8- Quel avenir pour Carla ?

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Resa et moi nous vivions au-dessus de la boulangerie, donc il m'a foutu dehors quand il a mis la boutique en faillite en partant chez sa maitresse. Je me suis installé dans la maison de mes parents en banlieue de Cherbourg, qui est resté vide depuis leur décès. Je n'ai pas compris pourquoi il insistait pour s'en occuper, selon lui il était urgent de la vendre. Par chance encore et pour l'emmerder... j'avais fait exprès de refuser, parce que c'était comme cela que notre couple fonctionnait.

Quel miraculeux coup de bol, car je suis sûre que s'il l'avait vendu, je n'aurai pas vu la couleur de l'argent.

Lui s'est installé chez sa maitresse, j'ai appris qu'ils étaient ensembles depuis plusieurs années. Je n'avais même pas remarqué, car nous faisons chambre à part depuis le début de notre vie conjugale calamiteuse.

Le divorcé a été prononcé cet été, ça m'a pris plusieurs mois de démarche administrative et il s'en sort tranquille, alors qu'il m'a trompé, trahit. Les policiers ont ricané quand je me suis plaint, c'est plus fréquent qu'on ne croit et il n'y a pas de sanction pour cela. J'étais surtout furieuse de perdre la boulangerie et en même temps, mais quand même sacrément soulagée de pouvoir me débarrasser de cet abruti.

N'empêche j'ai la rage devant le gâchis de ma vie, tout cela à cause d'un mec dont je n'ai jamais voulu en plus. Dire que c'est mon père qui m'a refilé le cadeau empoisonné, cela me donne envie de hurler.

Je voudrais qu'il soit vivant pour qu'il constate le gâchis, tout son travail envolé. Quant à ma mère, n'en parlons pas, elle ne m'a jamais soutenu. Je leur en veux tellement à tous les deux.

Ils ne m'ont jamais aimé et pourtant moi je les aimais. Ma mère aurait voulu un petite princesse délicate. Elle louchait sur les autres petites filles en soupirant.

J'ai toujours été un garçon manqué et je n'aime pas les filles maniérées, pseudos délicates et fragiles petites fleurs, j'ai envie de les claquer. Je suis persuadée que ce sont des menteuses et des manipulatrices plus douées que moi pour rouler les mecs.

Je prends des cours de boxe et de karaté pour pouvoir frapper, c'est mon oxygène. J'ai commencé la boxe à l'adolescence, pour le karaté j'ai commencé à huit ans. Je suis ceinture noire de karaté.

Ce sont des sports où les femmes sont encore trop peu nombreuses. Je ne comprends pas pourquoi, mais nous ne sommes que cinq filles qui aimons castagner.

Au moins, je me suis fait des amies fiables, qui m'ont toujours épaulée. En ce moment elles ont du boulot pour m'aider à remonter la pente.

On se retrouve presque tous les weekends pour des sorties sportives ou culturelles, ou des soirées dans des bars, des restaurants.

Malia est flic et elle est en couple.

Rosa, Ana, Jade et Claire les autres nanas sont des célibataires endurcies.

Elles baisent de temps en temps, mais des coups rapides et surtout pas de clause de revoyure.

En ce moment, j'ai envie de tout casser. Je suis en train de dilapider toutes les économies accumulées par mes parents, aidé par ma pourriture d'ex-mari et je ne sais pas quoi faire pour m'en sortir. Ma région c'est ici et je n'ai pas envie d'aller ailleurs, plutôt le tuer.

La seule chose que j'aimais bien dans notre couple c'est que je lui faisais peur.

Je déprime à ne rien faire, j'aimais me lever et faire le pain et cela me tue de penser à l'arnaque dont j'ai été victime. Depuis le divorce et la faillite, je fais du sport et je picole. Je cours tous les matins à la fraiche je pars pour une heure ou deux, je m'entraine et prépare des trails et les marathons.

L'été prochain je tente l'ultra marin la course de 177 kilomètres. Je n'ai jamais pu le faire, mes parents mon mari ne voulaient pas ! Enfin je vais pouvoir faire ce que je veux.

Les soirs je nage en mer.

Ma vie c'est la boulangerie. Je n'aime que ça et je regrette mon héritage, je me sens si con de m'être fait voler ma boutique, que je ressasse sans arriver à m'en remettre. 

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant