Flamant Rose

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Clarence s'est fait un nom dans le maquillage en proposant des produits révolutionnaires, et surtout hauts-de-gamme. D'une petite esthéticienne du Rhône-Alpes, elle est devenue un magnat de la mode et du make-up. Une personnalité qui ne passe pas inaperçue et qui a su imposer sa marque et ses choix dans un monde pourtant connu pour être fermé. Une main manucurée dans un gant démaquillant en microfibre.

Le lever du jour n'a pas manqué de réveiller son petit Spitz nain qui, à défaut de pouvoir grimper sur le lit, s'amuse à lui lécher le bout des doigts pour la sortir de son rêve. La salive de l'animal se mélange au rouge carmin de ses faux-ongles. Clarence ouvre une première fois les yeux, se frotte délicatement la paupière et remarque cette drôle de substance à l'aspect visqueux qui se mélange à sa peau. Elle engouffre sa tête dans ses draps et s'en suit un râlement étouffé sous sa couette. Le chien n'en démord pas et continue à manifester sa présence.

Bichoune~

La jeune femme se résigne à devoir se lever après quelques aboiements stridents de son adorable animal de compagnie. Une fois le pied droit posé au sol, par habitude et un peu par superstition aussi, Clarence accompagne le chien sautillant jusqu'à sa gamelle, réclamant sa dose quotidienne de croquettes pour chien, riches en viande et sans gluten.

Elle remonte immédiatement les escaliers de sa demeure pour s'apprêter. Devant son immense miroir, Clarence tente de démêler délicatement sa longue tignasse de feu. Ses doigts s'entremêlent et libèrent avec légèreté ses boucles rousses de la dure loi du réveil matinal. La femme d'affaire avait prévu une journée de congé, surtout après la longue soirée d'hier.

La rousse scrute son reflet, penche légèrement la tête sur le côté droit et sourit tendrement à cette réflexion lumineuse et chatoyante. Ses cheveux, presque irisés, semblent refléter les douces lueurs du jour, un arc-en-ciel de couleurs flamboyant.

Clarence remarque dans le miroir sa valise rose qui dépasse sous son lit. La jeune femme pivote sur elle-même et s'empresse de pousser du pied l'objet. C'est son côté maniaque qui se manifeste de temps à autres, ou peut-être son instinct de préservation sachant la maladresse qui peut parfois l'habiter, ou la hanter, pourrait-on dire.

La jeune femme sort de chez elle et Karen l'attend comme d'habitude près de la barrière. Elle s'empresse de la rejoindre en passant devant son cabriolet rouge, en trottinant.

— En forme, Clarence ?

— Je n'ai pas beaucoup dormi, souffle la femme d'affaire accompagnée de son chien, mais ça ne m'empêchera pas de te clouer au sol lors de nos séances de sprint !

— Même la fatigue n'aura pas la peau de ta rage de vaincre. Un vrai requin !

La rousse éclate de rire à la remarque de son amie et elles traversent ensemble l'autre coin de la rue pour aller déposer son chien à la voisine, Simona. Agée de 63 ans, elle occupe ses journées de femme retraitée au parachute doré en promenant son chien et celui de Clarence lorsque cette dernière désire se défouler à la course à pied.

Les deux amies montent jusqu'au porche et Clarence sonne à la porte. Une vieille dame au chignon de grand-mère ouvre. Malgré son âge, elle rayonne d'une aura douce et chaleureuse. Après quelques commodités et un échange cordial pour laisser Bichone, ravie de retrouver sa camarade de jeu et de promenade « Pepete » à Simone, les deux sportives du jour se lancent sur leur trajet de running habituel.

La course à pied est un excellent exercice. Une bonne maîtrise se traduit notamment par la capacité à pouvoir courir et parler en même temps. Exercice auquel les deux amies sont bien rodées pour échanger les derniers ragots qui courent dans les ruelles de Daisy Hill.

Recueil de nouvelles | 2018 à 2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant