7- Carla Renavi- Octobre

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     6 mois plus tôt

─ Signez toutes les pages madame Renavi. demande le notaire efficace et pompeux.

Je n'arrête pas de le voir lui ! Je le vois beaucoup trop ! Il s'est occupé des successions de mes parents, de mon divorce, de la faillite de la boulangerie et maintenant cette vente...J'ai un coup de chaud à vendre la maison de vacances de Saint Raphael de mes parents, leur fierté. J'y ai des bons souvenirs de mon enfance. Quel déchirement. J'ai vingt-trois ans et j'ai l'impression de gâcher ma vie et de faire conneries sur conneries.

Je suis boulangère comme mon père, sauf que mon paternel était un vieux con. Il m'a laissé passer le diplôme « pour de faux ». Il n'a jamais été dans ses intentions que je reprenne les rennes. Non il voulait que cela soit un homme ! Il me fallait un homme !

Pour lui c'est l'homme qui fait le pain, je t'en foutrais. Je ne songeais qu'à la boulangerie, mais mon père n'arrêtait pas de me dire qu'une fille ne pourrait être heureuse que mariée. J'ai cédé et épousé son ouvrier. Aucun homme ne me plaisait, au moins celui-là je le connaissais et il savait pétrir le pain.

J'ai épousé Resa après avoir obtenu mon diplôme de boulanger-pâtissier, j'aurai dû foutre le camp et tenter ma chance ailleurs, mais je ne me voyais pas quitter mes parents. Je croyais être courageuse et autonome, avec le recul, j'ai surtout été très conne.

Nos premières années de mariage se sont bien passées, mes parents étaient là et nous ne vivions que pour la boulangerie, mais nous n'étions pas heureux et très vite on s'est fait vivre l'enfer.

Je veux bien le reconnaitre : il est mal tombé avec moi, décidé à ne pas l'aimer et à ne pas lui laisser une chance. Avec une gentille petite épouse soumise, il aurait peut-être pu se révéler meilleur.

Je le critiquais pour tout, je prenais sa place à la boulangerie, l'empêchant de trouver la sienne.

Il s'est vengé de façon magistrale, l'an dernier, après cinq années d'un mariage malheureux. Il a demandé le divorce en mettant la boulangerie en faillite, qu'il a pu ainsi céder à un ami. Il m'a escroqué, car le commerce marchait bien, mais je n'ai rien pu faire.

Le pire, c'est que mon père avait mis la boulangerie au nom de Resa pour me protéger. J'enrage !

Il avait bien préparé son coup car ainsi il a pu se tirer avec le fric de la vente.

Le pauvre a souffert le martyr car j'ai un caractère de merde et je lui en fait bavé pendant ces années de mariage. Mais il a gagné puisqu'il a réussi à me voler ma boulangerie.

Dans mon malheur, au moins, mes parents sont déjà morts et n'assiste pas au désastre.

Maman est partie d'un cancer du sein il y a deux ans et papa qui n'a jamais été tendre avec elle pourtant, l'a suivi dans la tombe quelques mois plus tard. Comme quoi ses idées machos, il se les est appliqués a lui aussi.

Heureusement, la maison de mes parents et celle de Saint-Raphaël ne sont qu'à moi. Il me doit une indemnité compensatoire pour la boulangerie, mais je sais déjà que je peux m'asseoir dessus.

Ce mec a été une plaie depuis le début. Je n'ai jamais été branché drague et mec mais celui-là m'a dégouté à vie. Je sens que je vais avoir un mal de chien à en trouver un autre.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant