27- Grosse frayeur

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Carla

L'enfant va mal et la mère ne va pas mieux !

Quelle conne ! Je regrette de lui avoir fait payer mes soucis, je ne lui ai apporté aucun réconfort, alors que je l'aime pourtant ! Quelle conne !

J'ai descendu le petit et je file chercher ma voiture. J'ai encaissé trop de galère en ce moment, mais qu'il arrive quelque chose à Martial, je ne le supporterais pas. Je n'arrive pas à me changer les idées car Lise ne dit pas un mot.

Je me remémore l'intelligence de mon petit doudou, toutes ses expressions drôles, ses idées et son génie. Quelqu'un comme lui ne peut pas partir, ce serait un crime contre l'humanité. Martial a même réussi l'exploit de me réconcilier avec les mecs !

Quand on arrive à l'hôpital, Lise me guide, visiblement habituée des lieux.

Un lit surmonté d'un espèce de caisson plastique n'attend que Martial. Je n'avais jamais vu de tente à oxygène. Je constate soulagée que dès qu'il est à l'intérieur, mon petit prince respire mieux.

Le médecin semble inquiet il le met sous perfusion. Le fait que mon bébé passe devant tout le monde ne me rassure pas, ça prouve combien son état est grave.

Le médecin appelle un infirmier qui emmène l'enfant.

─ Nous l'avons stabilisé, nous allons le garder en soins intensifs, sans visite. Rentrez chez vous vous reposer.

Il s'adresse à moi. Lise semble ailleurs et regarde le mur, hagarde.

Je l'ai prise dans mes bras machinalement, pour compenser le vide laissé par Martial et elle s'est laissé faire. J'ai besoin de sa présence, je ne peux pas la lâcher encore.

─ Je veux rester, fait Lise qui tient à peine debout.

─ Non rentrez dormir ! rétorque le médecin sévère. Il faut qu'il se repose. Nous vous appellerons s'il y a quoi que ce soit.

Ça fout la trouille qu'il ose dire cela. Il se tourne vers moi. Allez la coucher et appelez demain matin, vous aurez des nouvelles. Surtout ne venez pas il n'y aura pas de visite !

Je hoche la tête et tire Lise vers la sortie. Arrivée chez nous, je l'aide à monter les six étages.

─ Lise ? Tu as mangé ?

Elle ne répond pas.

─ Lise tu as mangé ?

─ Non ! Non ! Je ne pourrais rien avaler, je n'ai pas faim.

─ Je vais t'aider à t'allonger. Je rentre chez moi après.

─ Reste avec moi, demande Lise qui me stupéfie.

─ Quoi ?

─ Je ne veux pas de sexe je veux une présence.

─ Bien sur je vais rester.

J'ai un peu honte d'avoir pensé au sexe.

Lise

Mon enfant encore à l'hôpital ! Je n'en peux plus ! Carla me prépare un repas, range le bazar par terre dont je n'ai pas pris la peine de m'occuper. Elle reste avec moi pour me consoler.

Je réussis à manger un peu, Carla se racle la gorge à côté de moi.

─ Lise pardon pour mon attitude, quand je t'ai retrouvé. Je te dois des explications, tu comprendras peut être ?

─ Tu n'as pas plutôt une belle histoire à me raconter ? je demande en me levant pour aller m'allonger.

─ Non désolée, elle est moche ! Elle me raconte son mariage épouvantable, sa passion du pain, son coup de folie qui l'a amené à me contacter...

─ Pourquoi tu ne m'as pas rappelé ?

─ Je voulais une vrai petite copine pas une ...hum et puis les emmerdes m'ont croulées dessus, alors je nous ai abandonnées. J'ai mis tout mon argent dans une mauvaise affaire...

─ Tu es ruinée ?

─ Non c'est bon ! Je devrais m'en sortir, je vais devoir attendre quelques mois que ma boutique soit réparer avant de pouvoir commencer espérer à travailler.

Elle me parle de l'escroquerie. Je suis tellement désolée pour elle.

Il est presque minuit et je tremble en regardant la porte de chambre de Martial.

Carla

─ Tu sais si tu veux... je peux te couper les cheveux. me propose Lise, qui lâche enfin la porte des yeux.

─ Pourquoi pas, mais je me les coupe normalement seule et ce n'est pas si moche ! je râle faussement vexée. Tu devrais dormir non ?

─ Je ne tiens plus debout ! Je n'irai pas travailler demain, tant pis si je perds mon boulot je crois que je serai morte avant la fin de la semaine.

Je la serre contre moi, ne voyant pas quoi dire. Son portable sonne, elle regarde le numéro et éclate en sanglots.

─ C'est l'hôpital ! Il est mort ! Lise me fait une vraie crise d'hystérie.

Je décroche angoissée car Lise est incapable de répondre et ne cesse de geindre.

─ allo maman ?

Je reconnais stupéfaites la voix adorée de mon Martial. Mon soulagement est si grand, immédiatement. C'est comme si soudain, on m'avait rendu mon oxygène. Le poids sur mon estomac s'envole.

─ Salut mon petit mec ! En fait c'est Carla mais maman est juste à côté de moi, je vais te la passer. Tu vas mieux ? Tu peux parler ? Tu as repris des forces ?

Je le noie sous les paroles, mais je suis tellement heureuse et soulagée.

─ Tu réponds sur le portable de ma maman ? continue le petit génie.

─ Oui on est réconciliée, on est amie maintenant. Tu vas mieux ?

─ Oui j'appelle pour lui dire qu'elle ne se fasse pas de souci. L'infirmier de garde est hyper gentil il m'a prêté son téléphone, c'est un copain.

─ Super mon chou, maintenant je te passe ta maman et après dodo.

─ Tu m'apporteras à manger ce n'est pas bon ici ?

J'allais lui demander comment il peut dire cela, puis je réalise que l'hôpital, pour lui, c'est un lieu connu.

─ Tout ce que tu veux !

Je passe le téléphone à Lise qui s'est ressaisi et a écouté en se pressant contre moi. Elle s'essuie les larmes et le nez machinalement. Elle revit. Elle commence de parler à son fils, sauf qu'au bout de deux minutes elle pleure et le fait pleurer.

Je lui prends le téléphone et le mets sur haut-parleur.

─ Arrête de l'attrister ! Ce n'est pas un concours de larme. Je lui pince les fesses, mission réussie : elle rigole.

─ Carla tu fais rire maman ? demande Martial incrédule comme si j'avais accompli un miracle.

─ Oui elle me saoule à pleurer. Allez dors bonhomme ! On vient te voir des qu'on a le droit.

─ Je t'aime Carla.

─ Je t'aime aussi petit mec.

Lise

─ J'ai envie de faire l'amour Carla.

─ Je suis là pour toi.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant