Recueil de nouvelles | 2018 à 2020

Aurore Nébuleuse

Tu tournes, tu te balances, tu tourbillonnes et tu fais virevolter les milliers de paillettes opalines.

* * * * * *

Les notes de musique s'élèvent dans les airs et résonnent aux alentours. Un chant céleste et séraphique aux nuances brillantes voltige, entrelacé dans l'épaisseur des nuages. L'union sacrée des esprits et des sentiments tourbillonnent, encore et encore.

Ses membres se cambrent, son corps se fige, atteint par le froid terrible et suprême qui l'entoure. Une ambiance mystique règne tout autour d'elle. Un nuage, une aura, un soupçon d'infiniment petit ; d'un cœur qui lentement se délivre et grandit.

Sous les lumières tamisées de l'astre lunaire, une tornade nacrée s'est prolongée depuis ses épaules jusqu'à ses avant-bras. La buée du brouillard se cristallise en une nuée de plus en plus épaisse. Elle s'extrait des corps avec une facilité déconcertante.

La pression ambiante se réchauffe un temps avant de diminuer de plus belle. Le souffle chaud, devenu glacé, traverse les particules environnantes dans une grâce singulière et indicible. L'extraordinaire, l'intensité, l'étrange, l'impossible... tous se sont réunis dans une ultime danse galvanisante.

Le gel forme progressivement des signes sacrés au sol. En son centre, un cercle glacé et fumant. Les poussières irisées continuent de danser tout autour formant des runes quasi invisibles à l'œil nu. Un jeune homme s'en approche. Il prend le pari qu'entrer dans ce tourbillon est pour le mieux. Il plante ses pieds devant les cristaux qui virevoltent dans l'air. Le brun échange un regard avec l'enchanteresse au brouillard givrant.

Ses cheveux sont recouverts d'une mince couche de flocons, ses iris bleutés brillent intensément au point de déstabiliser l'homme. Ce qui le ronge de l'intérieur est trop fort. Ce qui persécute son âme est bien trop lourd à porter, seul. Tout ce qu'il est venu chercher, c'est la possibilité de pouvoir à nouveau prendre soin de lui, de ne pas être dans une lutte constante avec ses démons.

— Aïssa, souffle-t-il lentement, est-ce que tu...

— Bien sûr, coupe-t-elle immédiatement d'un ton assuré, nous allons y arriver.

Un premier pied passe les délimitations du cercle qui se met à briller d'une intense lumière. Un épais brouillard se met à émaner des mains du jeune homme. Sombre, obscur et brumeux. Son cœur déverse des fragments de son âme dans l'environnement ténébreux.

Les tourments intérieurs déclenchent des torrents qui déchirent le calme, devenu poussières éternelles.

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Son visage traduit les combats intérieurs. Chaque pas jusqu'au centre des runes méconnues est une pénitence, une épreuve à surmonter. La jeune sorcière s'élance et maintient l'amplitude de ses mouvements tantôt instinctifs, tantôt convulsifs. Aïssa ne perd pas le jeune brun du regard, bravant la tempête de flocons pour atteindre le centre.

Les rayons lunaires éclairent la voie tortueuse. Les deux destinées se confrontent à la lourdeur du brouillard et sa volonté de claquer dans l'air. L'électricité se déclenche violemment par des décharges aux couleurs cramoisies. Les démons se manifestent à travers une aura hâlée qui dessèche l'atmosphère. Les éléments ignorent comment ils doivent réagir face à toutes ces perturbations immatérielles.

Aïssa se concentre afin de disperser le brouillard, pour qu'il soit pris dans l'air ascendant du tourbillon. Sa danse onirique fracture le réel et laisse l'irréel marquer la brume de sa couleur. Le noir continue de s'étendre et le jeune homme commence à être de moins en moins visible. Elle lâche quelques notes, un rire cristallin, afin de faire vibrer les particules. L'onde sonore capturée par la tempête renforce sa magie psychique.