16- Carla en été

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Il fait chaud à Cherbourg et nous connaissons une espèce de canicule.

Je n'ai pas pris de vacances à quoi bon aller ailleurs: ici nous avons la mer.

J'ai encore progressé en endurance, j'ai fait l'ultra marin fin juin et je n'ai jamais imaginé que cela serait aussi dur.

177 kilomètres à courir, je crois que le plus dur c'est quand on a déjà couru l'équivalent d'un marathon et que le soir tombe, mentalement il faut se préparer à continuer toute la nuit. Cette course permet de vraiment tester sa volonté. Mes copines étaient venues me soutenir et j'ai réussi à terminer l'épreuve dans un temps plus que raisonnable. Par contre, j'ai eu des cloques d'enfer et pendant une semaine je n'arrivais plus à marcher malgré mon entrainement.

J'aime nager dans la manche et m'éloigner un peu au large au risque de ne pas rentrer. Je vais à la limite où on distingue encore la terre en m'éloignant de plusieurs kilomètres des côtes.

Je pars d'une baie déserte, sans maitres-nageurs qui m'empêcheraient de partir au large.

Mes copines détestent que je fasse cela mais j'ai vraiment besoin de me défier de me mettre en danger en m'éloignant.

Je rêve de faire la course l'enduroman de Londres à Paris : 140 kilomètres de course à pied entre Londres et Douvres, la traversée de la Manche à la nage donc 35 kilomètres de natation sans pouvoir se reposer, puis 290 kilomètres à vélo entre Calais et Paris.

Je suis motivée pour m'entrainer en mer. Hier soir j'ai été nager plusieurs kilomètres au large et j'ai d'ailleurs eu une belle frousse, car une ombre noire immense a nagé un moment avec moi. Je me demande ce qu'il y avait dans l'eau sous moi qui m'a accompagné.

A Cherbourg, on achète son poisson frais directement à la sortie du bateau.

J'ai été voir des amis pêcheurs, la famille de pécheur chez qui mes parents achetaient leur poisson. Le père de famille a été plus intelligent que le mien, il a confié le bateau à se fille Marie sans l'obliger à se marier.

Elle a un équipage de deux matelots, Ignace et Mathieu. Ces mecs sont un peu bizarre mais ils sont dévoués.

Je leur prends des solettes et des turbos, des araignées de mer quand ils en ont. J'y ai été dans un but précis cette fois là et je leur raconte ma mésaventure : la grande ombre noire qui m'a suivi dans l'eau.

ils ont ricané, Mathieu m'a expliqué en me désignant le large.

─ Il y a des requins-taupe et des otaries dans l'eau. De plus en plus, donc c'est surement ce que tu as vu. On en a plusieurs qui suivent le bateau ils aiment la compagnie.

Je me rengorge avec les jambes cotonneuses. J'ai nagé avec quoi moi ?

─ C'est dangereux ?

─ Normalement non !

Pas très rassurant quand même, je ne sais pas si je vais oser retourner nager avant un moment.

J'aurai aimé appelé Lise pour lui raconter cette mésaventure, si j'avais eu son numéro... avant de réaliser encore une fois qu'elle n'est pas ma petite amie ... même pas une amie...à la place j'appelle mes copines.

Cet évènement me permet de réaliser que je pense encore à elle. Bien plus que je n'avais cru.

J'ai parlé de Lise à mes copines, et elles veulent que je passe une annonce sur un site gay pour essayer de trouver une amoureuse. Pourquoi pas, mais je demande encore un peu de temps, je voudrais stabiliser ma vie qui ne me ressemble pas encore. Boulangère désespérée dans cette putain d'usine sans âme à cuire des pains dégueulasses... ce n'est pas moi.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant