chapitre 8 : interogations

8.2K 626 76
                                    

- Je serais curieux de l'entendre, répondit quelqu'un avec une voix grave et malicieuse.

Gandalf les avait rejoints. Il avait troqué sa cape grise contre un manteau blanc immaculé, et sa barbe et ses cheveux étaient aussi désormais d'un blanc neigeux. Il avait bien changé, pensa Elanor. Mais l'expression de son visage était toujours la même, et il avait des yeux rieurs. Le vieux Gandalf était toujours là.

Un flash-back la fit revenir à la Moria. Elanor revit son visage crispé, alors qu'il se tenait au bord de précipice. Elle évinça aussitôt ces souvenirs insupportables, et les larmes aux yeux, regarda Gandalf avec émotion.

- Gandalf !

Le magicien écarta les bras en signe d'invitation et elle s'y précipita. Le magicien l'enlaça et lui tapota la tête en riant.

- C'est bon de vous revoir ! dit-elle.

- Et nous alors ! se plaignit Gimli. Vous n'êtes pas contente de nous revoir ?

Elanor rit devant l'expression jalouse du nain, et se précipita pour serrer le nain dans ses bras. Ce dernier, d'une tête trop court, la força à se pencher.

- Vous êtes toujours aussi ravissante très chère, même dans une armure, lança Gimli les yeux humides.

- Et vous vous n'avez pas changé, vieux charmeur, le taquina-t-elle.

Elle lui colla un bisou sur la joue, et Gimli se mit à rougir de plaisir sous les ricanements de ses compagnons. Elle enlaça ensuite Aragorn, dont le visage se fendit d'un sourire.

- Vous semblez en pleine forme, lui dit-il. Nous n'espérions pas votre retour. C'est une joie et un miracle de vous revoir en vie.

Le rodeur lui serra l'épaule avec chaleur, et il lui sourit avec une expression qu'elle ne lui avait encore jamais vu. Il était heureux. Tout comme le reste de ses compagnons. Legolas était encore à côté d'elle, et il serait toujours sa main qu'il ne semblait pas prêt à la lâcher.

- Voici Elanor d'Eriador, la présenta Gandalf en s'adressant aux Rohirims et au roi Théoden. Elle est partit de Fondcombe en notre compagnie et elle est la pupille du seigneur Elrond. C'est aussi une de ses parentes.

Les Rohirims se mirent à chuchoter doucement, puis de plus en plus fort.

- C'est une femme ! lancèrent certains surpris en découvrant son visage et ses traits féminins.

Elanor tenta d'ignorer les commentaires, et se focalisa sur le visage radieux de ses compagnons.

Eomer échangea un regard furtif avec Theoden, et un grand silence tomba dans l'assemblée. Elanor voyait sur toutes leurs lèvres la même interrogation : « une femme ? » Elle s'inclina, les saluant selon la convenance, et reçus quelques regards interloqués.

- Je suis Théoden, roi du Rohan. Et voici mon neveu, Eomer, présenta le roi en désignant l'homme à côté de lui. Nous vous remercions de vous êtes battus pour nous. Votre chevauchée a été des plus remarquables... c'était un plaisir pour les yeux.

Son sourire laissa entendre qu'il appréciait, et Elanor se sentit un peu rassurée. Les Rohirims la regardaient avec une franche admiration, mais d'autres, s'aperçut-elle, la regardait de travers. Leur désapprobation se voyait clairement sur leur visage, cependant, aucun n'osa faire de commentaires. Sa position de pupille d'Elrond, ou peut-être bien la présence de leur roi Théoden les en empêchaient. Il y a encore un an, ces hommes n'auraient pas hésités à lui dire le fond de leur pensée. Cela blessa tout de même Elanor, qui pensa rien n'avait vraiment changé finalement. Elle serait toujours une femme aux yeux de certains hommes.

- Prenez vos aises, vous êtes ici la bienvenue parmi nous ! s'écria Théoden. Nous retournons à Edoras demain, vous êtes également invitée à notre banquet. Mais pour l'instant il nous faut prendre du repos.

Le roi ordonna aux troupes de se disperser, puis il s'éloigna en direction du Gouffre de Helm. Eomer et les Rohirims le suivirent, et la communauté resta seule au milieu du champ de bataille.

Elanor vit alors le charnier qui reposait à leurs pieds. Tout autour de la forteresse de pierre il y avait des corps amoncelés. Principalement des orques énormes à la peau noire, mais elle perçut aussi quelques cadavres d'hommes et de chevaux, et... d'elfes.

- Vous vous êtes bien battue, la complimenta Aragorn. Vous avez fait des progrès.

Elanor sourit, se rappelant des séances d'entrainement à Fondcombe avec Glorfindel.

- Merci.

- Où avez-vous eut cette armure ? questionna Gandalf.

- C'est un cadeau de la dame Galadriel, répondit Elanor. C'est elle qui m'a trouvée. Je n'aurais pas pu être ici sans elle.

Le visage de Gandalf s'illumina.

- Voilà qui explique tout. Je me demandais où vous aviez pu trouver une telle monture.

Son regard s'attarda sur Nahar, qui attendait patiemment derrière sa maîtresse.

- Il est magnifique, commenta Legolas qui n'arrivait pas à détacher ses yeux de l'étalon.

- C'est un Baiar mon ami, un cousin des Maearas. Et probablement le dernier de son espèce, répondit Gandalf. Les autres se trouvent en Terre d'Aman, avec les hauts elfes.

L'admiration et la fascination se renforça dans le regard de Legolas, et Elanor elle-même fut troublée. Elle n'aurait jamais cru que Galadriel puisse lui faire un cadeau d'une telle valeur.

- On dit aussi que ces chevaux sont immortels, ajouta Gandalf.

- Vraiment ? s'exclama Elanor.

Nahar était spécial. Mais de là à être plus vieux qu'elle ?! Quel âge avait-il ou juste ? Elle regarda les yeux du cheval, et y vit l'intelligence qui le caractérisait. Elle crut même y voir une lueur espiègle, mais peut-être était-ce son imagination.

- Que s'est-il passé dans la Moria ? interrogea Aragorn. Comment se fait-il que vous soyez en vie ?

Elanor se sentit soudainement tiré de ses pensées, et fit face au poids des regards de ses compagnons. Elle devait répondre maintenant, mais quoi ?

- On m'a renvoyé ici afin d'achever ma mission.

Le choc s'afficha sur le visage de tous ses compagnons. La pression sur sa main s'accentua et Legolas lui parut pétrifié sur place. Gandalf fut le seul à rester impassible, et il posa une main sur son épaule.

- Nous sommes donc deux à être revenus au monde des vivants. Nous en parlerons plus tard, si vous le voulez bien. Mais pour l'heure il est temps pour nous de nous reposer. La nuit a été longue, et il nous reste encore beaucoup à faire. Savourons cette victoire !

Après une seconde de silence, Gimli approuva bruyamment.

- OUI !

Emporté par la joie, il tapa le dos d'Elanor un peu rudement, et le choc contre son armure se répercuta comme une vibration dans son corps. Elanor grimaça et se tint les reins, le souffle coupé. Ignorant les conséquences de son geste, Gimli repartit joyeusement vers la forteresse accompagné de Gandalf, comme si de rien n'était.

Legolas haussa les sourcils, et le suivit du regard jusqu'à ce qu'Aragorn leur emboite le pas. Ils se mirent alors en mouvement et les suivirent.

L'elfe s'empara de la bride de Nahar, et ils marchèrent côte à côte, en silence. Elanor réalisa alors que Legolas lui avait lâché la main. Après la réponse qu'elle avait donnée à Aragorn, elle s'attendit à devoir répondre à un interrogatoire. Cependant Legolas n'en fit rien, et ne chercha pas à lui extirper des explications. Elanor en fut soulagée.

Pour l'instant elle ne savait pas comment aborder le sujet.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant