Chapitre 4

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« Les retrouvailles sont des moments où le passé rencontre le présent. »

Habiba était très impatiente de retrouver sa famille à Moya, sa ville native. La dernière fois qu'elle l'avait quitté, elle était une belle femme fraîchement mariée. De retour aujourd'hui, le temps avait laissé sa marque : des rides profondes, des veines visibles sur le dos de ses mains, et une peau relâchée sur ses avant-bras. La pensée de retrouver sa mère remplissait son cœur de bonheur. Pendant des mois, chaque appel à sa sœur s'était soldé par une excuse : « Maman dort » ou « Elle est occupée ». Mais aujourd'hui, plus rien ne la retenait.

À présent, sur le point de la revoir, sa présence lui ayant grandement manqué, comme un bébé. Quoi qu'il en soit, aux yeux d'une mère, son enfant restera à jamais petit, quand bien même celui-ci devint parent à son tour.

Le taxi avançait le long de la route jusqu'à atteindre le célèbre tunnel de Moya. L'intérieur était plongé dans l'obscurité totale. À la sortie, la lumière du jour inonda soudainement l'environnement, dispersant l'obscurité. Les rues étaient désormais baignées de lumière, révélant des bâtiments et des rues goudronnées. Le véhicule s'arrêta à mi-chemin, comme elle l'avait demandé.

Après, elle prit la route vers son domicile tout près de la plage. En évoquant la plage, elle se remémora le sable doré, l'endroit où les gens se réunissaient pour griller des mets délicieux. Elle se souvint des jours où elle se baignait avec sa petite sœur et leurs amies, une époque révolue mais chère à son cœur.

Une fois parcouru tout le chemin, Habiba s'arrêta et toqua sur la porte en tôle en attendant patiemment. Par la suite, la voix de Dalila l'invita à entrer. Elle sourit en anticipant la réaction de sa cadette, ne l'ayant pas prévenue de sa visite. Lorsque cette dernière la remarqua, elle se leva d'un bond et accourut vers elle en poussant un cri de joie.

___ Quelle surprise ! Pourquoi ne m'as-tu pas dit que vous venez ? J'aurais préparé quelque chose de spécial.

___ C'est ça que j'aime chez toi. Toujours prête à régaler les invités.

___ Prépare-toi, car j'ai justement un délicieux plat de poulpe qui mijote... Mais où sont les autres ? demanda-t-elle en inspectant la porte.

___ Je suis venue seule. Comme tu m'as manqué grosse tête ! Taquina -t-elle. Comment tu vas ?

___ Ça va comorien ma sœur, assis toi ?

___ En fait, je suis passée ici pour inviter la famille au mariage de l'une de mes filles, expliqua Habiba en prenant place sur un petit banc.

___ Qui va se marier ? interrogea Dalila.

___ L'aînée, Houda. Tu te rappelles d'elle ?

___ Comment l'oublier... celle qui avait failli vomir dans ma bouche.

Cette pensée la fit frémir.

___ Oui, rigolat-elle. Et où est maman ?

___ À l'intérieur,... mais attend !

Mais, Habiba écarta le rideau et l'aperçut. Elle n'était pas du tout prête à la revoir dans cet état lamentable : si mince, presque osseuse. Les contours de son visage dessinait une silhouette décharnée, les pommettes creuses. Ses yeux, jadis vibrants de vie, étaient fermés et sa bouche murmurait quelque chose d'inaudible. Elle s'approcha lentement, le cœur serré.

___ Maman.

La vieille dame resta imperméable à son appel. Sa mère n'a répondu pas. Dalila s'approche.

Un Coup du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant