chapitre 31 : prise sur le fait

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Haletante, elle ouvrit les yeux, et se rendit compte qu'elle se trouvait à nouveau dans le dortoir. Le palantir était tombé sur le sol, et se trouvait un peu plus loin. Quelque chose, ou quelqu'un l'avait ramenée ici. Elanor se retourna, et vit qu'Eomer était derrière elle, le visage ravagé par la peur et la colère.

- Qu'avez-vous fait ?!

Le sang d'Elanor se glaça.

- Eomer...

Que faisait-il ici dans le dortoir ? N'était-il pas sorti avec Théoden un peu plus tôt ?

- Que faîtes-vous ici ? lui demanda Eomer. Et pourquoi avez-vous touché cette pierre ?

Il était furieux, et Elanor sentit qu'elle allait devoir lui donner de très bonnes explications. Néanmoins elle lui devait une fière chandelle, car Eomer l'avait tiré d'une situation qui commençait à mal tourner.

- Je... , balbutia-t-elle.

- Qu'avez-vous dit à l'ennemi ? reprit Eomer, courroucé.

- Rien !

- Je ne vous crois pas. Vous êtes une menteuse. Vous venez de parler avec l'ennemi ! Lui avez-vous révélé nos plans ?

Elanor voulut lui répondre qu'elle n'avait rien dit, et qu'elle n'était surtout pas un traître.

- Je n'ai fait que de l'avertir de ma présence. Rien de plus.

Eomer la regarda comme si elle était folle.

- Pourquoi faire une telle chose ? Vous connaissez le danger de cette pierre !

- Ecoutez Eomer, je sais que ça peut paraître ridicule, mais j'ai une mission à accomplir. Et Sauron fait partie de mes ennemis, j'ai fait ce que je devais faire. J'ai un plan.

- Quel plan ?

- Ce serait trop long à expliquer.

- Dîtes toujours. Je suis très curieux de l'entendre.

Elanor ouvrit la bouche, et la referma. Eomer croisa les bras.

- Vous ne me croirez pas si je vous le disais, dit-elle.

- Vous venez juste de prouver que vous n'êtes pas crédible, allons...

Eomer l'attrapa par le bras.

- Venez avec moi, nous allons tout raconter au roi.

- Lâchez-moi ! répliqua Elanor. Je n'ai pas de compte à vous rendre !

Elle se dégagea et elle le repoussa violemment. Eomer recula, et se renfrogna de plus belle.

- Le seigneur Aragorn en entendra parler, susurra-t-il d'un ton menaçant. D'abord vous fouillez ses affaires, et ensuite vous vous servez d'un outil de l'ennemi. Si vous ne souhaitez pas obéir, je vais aller lui dire moi-même. Je ne pense pas qu'il sera ravi d'apprendre qu'il y a une traitre parmi ses amis, mais au moins j'aurais la conscience tranquille.

- S'il vous plait... ne dîtes rien.

Eomer s'avança prêt d'elle, et la défia de toute sa hauteur. Elanor se sentit pour la première fois intimidée. L'homme était plus grand qu'il ne le paraissait au premier abord, et il n'y avait plus aucune lueur amicale dans ses yeux. Il la regardait comme si elle était... un traître.

Ce regard lui fit mal.

- Donnez-moi seulement une bonne raison de vous croire, dit Eomer.

- Je vous ai dit la vérité, je n'ai trahi personne. J'ai provoqué Sauron dans le but qu'il fasse quelque chose qui nous permette de remporter cette guerre. Croyez-moi !

Eomer ne parut pas convaincu, et Elanor commença à ressentir un brin de panique. Si jamais le Rohirim répétait ce qu'il avait vu, la confiance que ses compagnons avaient en elle serait sérieusement entachée. Comment expliquerait-elle tout cela ? Elle devrait tout raconter depuis le début, y compris ce qu'elle cherchait tant à leur cacher.

- Pourquoi vous ferais-je confiance ? Qui me dit que vous n'êtes pas avec lui ? Votre argumentation n'a aucun sens ! Si vos intentions étaient aussi bonnes que vous le disiez, je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas le partager avec nous tous. Et avec vos amis qui plus est. Il m'est d'avis que vous cachez quelque chose, ai-je tort ?

- Non, vous dîtes vrai.

Eomer demeura bouche bée, surpris de sa réponse.

- J'ai un secret, qu'ils ne doivent pas savoir avant la fin de cette guerre.

Elanor sentit que le Rohirim était sur le point de lui demander ce que c'était, et elle ne lui laissa pas le temps de poser sa question.

- Il y a des forces plus puissantes en ce monde que nous, Eomer. Est-ce que mes compagnons vous ont racontés ce qu'il s'était passé dans les mines de la Moria ?

Eomer la regarda, interdit, avant de secouer la tête.

- Non.

- Je vais vous le dire. Mais promettez-moi de ne rien dire à mes amis. Ils ne pourraient peut-être pas comprendre. En vérité, il s'est passé un incident dans les mines. Alors que nous les traversions, nous avons été pourchassés par des orques, et pire que tout, par une créature de Morgoth... un Balrog. Gandalf est tombé dans un précipice, alors qu'il tentait de lui barrer la route. Je suis tombée aussi.

Le choc et la sidération apparurent sur le visage d'Eomer.

- C'est impossible ! Vous ne pouvez être morte ! Comment sinon seriez-vous ici... ?

- Si vous ne me croyez pas, demandez à Gimli, Aragorn, ou Legolas... Ils m'ont vu tomber. Je croyais mon existence terminée, mais ce n'était pas le cas. Mandos, le dernier juge des damnés, a décidé de me renvoyer ici temporairement pour accomplir une mission. J'ai accepté, bien entendu, et je dois à présent mettre tout en œuvre pour détruire Sauron et gagner cette guerre.

Elanor vit pour la première fois Eomer flancher. Il resta quelque secondes silencieux, puis s'éloigna doucement.

- Pourquoi vous ? demanda-t-il. Pourquoi vous plus qu'un autre ? J'ai peine à vous croire...

- J'ai besoin de votre confiance Eomer. Si vos doutes persistent, je ne vous empêcherais pas de tout raconter au seigneur Aragorn. Je devrais leur dire un jour ou l'autre de toute façon, ça arrivera forcement, je n'espérais seulement pas à le faire aussi tôt.

Elanor observa le Rohirim avec espoir, alors qu'il cogitait seul. Après quelques secondes, Eomer prit une longue inspiration, et brandit le doigt en sa direction.

- Si jamais vous mentez, je m'occuperais de vous personnellement. Je ne dirais rien. En tout cas pour le moment.

Elanor sourit.

- Merci Eomer.

- Mais vous aurez à me donner une bonne explication une fois que tout ça sera fini. Je ne sais toujours pas ce que vous avez fait avec cette pierre et pourquoi.

Il tourna les talons, et sortit. Une fois qu'il eut disparu, Elanor souffla, soulagée. Elle s'en était plutôt bien sortit.

Eomer était un homme loyal, et elle était certaine qu'il respecterait sa parole. Cependant, leur nouvelle amitié commençait plutôt sur de mauvaises bases.

Tout ce qu'elle avait vu était encore frais dans son esprit, et elle avait besoin de se reposer. Elle ne savait pas si son plan avait fonctionné, seul le temps le lui dirait. Sauron n'était pas content, et c'était la seule consolation qu'elle pouvait avoir en ce moment.

Elanor s'avança jusqu'au Palantir, et l'enveloppa de nouveau dans la cape d'Aragorn. Elle le reposa près de l'oreiller, à l'endroit exact où le Dudenain l'avait laissé.

Puis elle se leva, sortit du dortoir et referma doucement la porte derrière elle.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant