14- Carla- Le procès

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─ Levez-vous la cour va donner son verdict ! Affaire Renavi contre Lanala.

Le procès a été serré. J'ai pu limiter les dégâts, mais j'ai perdu définitivement la boulangerie. Resa a fait annuler l'indemnité qu'il me devait, au prétexte que nous travaillions tous les deux dans la boutique et que j'étais donc responsable de la ruine au même titre que lui.

J'ai rétorqué que la faillite était frauduleuse, mais personne n'a daigné m'écouter.

J'ai gardé la maison de mes parents. La maison de MES parents, j'ai eu le droit de ne pas la partager mais en échange il a gardé la boutique ! Le juge l'a suivi.

Putain ! j'ai défoncé mes poings dans un mur de rage. Tellement tout cela est injuste.

Je remarque que Resa est poussé par sa nouvelle copine, c'est elle qui veut me dépouiller, bravo la solidarité féminine.

Je n'ai pas tout perdu, j'ai obtenu une mesure d'éloignement. Il n'a pas le droit d'approcher de cinq cent mètres de la maison de mes parents et quand j'aurai un travail la mesure vaudra aussi sur mon lieu de travail. S'il le fait, il y aura un nouveau procès, avec remise en cause de l'annulation de l'indemnité de la boulangerie. Le juge a été très clair, conscient sans doute de le favoriser, mais en échange il ne veut pas la moindre vague. Je me demande si je pourrai jouer sur ce tableau pour obtenir plus ?

Je pense quelquefois à Lise, la jolie fille câline qui m'a vraiment plu. Cependant l'idée qu'elle aille avec d'autres femmes me dégoutent et j'ai réfléchi, c'est lamentable de coucher avec quelqu'un pour de l'argent. Surtout j'ai trop de souci pour l'instant pour aller conter fleurette à quelqu'un, tout cela à cause de mes parents et de Resa.

A la place de la boulangerie de mon père qu'ils ont rasé, ils ont construit un supermarché, il a dû avoir une offre juteuse pour vendre le terrain. Je me demande de combien il m'a arnaqué.

Cependant depuis ma rencontre avec Lise, je me surprends à vouloir avancer à nouveau, à espérer. Donc je vais d'abord me poser maintenant que la séparation d'avec Resa est définitive. Je vais essayer de trouver un travail et ensuite je chercherai une gentille petite nana. Je sais désormais que je suis lesbienne. Si possible il faudrait qu'elle ressemble à la poupée-coquine qui m'a plu et si elle est moins dégourdie au lit, tant pis ! Je veux une compagne tendre, aimante et fidèle, ce que Lise ne pourra jamais m'offrir.

Décidé à redémarrer, je me suis décidé à éplucher les offres d'emploi dans mon secteur. Je cherche un emploi de boulanger-pâtissier, après tout j'ai mon CAP et j'aime ce métier plus que tout. Resa va passer au rang de mauvais souvenir et la vie me parait à nouveau valoir le coup d'être vécu.

Je déchante bien vite cependant, pas moyen de trouver un poste de boulanger. Les employeurs ne me reçoivent même pas et quand je me renseigne, les postes sont toujours pris, c'est à hurler ! tout cela car je suis une femme !

Il y en a un... qui me propose un poste en caisse. Non mais il se fout de ma gueule j'ai une tête à tenir une caisse ! J'ai rêvé de lui mettre un coup de boule.

En désespoir de cause, j'ai accepté un job de boulanger dans des cuisines industrielles. Il faut que j'aille de l'avant, pour revivre et peut être qu'un jour avec Lise ...

Mon boulot est nul, je suis juste chargé de la cuisson des pains, j'assure une présence humaine. Ce sont les machines qui pétrissent et forment les milliers de pains et baguettes produits chaque jour. Par contre les horaires me conviennent bien, même s'ils conviendraient à peu de personne, c'est sans doute pour cela que j'ai décroché le job. Je bosse de trois heures du matin à dix heures. Je m'étiole dans mon travail, mais j'ai énormément de temps pour faire du sport.

Les nuits je rêve d'elle parfois.

Mes copines constatent que je vais mieux quand je recommence à jardiner.

─ Ta maison est rangée ! remarquent les filles venues faire un barbecue.

─ En même temps elle est vide, tempère Claire.

Lise et Carla [GL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant