Un Coup du Destin

Chapitre 30 🌙

« Le temps guérit, mais il ne remplace jamais ce qui a été perdu. »

Houda commença à lui donner des cours, au départ, elle semblait peu intéressée. Cependant, au fil du temps, elle remarqua une ouverture progressive chez l'enfant. La petite commença à répondre aux questions et à faire les exercices, montrant qu'elle avait juste besoin de répétition pour bien assimiler les leçons. Lors de leurs séances, Yazda lui confia à qu'elle détestait aller en classe à cause des moqueries des autres enfants. Houda ressentit de la compassion, réalisant à quel point il était difficile d'être un enfant dans un environnement où l'on se sent jugé.

En sept mois, elle s'était bien adaptée, renouant avec son passé et commençant à voir les choses différemment. Elle acceptait peu à peu les événements qui l'avaient marquée. Mais, l'angoisse continuait de peser sur elle. Son ex, qui l'avait menacée avant son départ, restait une présence inquiétante dans son esprit.

De bon matin, Houda se réveilla pour se rendre au marché pour acheter de la farine de manioc pour préparer un nkima, une purée qu'elle accompagnerait de poisson épicé au lait de coco. Ce plat, dont sa sœur, qui avait accouché quatre mois plus tôt, n'arrêtait pas de parler, lui permettait de se

___ Houda ! Noon, c'est vraiment toi ?

___ En chair et en os, Ismael.

___ J'ai failli ne pas te reconnaître. Mais où sont passés tes habits, les collants et les hauts à manches courtes ?

___ En décomposition... Ismael, toi, tu as beaucoup changé depuis la dernière fois. Où est passé le beau gosse ?

___ Moi-même je me le demande. Où est passé l'Ismael aux abdos de fer et au sourire éclatant... actuellement aux oubliettes. C'est ma femme qui a porté le bébé et c'est moi qui ai pris du poids. Hummm, vous les femmes...

___ Nous les femmes quoi ? Qui t'a forcé à manger jusqu'à devenir une version obsolète de toi-même.

Ismael ria à gorge déployée.

___ Tu n'as pas perdu ton humour... Mais pour répondre à ta question, c'est entièrement la faute de mon épouse. Elle cuisine si bien que je me retrouve à tester toutes ses recettes. Je ne peux pas dire non à ses plats, même si je sais que ça me rendra obèse.

___ Ah, je vois. Et comment va ta petite famille ?

___ Ils vont bien. La petite a déjà trois mois et elle commence à faire ses nuits, ce qui est un vrai soulagement. Ma femme est une super maman, mais je dois avouer que je suis un peu jaloux de l'attention qu'elle lui donne. Et toi, qu'est-ce que tu deviens ?

___ Eh bien, je donne des cours à une petite fille du quartier. En fait, je profite aussi pour passer des vacances ici avant de retourner à Anjouan.

___ Je comprends. Profite bien de ce temps. Et surtout, prends soin de toi !

Houda sourit, heureuse de retrouver un ami et de discuter comme au bon vieux temps. Après un échange de nouvelles, elle regagna le domicile avec un sentiment de nostalgie.

Ensuite, elle se mit à préparer le nkima. Elle attendit que l'eau arrive à ébullition avant d'ajouter progressivement la farine de manioc tout en remuant régulièrement, jusqu'à obtenir une pâte uniforme et souple. Ensuite, elle passa à la préparation du curry de poisson au lait de coco.

Deux heures plus tard, après avoir fini de manger, Houda s'apprêtait à se débarrasser de ses assiettes lorsque son téléphone sonna.

___ Houda, c'est ta mère.

Houda esquissa un sourire, habituée à entendre sa mère commencer ses appels de cette manière, mais elle remarqua aussitôt l'inquiétude dans sa voix.