Un Coup du Destin

Chapitre 12 🌙

« Les vérités les plus dures sont celles que l'on porte en soi, jusqu'à ce qu'elles deviennent trop lourdes pour être cachées. »

Zam-Zam était confortablement installée dans le salon, un livre entre les mains. Un éclat de rire spontané s'échappa de sa bouche tandis qu'elle lisait les dialogues hilarantes des personnages. Peu de temps après, elle fut tirée dans sa lecture par un bruit étouffé qui provenait de la chambre de sa mère. Intriguée, sa curiosité naturelle prit le dessus. L'humour fut brusquement remplacé par l'inquiétude lorsque son père sortit comme un furet.

Sans hésiter, elle se dirigea vers la porte de la chambre de ses parents. Doucement, elle demanda la permission d'entrer. À l'intérieur, elle vit sa mère, le visage caché dans ses mains.

___ Maman ?

Elle redressa lentement la tête.

___ C'est.. c'est ta sœur... Nasma est à l'hôpital. répondit-elle d'une voix fébrile.

Son estomac se noua.

___ Elle a quoi ? demanda-t-elle, sa propre voix trahissant son anxiété.

Sa mère secoua la tête, une expression d'impuissance sur le visage.

___ On l'ignore. Houda n'en sait pas plus.

Elle garda le silence, le temps pour digérer la nouvelle. Ses yeux se posèrent sur sa mère, et pour la première fois, elle réalisa à quel point le temps avait laissé sa marque sur elle au cours de ces trois dernières années. Les rides sur le visage de sa mère témoignaient les épreuves auxquelles elle avait dû faire face depuis leur arrivée à Anjouan.

Sans plus attendre, Zam-Zam saisit son téléphone, ses doigts tremblaient alors qu'elle composait le numéro de sa sœur aînée. Enfin, après plusieurs sonneries, sa voix familière répondit à l'autre bout du fil, mais le ton était faible.

__ Qu'est-ce qui se passe avec Nasma, Houda ? demanda-t-elle précipitamment.

___ Elle a une blessure sur le front, expliqua-t-elle d'une voix précipitée, les bruits de l'hôpital en arrière-plan. Reste calme et rassure aux parents qu'elle est hors de danger.

___ Oui.

___ Je te laisse.

Houda mit fin à l'appel aussitôt dit.

Zam-Zam se tourna vers sa mère pour lui annoncer que leur sœur était maintenant hors de danger. Ensuite, elle monta l'escalier avec une certaine hâte, se dirigeant vers sa chambre à l'étage pour se préparer à se rendre à l'hôpital. Avant de partir, elle prit quelques minutes pour appeler Karima et lui expliquer la situation. Elle lui répondit immédiatement qu'elle se rendrait aussi dès que possible.

En passant devant sa porte, une vague de tristesse l'envahit. Elle ne put s'empêcher de ressentir une profonde peine pour ses sœurs, autrefois si proches, devenir des parfaites inconnues. Leur complicité à tous les quatre lui manquait énormément et elle se sentait déchirée par cette distance qui s'était installée entre eux.

Dans sa famille, elle était réputée pour être la fille qui s'en foutait, celle qui riait de tout. Mais elle savait que cette image de légèreté ne définissait pas entièrement qui elle était vraiment. Derrière son apparence joyeuse et enfantine se cachait une fille trop sensible, souvent en proie au doute et au manque de confiance en soi.