17- Une cascade d'emmerdes pour Clara

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Resa a appris pour mes projets d'achat de la boulangerie et vient aux nouvelles. Je peux lui ouvrir il n'y a plus rien chez moi, j'ai bien travaillé et tout vidé.

─ Le voleur ! Tu viens me rendre ma boutique ?

─ Il parait que tu veux te lancer dans la boulangerie tu n'y arriveras pas !

─ Tu crois que tu y es arrivé toi ?

Il me met une claque, mais je lui mets un coup de pied. Charmant mari que m'a trouvé ma famille, merci papa !

─ Tu n'y arriveras pas !

─ Tu as toujours eu beaucoup d'éloquence !

Je me fous de lui et le regarde partir. N'empêche que ses paroles m'inquiètent.

Mes copines m'accompagnent pour la visite de la boutique, pour m'aider à détecter un éventuel problème, un défaut quelconque qui expliquerait cette vente miraculeuse. Nous sommes cinq nanas qui inspectons tout.

Je précise, mine de rien, au proprio que Malia est flic et son mari aussi, on tourne, on cherche, mais je ne vois pas de problèmes. Certes la boutique est un peu défraichie, la cuisine petite est à refaire complétement mais ce n'est pas méchant.

Le fournil n'est pas aux normes. L'avantage si je fais des travaux c'est que ce sera aménagé à mon gout et je m'imagine déjà travailler ici.

Je vais devoir bricoler quelques mois avant de démarrer mon activité, mais l'emplacement me tente vraiment. Je m'y vois vraiment, je vais me concentrer sur les baguettes et les sandwichs pour l'instant.

Le propriétaire nous regarde narquois... je ne le sens pas lui.

Je refais mes calculs plusieurs fois. Si je bosse comme une dingue, ça peut le faire.

Je n'aurais pas de jour de congés, je ne gagnerai rien que le droit de bosser, mais c'est la seule chose que je veux.

Je signe pour les murs et le fonds de commerce les jambes cotonneuses. C'est un investissement énorme, mais si l'affaire est saine, je serai vraiment gagnante.

Et me voilà propriétaire d'un fonds de commerce, mon rêve depuis que j'ai 14 ans, depuis que j'ai pu aller en apprentissage. Mon rêve se réalise enfin.

C'est la première fois que je fais un truc seule, avant il y a toujours eu mon père ou Resa. J'ai toujours pensé que je ferai mieux qu'eux, j'espère vraiment ne pas me planter.

Claire et Malia sont venus m'accompagner pour la signature. Elles disent à Rosa que c'est elle qui aurait du venir avec un joint, tellement je suis dans un état second.

Si l'affaire marche bien, je pourrai peut être contacter Lise et la convaincre de venir avec moi, d'arrêter ces bêtises et de se consacrer à nous. Je commence à envisager l'avenir sous un jour plutôt lumineux.

Il me faudra embaucher une vendeuse pour les ventes du matin, le temps que je lance toutes mes cuissons et mes préparations. Je tiendrais la caisse les soirs et j'essaierai d'être aimable.

Que ce soit au sport ou à des sorties quand on se retrouve avec mes copines je n'arrête pas de parler en boucle de la boutique, de mes projets. J'ai vraiment des supers amies qui ont une patience d'ange.

Je suis restée sur mon nuage deux jours avant de recevoir un recommandé de la mairie.

On m'impose le désamiantage des murs du magasin, de toute la structure du sous- sol car la boutique est la plus grande surface de l'immeuble, je regarde incrédule sans comprendre le prix demandé.

Il y a six zéros c'est une blague.

Je me suis écroulée au sol avant de trouver la force de ne faire qu'une seule chose, j'appelle mes copines, anéantie.

─ Qu'est ce qu'il y a ? demande Rosa la première à décrocher.

─ Venez vite !

Je ne peux rien dire d'autre, je ne peux pas parler j'ai une boule énorme dans la gorge.

Je relis la lettre, la rejette, m'arrache les cheveux. Je suis résignée, désespérée, enragée, les états se succèdent aussi vite qu'un jour de vent à Cherbourg, mon cerveau va exploser. Les larmes coulent sur mes joues, ils ont même réussi à me faire pleurer. La dernière fois que j'ai pleuré c'est à l'enterrement de ma mère et avant c'était jamais ! Petite à l'école je faisais pleurer les autres mais moi je ne pleurais pas. Resa je l'ai fait pleurer de nombreuses fois mais moi pas une larme. J'ai mis un point d'honneur à leur pourrir la vie et à ne jamais pleurer... mais là....

Elles me trouvent roulé en boule dans le fournil.

─ C'est Resa qui t'a fait encore un coup de pute ? demande Eva.

Je leur tends la lettre de la mairie qu'elles lisent toutes ensemble, incrédules.

C'est beaucoup plus que la valeur de la maison de mes parents.

─ C'était ça le loup ...j'éclate en sanglot... parce que si je me lance dans un procès je vais tout perdre.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant