« Le véritable amour se révèle souvent dans les épreuves que l'on traverse ensemble. »
Il s'était déjà écoulé une semaine depuis le début des festivités du grand mariage. Sous un ciel étoilé, un cortège multicolore prenait forme en direction de l'estrade magnifiquement décorée. Hommes, femmes, et même les plus jeunes, tous revêtus de leurs plus beaux habits, gravissèrent les escaliers, leurs mains chargées d'argent et leurs pas s'harmonisaient parfaitement avec la mélodie enjouée.
Karima, dans sa gaouni (robe Anjouanaise ) cousue à l'anjouannaise, rayonnait de bonheur. Elle était enveloppée dans un tissu chatoyant aux motifs raffinés, parée d'or des mains à la tête. Son visage brillait de mille feux grâce à ses bijoux, et les bracelets à ses poignets émettaient un doux tintement à chacun de ses gestes. Sur sa chevelure ténébreuse, de délicates fleurs de jasmin avaient été posées avec finesse, apportant une note de fraîcheur et d'élégance à sa beauté naturelle. Quant à son époux, il portait un couvre-chef classique, le dénommé « Kemba ». Le tissu, drapé avec habileté, mettait en valeur la prestance de l'homme qui le portait. Sa présence affirmée et son sourire chaleureux reflétaient la joie d'un homme pleinement comblé. Côte à côte, ils suivaient dignement la cadence de la cérémonie.
Les notes de la musique traditionnelle planaient dans l'air, emplissant toute l'espace. La soirée se prolongea jusqu'à 20 heures, marquée par la distribution de sacs de friandises. Ensuite, les jeunes mariés montèrent dans une voiture décorée, acclamés par leurs proches alors qu'ils s'éloignaient.
Malik s'installa chez son épouse après le mariage, conformément à la coutume ancestrale de l'île. Mais petit à petit, un sentiment d'intimité se fit cruellement rare. Ils vécurent sous le toit familial, se trouvant souvent privés des moments précieux de solitude qu'on attendait dans les débuts du mariage. Leur vie privée se perdit dans le brouhaha familial, et avec le temps, cette absence commença à peser sur leur relation. Les rires joyeux qui animaient autrefois sa vie conjugale furent remplacés par des silences lourds de significations. Par conséquent, la situation prit un autre tournant avec l'arrivée imminente d'un futur membre dans la famille.
Karima, qui était très proche de ses sœurs, se retrouva désormais isolée, submergée par les difficultés de sa grossesse. Les tensions avec Malik s'intensifièrent, provoquant disputes et silences très tendus. Les regards devenaient évitants et les gestes d'affection se raréfiait.
Tard dans la soirée, Malik se trouvait devant son ordinateur, totalement absorbé dans la révision de son curriculum vitae. Une occasion exceptionnelle s'était présentée : la Meck Moroni recherchait un professionnel compétent et il correspondait parfaitement au profil. Les touches du clavier résonnaient dans le silence de la chambre.
Il était conscient de la souffrance que son épouse endurait pour lui donner un enfant et c'est précisément pour cela qu'il était prêt à mettre son amour-propre de côté. Une discussion sérieuse devint essentielle et la communication était vitale dans ce contexte. Il se souvint de cette nuit-là, où Karima lui avait déclaré qu'elle renonçait à lui en faveur de sa grande sœur. Cependant, le lendemain, il fut surpris d'entendre Houda au téléphone, la suppliant d'aller expliquer la situation à ses parents au sujet de sa relation avec sa cadette. Lorsqu'il vit Karima ce jour-là, les yeux rougis, son cœur se serra. À présent, il était prêt à faire des compromis, même à changer d'environnement pour retrouver leur complicité.
* *
*Depuis quelques jours, Karima avait commencé à ressentir une légère douleur à l'abdomen qu'elle négligea, la considérant comme des maux de grossesse habituels. Cependant, au fil des jours, cette douleur mineure se transforma en un gêne persistante, jusqu'à ce qu'elle réalisa qu'il s'agissait des contractions. Les nuits étaient devenues particulièrement difficiles, la douleur s'intensifiant lorsque le monde extérieur se taisait.
Les insomnies se succédaient, transformant son lit autrefois paisible en un champ de bataille où elle luttait contre la douleur. Chaque tentative de trouver une position confortable se soldait par une frustrante . Elle ressentait désormais le poids du petit être en bas de son bassin, une sensation profonde qui marquait les dernières étapes de sa grossesse. Chaque coup devenait un rappel tangible de la vie qui grandissait en elle. Les heures de la nuit s'avérait interminables, ponctuées par des contractions régulières qui la rapprochaient inexorablement du moment fatidique.
Karima se leva difficilement de son lit, contrainte par la pression de sa vessie, une charge courante pour une femme en fin de grossesse. La lueur tamisée de la lampe de poche projeta une faible lumière sur le chemin menant aux toilettes. Ses pas étaient hésitants, le poids de sa grossesse entravant chaque mouvement. Toutefois, en avançant, elle ne prêta aucune attention aux signes évidents d'une petite flaque d'eau à ses pieds, mouillant ses claquettes pourpres. Elle continua sans se méfier, focalisée uniquement sur le soulagement imminent que la salle de bains lui apporterait.
Mais le destin en avait décidé autrement.
Son pied glissa sur la surface humide et dans un instant terrifiant, elle perdit l'équilibre. Un cri étouffé s'échappa de ses lèvres alors qu'elle basculait en avant, ses bras s'agitant dans un geste instinctif pour tenter de se rattraper à quelque chose, mais tout était trop tard. Le choc sourd résonna dans la pièce lorsque son ventre heurta le sol froid et dur.
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Un Coup du Destin
Teen FictionContrainte de vivre à Anjouan dans l'espoir de racheter ses erreurs, Houda est prise entre les devoirs familiaux et la honte. Face à une série d'épreuves, la jeune femme doit affronter ses peurs. Toutefois, lorsqu'elle semble enfin trouver un certai...