Recueil de nouvelles | 2018 à 2020

Robe Galaxie

Et tu danses, tu danses, encore. Les astres célestes du cosmos t'accompagnent dans cette valse stratosphérique. Le sourire aux lèvres, tu te déhanches, tu te balances. Pirouettes et sauts dans le vent solaire, l'ivresse du bonheur te fait tourner la tête et te fait voir les étoiles. Leur éclat stellaire, doux et chatoyant, dilate tes pupilles émerveillées par ce spectacle vibrant de milles couleurs.

Et tu danses, tu danses, encore et encore. L'intensité de cette course contre le jour t'amène dans des contrées inexplorées. La joie de la découverte t'entoure d'un éternel voile réconfortant et impénétrable. Lentement, tu lâches la dentelle qui glisse entre tes doigts. Les mains tendues, tu respires l'air frais de la nuit tombante, à pleins poumons.

Et tu danses, tu danses, encore et toujours. Dans tes bras, tu berces les rêves, tu calmes les cauchemars, tu insuffles la vie dans le silence du sommeil. Dans un murmure, bref mais intense, tu t'exprimes auprès des âmes sensibles et assoupies. Tu tournoies dans le ciel ébène en très bonne compagnie, de tous ces points blancs, lumineux.

Et tu danses, tu danses, et tu brises le néant. Les filtres étincelants déclinent sous ton regard, sous tes épaules et le sombre s'invite dans cette nuit féconde. Tu pivotes dans toutes les directions et ta robe s'élance dans l'air tourbillonnant. Tu perds conscience des astres qui s'éteignent et dans un dernier soupir, l'ombre errante te surprend.

Et tu tombes, tu tombes, encore. Maîtresse des rêves, tu t'es laissée surprendre. Malheureuse coïncidence, sur ton passage le sommeil profond. Engourdissements et aura magnétique, tous les rêves, accomplis ou inachevés se sont retournés contre toi. La pression irréelle te comprime la poitrine et ton chignon se défait dans une danse furieuse de mèches rebelles et désordonnées.

Et tu tombes, tu tombes, volte-face des vapeurs des songes. Tu empoignes tes bras, tu les agrippes comme pour calmer la gravité. Tu t'y accroches pour retrouver l'équilibre, pourtant tu plonges. La tête collée contre ton buste, les jambes collées contre ton ventre, il règne une atmosphère lunaire où l'astre plein réveille en toi les douleurs du passé.

Et tu tombes, tu tombes, sous tes pieds l'obscurité se dérobe. Tel un flash inexplicable, inarrêtable, tu es rattrapée par tes compagnons. Tes doigts se desserrent, la pression de ton cœur se relâche et tu ouvres progressivement les yeux. Le spectacle est saisissant. Tu baisses le regard et la galaxie entière t'accueille dans ses bras cosmiques.

Et tu souris, tu souris, encore et plus fort, les yeux et le cœur remplis d'étoiles.