« L'aventure commence là où se termine la zone de confort. »
Leurs pas résonnaient à peine sur le pavé de la rue. À la lueur de la lampe de poche, ils se dirigèrent vers une maison en parpaing, discrète parmi les autres du quartier. La façade, sans ornements, révélait une structure solide et fonctionnelle, avec des fenêtres en bois.
À l'intérieur, la lumière de la torche éclaira les murs aux tons neutres. Le salon spacieux était meublé de manière pratique et la cuisine sans luxe, invitait à la préparation de repas chaleureux. Les chambres offraient des espaces accueillants, avec des murs nus et des placards prêts à être remplis. Ils explorèrent davantage la maison devenant désormais leurs chez eux.
Le lendemain matin, Houda se réveilla avec les yeux encore lourds de sommeil. Elle s'étira avant de quitter sa chambre. L'odeur de l'infusion traditionnelle flottait dans l'air et la guida vers la cuisine, où sa mère préparait déjà le petit déjeuner. Le cliquetis des ustensiles se mêlait à l'arôme du thé et du pain chaud posé sur la table.
__ Il reste quoi à faire ? demanda-t-elle.
__ Coupe les oignons, pendant que ton père nous ramène les œufs, répondit sa mère sans lever les yeux.
La famille se réunit autour de la table. Après le repas, les quatre sœurs se préparèrent pour découvrir leur nouveau quartier. Zam-Zam ouvrit la porte d'entrée et elles s'élancèrent dans la rue. Les ruelles étroites, bordées de petites boutiques et d'ateliers, s'offriraient à leurs yeux curieux. Des notes de musique et des bribes de conversations leur parvinrent. La langue locale différait de celle de Ngazidja. Bien que leurs parents aient l'habitude de la parler, les sœurs répondaient en shingazidja et avaient des difficultés à communiquer dans leur propre langue.
Les passants les regardaient, intrigués, tandis qu'elles flânaient dans le quartier de Hantsimbo. Une vieille dame les aborda en Shindzuani. Elles échangèrent un regard et l'aînée répondirent avec un sourire timide, essayant de comprendre et de se faire comprendre.
Après un bref échange, elles firent leurs adieux et reprirent leur chemin, en suivant la route principale jusqu'à un carrefour, sans indication claire.
Un homme, remarquant leur air perdu, s'approcha d'elles. Malgré leur difficulté à communiquer le dialecte local, il comprit qu'elles étaient en quête d'un chemin.
___ Vous vous rendez où ?
Les jeunes filles, réalisant qu'elles n'avaient pas vraiment de destination en tête, s'adressèrent des regards interrogateurs. Comprenant leurs confusion, l'homme réfléchit à la meilleure manière de les orienter. Puis une idée lui vint à l'esprit.
__ Quelle est le nom de votre père ? Questionna-t-il en français cette fois-ci. Dans la ville de Domoni presque tout le monde se connaissait et les liens familiaux étaient souvent une piste pour reconnaître les gens.
__ Il s'appel Mahmoud Zakaria. Répondit Nasma.
__ Oh mon Dieu, mais vous êtes comme mes enfants !! S'extasia-t-il. Votre père est mon cousin paternel, sa mère est Fatima Daoud, qui est la sœur de ma mère.
Les quatre sœurs hochèrent la tête par respect.
__ Mon nom est Houmadi, dit-il après un long discours explicatif, qui compliquèrent davantage leurs compréhension. Venez je vais vous montrez chez moi.
Il s'arrêta devant une maison bleue ciel. La porte s'ouvrit, révélant une fillette et un petit garçon jouant avec des boîtes de sardines. Leurs yeux s'élargirent d'étonnement et ils cessèrent de jouer. Houmadi présenta fièrement sa famille à ses invités, dévoilant leurs noms avec un sourire affectueux.
__ Soudaïs, amène tes cousines visiter les environs.
Soudaïs, un garçon de douze ans, accepte avec enthousiasme. Ensemble, ils traversèrent les rues animées de Domoni. Les bruits du marché attirèrent leur attention avec des étals de divers produits alimentaires et de viande frais.
Après quoi, il les conduisit dans le quartier de Bandragnombé, réputé pour son aménagement soigné. Leur guide les emmena au CLAC, un centre de lecture dont le parfum des livres évoquait à Houda, des beaux souvenirs de la bibliothèque d'Alliance. La jeune femme se remémora la plage voisine et ses rochers imposants, un lieu où elle aimait réfléchir.
Elle attrapa une bande dessinée écrite Aya de Yopougon et s'assit pour la feuilleter.
__ Désolée de te déranger, mais je cherchais justement cette BD. C'est la suite de celle-ci, dit Mounia, en montrant un autre tome. Tu veux lire avec moi ?
Houda, surprise mais contente de partager ce moment, la posa sur la table. Une heure plus tard, elles étaient assises côte à côte, échangeant leurs personnages et leurs moments préférés. Leurs yeux brillaient d'excitation en parlant de leurs auteurs et livres favoris. Une vraie connexion se créait.
__ C'est fou de rencontrer quelqu'un ici qui aime autant lire ! Tu as un genre préféré ?
__ La science-fiction, absolument. Et toi ?
__ Pareil, mais je suis aussi fan de théâtre ! Vous connaissez Indiana Teller ?
__ Oui ! Je l'ai dévoré, répondit Houda avec enthousiasme. Et avant que j'oublie, je te recommande Une si longue lettre de Mariama Bâ, c'est une pépite. À moins que tu ne l'aies déjà lu ?
Nasma intervint, chuchotant qu'il était temps de partir. Houda prit le numéro de Mounia, et les deux filles quittèrent la bibliothèque, chacune tenant un livre sous le bras.
Sur le chemin du retour, Soudaïs les mena devant une villa majestueuse. Il leur expliqua qu'elle avait autrefois appartenu au père de l'indépendance, Ahmed Abdallah Abderemane. À côté, une mosquée imposante se dressait. En quittant ce lieu chargé d'histoire, Houda aperçut un homme en qamis blanc, en pleine conversation avec un vieux monsieur. Il avait la peau noire, une petite barbe soignée et sa voix calme attira son attention.
Intriguée, elle se tourna vers Soudaïs.
__ Qui est-ce ?
__ C'est Fayal, répondit-il simplement.
Tout en avançant, Houda détourna lentement son regard, fascinée par l'homme, mais elle continue son chemin, le cœur légèrement troublé.
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Un Coup du Destin
Teen FictionContrainte de vivre à Anjouan dans l'espoir de racheter ses erreurs, Houda est prise entre les devoirs familiaux et la honte. Face à une série d'épreuves, la jeune femme doit affronter ses peurs. Toutefois, lorsqu'elle semble enfin trouver un certai...