Chapitre 10 🌙

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« En ce monde, nous sommes des passagères; la véritable demeure est auprès de Dieu. »

Mahmoud franchit le seuil de la chambre où reposait sa belle-mère, enveloppée de la tête aux pieds dans un linceul blanc immaculé. Levant les mains vers le ciel, il entama une prière fervente, implorant la miséricorde divine pour l'âme de la défunte. Ses paroles empreintes de foi résonnaient dans la pièce silencieuse, accompagnées du doux murmure des versets coraniques qu'il récitait avec dévotion.

Après avoir récité les saintes paroles, il porta son regard sur la figure paisible de sa belle-mère, plongeant dans une méditation silencieuse.

___ C'est à Allah que nous appartenons, et c'est à Lui que nous retournerons, murmura-t-il, des larmes perlant au coin de ses yeux.

Ces mots sacrés, prononcés avec solennité, rappelaient la réalité inéluctable de la mort, une certitude qu'Allah avait affirmée. Dans le silence de ses pensées, il médita sur la réalité de cette vie transitoire, sur la manière dont chaque âme, indépendamment de sa richesse ou de sa pauvreté, de son statut social ou de son origine, était destinée à retourner à la source divine.

Les préparatifs pour les funérailles de sa belle-mère étaient en cours, orchestrés avec soin par les proches et les membres de la famille. Mahmoud, le cœur lourd, coordonnait les détails du service funèbre car la défunte n'avait pas de fils et ses frères étaient tous décédés.

La mosquée locale, aux majestueux minarets, se tint prête à accueillir la prière funéraire dite Salat al-Janazah. La nouvelle de la perte s'était répandue rapidement, rassemblant une foule de proches, d'amis et de voisins, tous venus exprimer leur soutien.

La belle-maman reposa dans un cercueil sobre, conforme aux traditions islamiques, prête à être transportée à sa dernière demeure. Une procession funéraire se forma alors, emmenant la dépouille à la mosquée locale. Mahmoud, accompagné d'autres membres de la famille, porta respectueusement le cercueil jusqu'à la mosquée, où l'imam dirigea la prière funéraire. Les paroles sacrées résonnèrent dans l'enceinte de la mosquée, unissant les participants dans un moment de recueillement et de prière pour le repos de l'âme de la défunte.

Après la prière, le cortège mortuaire se dirigea vers le cimetière, où le corps fut déposé dans la tombe préparée.

Mahmoud, dont la barbe mêlée de blanc et de noir contrastait avec sa peau sombre, descendit lentement le corps dans la fosse, accompagné de proches. Son qamis amples ne parvenait pas à cacher sa maigreur, et ses pommettes creuses accentuaient la profondeur de son regard.

Les pelles se mirent alors à travailler, le bruit sec du métal frappant la terre résonnait dans le silence solennel. Les grains de terre glissaient, recouvrant progressivement le cercueil,

Des prières et des bénédictions furent récitées, les larmes coulaient librement, exprimant la tristesse et le deuil de la communauté. Les gens se dispersèrent lentement, laissant Mahmoud et sa famille se recueillir auprès de la tombe fraîchement recouverte.

Plusieurs minutes plus tard, Mahmoud revint du cimetière et se dirigea vers la chambre où reposait sa femme, Habiba, alitée avec un cathéter et un sérum qui s'écoulait.

___ Tu peux aller, dit-il à sa dernière fille qui sorta de la chambre.

Mahmoud scruta sa femme, puis déposa un doux baiser sur son front.

___ Je t'aime, mon épouse, murmura-t-il tendrement.

Habiba, en guise de réponse, posa doucement sa main sur la jambe de son époux, exprimant ainsi un amour qui transcendait les mots.

* *
*

La chaleur du jour déclinait lentement, laissant place à la fraîcheur apaisante de la tombée de la nuit. Le ciel s'embrasait de teintes chaudes avant de se plonger dans l'obscurité. Mahmoud rassembla ses quatre filles dans le patio de la modeste maison, éclairé par la lueur tamisée des lampes à huile. Les ombres dansaient doucement sur les tôles.

Ses filles affichèrent des visages marqués par l'inquiétude.

Mahmoud serrait ses mains en poing, leurs callosités marquées par des années de travail manuel et les épreuves de la vie. Il prit la parole d'une voix rassurante, ses yeux fatigués par les événements.

___ Demain matin, mes filles, vous partirez pour Domoni. Votre mère n'est pas en état de prendre le bus, et nous ne pouvons pas non plus vous attardez ici. Je vais rester avec elle.

Les filles baissèrent les yeux, comprenant la gravité de la situation.

___ Houda, dit Mahmoud en se tournant vers l'aînée, dis à Abou que je ne peux pas venir à l'atelier demain. Qu'il commence à travailler sans moi et explique-lui pourquoi...Quant à toi, Karima, utilise l'argent que ton mari t'a envoyé pour vos besoin en attendant. J'espère que tu pourras bientôt le rejoindre à Ngazidja.

Mahmoud s'adressa ensuite à toutes ses filles. Son regard passant de l'une à l'autre.

___ Ne faites pas de bêtises en notre absence. Vous êtes les piliers de cette famille, et je compte sur vous pour veiller les unes sur les autres.

Un Coup du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant