Lise et Carla [GL]

13- Lise- Avril et les mois suivants

Aujourd'hui je fais les couleurs au salon. J'aime quand les femmes rentrent un peu moche et négligée dans notre salon et ressortent magnifiques.

Ce qui est bête, c'est qu'elles font souvent ces efforts pour leurs hommes, par pour elles. De ce qu'elles me racontent ils sont pourtant bien souvent décevants. Les moins pires ne feront pas attention et ne remarqueront rien et puis il y a les autres, les violents.

Quand je travaille dans le cabinet esthétique, dans les cabines isolées les clientes me font des confidences encore plus intimes et je compte sur les doigts de la main les femmes heureuses de leurs sorts.

En comparaison je m'en sort bien mieux qu'elles.

Quand Miranda a mis mon profit en ligne, je n'ai pas eu de cliente pendant quelques mois et j'avais presque oublié l'annonce.

Ce sont des pratiques confidentielles, mais maintenant j'arrive à avoir quelques clientes régulières. J'y trouve un plaisir, que peu de femmes ont et j'y gagne financièrement aussi. J'ai pu me payer une nouvelle planche, je peux embaucher une baby-sitter pour s'occuper de Martial pendant que je m'entraine au kite. J'ai surtout pu m'acheter un scooter.

Enfin j'étais contente de mon sort jusqu'à ce que je rencontre Carla. Cela fait trois semaines maintenant et j'attends depuis désespérément qu'elle me rappelle. La vache elle m'a plu. Je suis tombée amoureuse au premier regard, bêtement comme dans les romans débiles. Une vraie bête au lit... je l'ai rêvé cette fille. Elle m'a retournée, envoyée au septième ciel et arrachée le cœur au passage. Depuis j'attends, un rendez-vous, pour que nous fassions connaissance, que cette merveilleuse impression se confirme, mais pas de nouvelles.

Je me doute qu'elle m'a mal jugée, je ne peux pas le lui reprocher, c'est la vérité je suis une trainée.

Elle a dû se dire que cela coutait trop cher pour ce que c'était. En tout cas moi j'ai aimé notre moment ensemble.

Je secoue la tête essayant de chasser la nostalgie qui m'envahit chaque fois que j'y pense. J'en viens à regretter de l'avoir rencontré avec le site. Je me dis que si nous nous étions rencontrés dans la vie, par hasard, nous aurions pu tomber amoureuse, nous mettre en couple toutes les deux. En écoutant les histoires de mes clientes, je rêve qu'elle m'appelle et que nous nous installions dans sa maison avec Martial. Qu'elle me parle d'amour et me dise que nous deux c'est pour la vie.

Mais à quoi je pense ? Jamais elle n'aurait voulu de mon fils et puis mon voisin Rémi Parpette a besoin de moi, il n'est pas question de le quitter.

Je voudrais l'oublier ...mais c'est compliqué, tous les soirs je vois ses affaires, puisque j'ai récupéré les jouets anciens qu'elle allait jeter. Martial les adore et il joue tout le temps avec.

Il y a eu plusieurs effets Carla. Cette fille m'a bouleversée et le fait qu'elle ne m'ait pas rappelé me mine.

J'ai songé à arrêter la prostitution, c'est surement à cause de cela que Carla ne m'a pas rappelé. Je pleure mon amour que j'ai bêtement perdu.

Si je l'avais rencontré dans d'autres circonstances, je le sais nous deux cela aurait vraiment collé. Elle est toute ce que je recherche chez quelqu'un, elle est solide, drôle, forte, fière. Je peux continuer à citer les qualités qui me viennent en tête quand je parle d'elle. Elle m'a fait sentir femme, désirable et aimée.

Rien que de penser à elle, le désir m'envahit !

J'ai songé à aller la voir ...après tout je connais son adresse. Je me suis vu aller la supplier... de nous laisser une chance et puis je me suis raisonné, j'ai imaginé son regard dédaigneux. Si elle ne rappelle pas c'est qu'elle ne le veut pas. Je sais malgré le peu de temps que nous avons passé ensemble qu'elle est décidée et butée. Si elle ne veut pas, on ne la fait pas changer d'avis.

Je me désespère en m'entrainant au kite. Encore un mauvais coup de la chance, j'ai rencontré celle qui aurait pu être mon âme sœur, mais au mauvais moment.

Je n'ai pas passé mon permis je me suis dégonflé. Mon scooter nous suffit. Martial adore aller se balader avec moi, mais la contrainte c'est que mon fragile bonhomme doit être bien couvert et le beau temps à Cherbourg ce n'est pas tous les jours.

Nous faisons des balades à pied, des footings avec Martial et nous allons à la piscine, mais il faut qu'il soit parfaitement sec pour sortir de l'eau car chez lui le moindre problème respiratoire devient un drame.

Quand il fait très beau je lui apprends les rudiments du kitesurf. Le seul sport qui lui est recommandé c'est la marche, comme pour un pépé ce n'est vraiment pas fun. Je joue le jeu et nous marchons beaucoup tous les deux.

J'aurai voulu avoir un fils champion de kite.

Nous allons voir le pneumologue tous les mois. Il vient encore de me proposer de l'envoyer en pension dans un hôpital dans les Pyrénées pour les malades gravement atteint de l'asthme, l'air serait parait- il plus pur là-bas. Il respirerait mieux.

Une vie au rythme d'une personne âgée, j'en pleure certaines nuits.

Le pire c'est que je n'aurai pas assez d'argent pour aller le voir comme je le voudrais.

Grace à Carla Je me suis découvert une nouvelle passion : Je récupère et restaure des meubles anciens. Tout cela à cause du bazar qu'elle jetait. Les dimanches avec Martial parfois nous allons visiter les déchetteries à la recherche de trésor. Je récupère des petits meubles très abimés, je les retape pour les revendre, le seul inconvénient cela prend de la place et les odeurs de peinture gêne Martial.

Comme je n'ai pas d'atelier, je mets tout le bordel sur le palier.

Mes bonnes résolutions d'arrêter la prostitution n'ont pas duré bien longtemps. Carla cela a été une parenthèse enchantée, un joli rêve. Comme si une pauvre fille pouvait avoir le droit à l'amour ! Je ne l'ai jamais mérité.

Nous allons partir deux semaines dans un club de vacances à Malaga, en Andalousie. Ce n'est pas avec mon salaire de coiffeuse que je pourrai me payer le séjour.

Finalement je ne vais pas arrêter, tant pis. J'espère maintenant qu'elle ne me rappellera pas car cela me ferait mal au cœur de n'être qu'un coup de temps à autre.

Je ne sais pas ce que j'ai imaginé : une communion de nos deux âmes ! n'importe quoi je suis trop conne !

Mes autres clientes, depuis Carla ne me font plus grimper aux rideaux comme avant, mais dans les bras d'autres femmes, j'arrive à l'oublier.