Chapitre V

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Point de vue de Marie-Félicie

Je m'effondrai sur mon lit en soufflant. Mère détestait ça. Elle trouvait que ça faisait négligé. Pourtant, c'est une manie que j'avais et dont je ne souhaitais pas me débarrasser. Je ris doucement quand j'y pensai.
Cet après-midi fut pour moi l'occasion de découvrir qu'une amitié peut naître très vite.

Je roulai jusqu'à mon oreiller de plume pour fourrer ma main dessous et en ressortis la petite pochette que m'avait donné Louise-Victoire. À l'intérieur se trouvait un joli trèfle à quatre feuilles. Elle m'avait confié que sa grand-mère lui avait dit qu'il fallait l'offrir à un être cher et c'était ce qu'elle avait fait en me l'offrant comme gage d'amitié. Mes joues se colorèrent quand je me rendis compte du lien qui nous liait.

*Flashback*

Louise-Victoire était ma première amie mais je le taisais à Mère. Mère qui m'informa au dîner que la famille de Cléry était une famille respectable et que des journées comme ça ne pouvaient m'être que bénéfique. Je hochai la tête alors que je mangeais ma soupe. Mère me fit une remontrance sur le fait qu'il fallait bien se tenir à table si bien que je baissai aussitôt les miens.

*Fin du flashback*

Je remis la pochette sous mon oreiller après l'avoir serrée contre mon cœur et me relevai à présent. Je rejoignis mon armoire où je pris une robe de nuit. On toqua à ma porte.

« Entrez Henriette !

Ma gouvernante vient m'aider à enlever la jolie robe rose en satin et mousseline que j'avais mis aujourd'hui. Elle m'aida à enlever mes petites bottines blanches après les avoir délacées.

- Vous vous êtes bien amusée Mademoiselle?
- Oh oui, c'était une journée vraiment distrayante! »

Pendant qu'elle me changea, je me remémorai leur arrivée et la joie de revoir Louise-Victoire. J'avais pris ses mains dans les miennes, avec un grand sourire.

*Flashback*

« Bonjour chère amie, j'étais tellement impatiente de te revoir! »

Elle m'avait sourit jusqu'aux oreilles et m'avait complimenté sur ma tenue.
Je lui avais glissé à l'oreille que ce n'allait pas être très pratique pour les jeux et j'avais éclaté de rire, en cachant ma bouche.

Mère avait emmené le reste de sa famille au salon pour le thé et les présentations en bonne et du forme. Nous avions pris place autour de la table réservée aux enfants. Les parents de Louise-Victoire et Mère s'étaient installés dans une partie du salon qui comprenait un beau canapé et deux bergères assorties. Une table basse était accordée à ces meubles et rehaussée d'une jolie composition florale.

Louise-Victoire m'avait présentée ses sœurs et mon regard était passé de la grande Élisabeth, à sa jumelle qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, pour finir par la pétillante Césarine. Enfin, elle m'avait introduite à Alexandre, son frère aîné. Il avait enlevé son chapeau quand il était rentré dans le manoir, avant de lever les yeux pour admirer les toiles qui ornaient nos murs.

*Fin du flashback*

« Mademoiselle? Vous êtes encore dans la lune.. Puis-je vous enlever votre ruban et vous brosser les cheveux?
- Oh oui, bien sûr.»

J'allai m'asseoir à ma coiffeuse. Là, Henriette dénoua mon ruban qui maintenait ma coiffure et je m'emparai de mon beau miroir offert par Père lors de mon quatrième anniversaire, quelques jours avant sa mort le 14 avril 1822. Le dernier que nous avions passés ensemble. Je pris un air triste en repensant aux mots délicats qu'il avait eu ce jour là à mon égard. Ceux que je tenais de Mère.

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