chapitre 17 : le vin d'Eörl

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Aussitôt que les coupes furent vides, d'énormes plateaux chargés de nourriture déferlèrent des cuisines, et l'alcool coula à flot.

Les Rohirims s'attablèrent dans la bonne humeur, et un joyeux désordre s'installa. Les gens se baladèrent dans la salle, riant et discutant les uns avec les autres. Elanor trouva agréable qu'il y ait autant de femmes que d'hommes, ainsi que des enfants. Tous avaient été conviés au banquet, et même les Galadhrims qui s'étaient battus au Gouffre de Helm étaient là.

Les elfes étaient peu à avoir survécus dans la bataille. Près de la moitié de la garnison d'Haldir étaient morts, son capitaine avec. Ils avaient acceptés l'invitation de Théoden avec gratitude, bien que le banquet organisé par les hommes les intriguaient au plus haut point. La plupart s'étaient rassemblés dans un coin de la pièce, et n'avaient pas bougés depuis le début de la soirée.

Elanor s'était assise à une table avec ses amis, et Legolas les quitta quelques minutes plus tard pour aller les rejoindre. Elle le vit leur glisser quelques mots, et le suivit quelques secondes du regard, avant de retomber dans sa conversation avec Merry. Il ne revint pas s'asseoir avec eux avant un long moment.

Les deux hobbits mangeaient comme quatre, et Elanor se demanda plus d'une fois comment il était possible que de si petits êtres puisse dévorer autant de quantité de nourriture. Gimli mangeait aussi avec appétit, mais elle n'était guère surprise par l'endurance du nain. C'était connu qu'ils étaient de gros mangeurs.

Au milieu de la soirée, Elanor rassasiée, posa une main sur son ventre et plongea dans ses pensées. Une main se posa à ce moment sur son épaule, et elle se retourna en sursautant.

Aragorn lui fit face.

- Le roi souhaiterait vous voir, lui dit-il à voix basse.

Un peu déconcerté, Elanor acquiesça et se leva.

Elle se dirigea vers l'estrade, se demandant ce que lui voulait Théoden.

Lorsqu'elle arriva devant lui, Eomer se tenait à sa droite, raide et le regard fier, et Eowyn était à sa gauche, aussi belle qu'un rayon de soleil. Elle lui adressa un mince sourire encourageant.

Elanor s'inclina devant le roi, et le salua aussi gracieusement qu'elle le pouvait avec une révérence.

- Vous m'avez fait demander, monseigneur ?

- Oui, Elanor. Je voulais vous dire quelques mots, répondit Théoden.

Il se redressa sur son siège pour mieux la regarder.

- Il m'était impensable de ne pas vous saluer pendant la soirée. Vous avez été remarquable sur le champ de bataille au Gouffre de Helm, et je tenais à vous adresser mes compliments.

Il baissa la tête avec respect, et Elanor fut prise de court par sa déclaration.

- Je n'ai fait que mon devoir, répondit-elle un peu naïvement.

Le roi posa sur elle un regard bienveillant.

- Je n'en doute pas. Cependant, je tiens à vous remercier comme il se doit. Malheureusement nos coutumes ne sont pas faites pour honorer les femmes qui se battent sur le champ de bataille. Y a-t-il quelque chose qui puisse vous faire plaisir ? Je ne vous donnerais pas mon trône si vous me le demandez, évidemment, plaisanta Théoden.

Il rit, et Elanor réfléchit à ce qu'elle pourrait demander, avant de se décider.

- Rien ne me ferait plus plaisir que d'être remercié comme les autres hommes, répondit-elle.

Théoden haussa les sourcils, surpris de sa réponse.

- Vous êtes sûre ?

Elanor acquiesça.

- Oui.

Après une courte hésitation, Théoden laissa passer sa surprise et hocha la tête.

- Très bien si tel est votre souhait. Eowyn, peux-tu aller chercher le vin d'Eörl ?

Le visage radieux de la jeune fille était soudainement devenu froid comme la glace. Sans la moindre expression, Eowyn partit dans les cuisines, et revint avec une coupe à la main. Elle la donna à Théoden, qui à son tour l'offrit à Elanor.

- C'est une boisson d'homme, je ne garantis pas que vous allez aimer, l'avertit-il.

Elanor hocha la tête, et surprit l'expression mitigée d'Eomer alors qu'elle acceptait la coupe. Essayant de l'ignorer, elle but aussitôt le contenu de son verre.

A la première gorgée, elle s'étouffa presque dans le liquide, qui s'avéra râpeux, puissant et fortement alcoolisé.

C'était immonde. Probablement la pire boisson qu'elle avait bu de toute sa vie !

Elanor esquissa une grimace de dégoût qu'elle tenta de dissimuler en vain, mais pas assez pour le cacher aux yeux des Rohirims. Théoden et Eomer éclatèrent de rire.

- Je vous avais prévenu ! s'exclama le roi.

Pendant qu'ils s'esclaffaient, Elanor surprit le regard envieux et glacé d'Eowyn.

- Merci, beaucoup... pour ce présent, roi Théoden.

- C'est un plaisir pour moi.

Le roi lui sourit, et lui signifia qu'elle pouvait prendre congé.

L'envoyée des Valar - livre III (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant