour rien, rétorqua Elanor, outrée.

Eomer fronça les sourcils.

- Vous lui donnez l'exemple. Elle s'identifie à vous ! Cependant les femmes comme elle n'ont rien à faire à la guerre. Je ne laisserais pas ma sœur se sacrifier sur le champ de bataille ! Jamais !

La douleur apparut dans son regard, et il lui tourna le dos. Eomer se rassit près du feu, mais délaissa son diner, les yeux perdus dans le vide.

A cet instant précis, Legolas apparut derrière Elanor.

- Que te voulait-il ?

Elanor essaya de se recomposer une expression détendue, et se retourna.

- Rien de bien important. On discutait c'est tout.

- Ca ne ressemblait pas vraiment à une discussion pour moi, remarqua Legolas.

Il leva un sourcil.

- Tu es sûre que ça va ?

Elanor regarda Eomer. Legolas savait très bien que la conversation n'avait pas été des plus amicales. Il devait avoir entendu la fin de leur conversation.

- Il t'a menacé ? interrogea-t-il.

Deux yeux bleus la scrutaient, et Elanor sentit l'air s'électrifier. Elle resta silencieuse, et l'elfe prit cela pour un oui.

- Je vais aller lui parler, annonça Legolas.

- Non !

La peur s'insinua brusquement en elle. Elanor posa sa main sur l'avant-bras de Legolas, tentant de l'apaiser. S'il discutait avec Eomer, il n'y avait aucun doute que ce dernier déballerait tout ce qu'il savait.

Le Palantir, sa résurrection, et sa mission... il raconterait tout ! Et ce n'était pas le moment pour ça !

- Non. Eomer est juste inquiet. Il n'y a rien de grave je t'assure.

Legolas la dévisagea longtemps, puis lui prit doucement les mains.

- S'il y avait quelque chose qui n'allait pas, tu me le dirais, n'est-ce pas ?

Elanor sentit un frisson glacial lui remonter l'échine.

- Oui, bien sûr.

Elle tenta de trouver autre chose à dire, afin de rassurer Legolas, mais rien ne lui vint à l'esprit. A ce moment précis, un garde poussa un cri d'alerte :

- Un cavalier en approche !

Elanor et Legolas se tournèrent vers lui, et se précipitèrent vers la falaise. D'autres Rohirims, en plus de Gimli vinrent les rejoindre.

Ils se penchèrent, et observèrent en contrebas l'homme encapuchonné qui gravissait rapidement la montagne. Il avait une allure noble et mystérieuse. Il était difficile de le discerner dans la nuit, mais son cheval avait l'air d'avoir une robe gis pommelée.

Elanor eut une étrange impression en regardant le cavalier, et son mal-être s'intensifia lorsqu'il arriva devant eux.

Sa surprise fut de taille lorsqu'il enleva son capuchon.

- Seigneur Elrond !

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant